(BFM Bourse) - La troisième major mondiale a déposé son dossier auprès de la Securities & Exchange Commission en vue d'une introduction en Bourse. Ce projet intervient un mois après la vente, par Vivendi, de 10% d'Universal Music à Tencent, dans un contexte de résurgence de l'industrie musicale, notamment grâce au streaming.
Un mastodonte de l'industrie musicale va s'introduire en Bourse. Propriété du milliardaire russo-américain Len Blavatnik, Warner Music Group (WMG) a annoncé son arrivée prochaine en Bourse dans un communiqué publié jeudi. Ni le nombre d'actions proposées au public ni la fourchette de prix n'ont encore été déterminés mais la maison d'édition de disques a déjà choisi les banques chargées de la conseiller dans le processus (Morgan Stanley, Credit Suisse et Goldman Sachs).
La major appartient au fonds Access Industries -propriété de Len Blavatnik- depuis novembre 2011, date à laquelle elle avait été rachetée à un consortium dirigé par Edgar Bronfman pour 3,3 milliards de dollars. Lui-même ayant acheté la société à ce qui était alors Time Warner Inc. (désormais WarnerMedia) en 2004 pour 2,6 milliards de dollars. Car l'origine de WMG est, comme son nom l'indique, liée à l'histoire du conglomérat américain de médias et de divertissements. En 1958, Warner Bros Pictures n'avait pas de division musicale ni de label au moment où l'un de ses acteurs vedettes de l'époque, Tab Hunter, enregistre une chanson à succès pour Dot Records, qui était la division musicale rivale de Paramount Pictures. Pour éviter que l'un de leurs acteurs n'enregistre pour une compagnie concurrente, Jack Warner avait alors créé Warner Bros Records, devenu devenu depuis Warner Music Group.
Trois groupes se partagent 80% du marché musical
La WMG fait partie des trois grands qui dominent le marché mondial de la musique, aux côtés des américains Sony Music Entertainment et d'Universal Music (80% du marché à eux trois). Ce dernier, n°1 mondial, est une filiale du géant français des médias Vivendi, qui a annoncé fin décembre avoir cédé 10% à un consortium emmené par le colosse de l'internet chinois Tencent pour 3,36 milliards d'euros, valorisant Universal plus de 33 milliards d'euros.
Après plus d'une décennie de vache maigre, notamment en raison de l'essor des téléchargements illégaux- les revenus de la musique enregistrée sont de nouveau en hausse depuis 2016, même s'ils restent en-deçà de leur pic historique de 2000. En 2018, dernière année complète pour laquelle des données sont disponibles, les recettes mondiales ont atteint 19,1 milliards de dollars sur ce marché, qui devrait renouer avec une forte croissance dans la décennie à venir selon Goldman Sachs. Les analystes de la banque américaine estiment en effet que les revenus atteindront 45 milliards de dollars d'ici 2030, principalement en raison des abonnements aux services de streaming.
Katy Perry, Madonna ou encore Metallica en catalogue
La Warner commercialise sa musique par l'intermédiaire de labels tels que Atlantic Records, Warner Records et Parlophone. Elle possède également Warner Chappell, une entreprise d'édition musicale. Alors que les labels travaillent avec des artistes, les éditeurs représentent les auteurs de chansons. Parmi les auteurs de chansons publiés par le groupe figurent notamment Lizzo, Ed Sheeran, Katy Perry, Madonna ou encore Metallica, Coldplay et David Guetta.
Pour son exercice 2018-2019, clos le 30 septembre dernier, WMG a enregistré un chiffre d'affaires de 4,5 milliards de dollars (+12% sur un an) et dégagé un bénéfice net de 258 millions de dollars (-17%).
Depuis quelques années, les investisseurs privés paient des prix bien plus élevés qu'auparavant pour les maisons de disques et les maisons d'édition, misant sur une longue reprise de l'industrie. Mais ces opportunités d'investissements ont été rares, à l'exception notable de l'introduction en Bourse du géant suédois du streaming Spotify en mai 2018.
"En regardant vers l'avenir", a déclaré Warner Music, "nous pensons que l'univers des opportunités continuera à s'étendre, notamment via la prolifération de nouveaux appareils tels que les haut-parleurs intelligents et la monétisation de la musique sur les médias sociaux et autres plateformes".