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Le géant de la fast fashion Shein va-t-il se relocaliser en Chine pour amadouer Pékin et obtenir le feu vert à son introduction en Bourse?

mardi 19 août 2025 à 10h36
Shein joue son va-tout

(BFM Bourse) - Après avoir essuyé un refus pour entrer sur la cote à Londres, le groupe chinois réfléchirait, selon Bloomberg, à ramener son siège social de Singapour vers la Chine pour que Pékin valide son introduction à Hong Kong.

Relocaliser des forces vives dans son pays d'origine pour s'attirer les bonnes grâces du gouvernement. Nombre d’entreprises américaines (comme Apple ou General Motors) ont récemment pris des décisions de ce type pour contenter l'administration Trump.

Shein, de son côté, songe à revenir en Chine continentale pour montrer patte blanche auprès des autorités chinoises.

Selon Bloomberg, le spécialiste de la "fast-fashion" - la production ultra-rapide de nouvelles collections - envisagerait de relocaliser son siège, situé depuis 2021 à Singapour, en Chine et ce, dans le but d'obtenir de Pékin un feu vert à son projet d'introduction sur la Bourse de Hong Kong.

Les bénéfices de la société pourraient alors être taxés localement, ce qui serait vu d'un bon œil par les autorités chinoises. Et Pékin pourrait aussi surveiller avec un contrôle accru la gigantesque base de données de Shein.

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Une arlésienne

L'agence de presse rapporte que la société a consulté des avocats pour mener cette relocalisation, citant des sources proches du dossier. Le schéma à l'étude pourrait passer par la création d'une société mère qui serait basée en Chine continentale. Interrogée par Bloomberg, l'entreprise n'a pas souhaité commenter ces informations.

Le projet d'introduction en Bourse de Shein, sur lequel peu d'annonces et de commentaires officiels de la part de la société ont circulé, ressemble de plus en plus à une arlésienne. Les premiers bruits de couloirs sur cette potentielle opération datent d'il y a plus de deux ans. Depuis, ce projet ne s'est toujours pas concrétisé.

Selon plusieurs médias, Shein avait précédemment envisagé de s'introduire à la Bourse de New York avant de changer une première fois de cap vers Londres. Selon CNBC, le groupe chinois avait alors dû faire face aux doutes et à la circonspection des autorités réglementaires américaines.

Shein a ensuite obtenu en mars dernier les autorisations de la Financial Conduct Authority (FCA), le gendarme britannique de la Bourse, pour pouvoir entrer sur la cote londonienne. Mais le feu vert de la Commission chinoise de régulation des valeurs mobilières (CSRC) n'est lui jamais venu. Ce qui a encore poussé la société à revoir ses plans en mai pour s'introduire, cette fois, à Hong Kong, selon Reuters.

Même si Shein comptait s'introduire à l'étranger, le groupe devait passer sous les fourches caudines des autorités chinoises, car la CSR impose un processus de validation avant toute cotation aux sociétés ayant un lien important avec la Chine, mêmes celles non basées dans le pays.

Une valorisation déprimée

Shein semble quelque peu jouer son va-tout pour finir par s'introduire en Bourse, alors que sa valorisation a, a priori, fondu. Une levée de fonds réalisée en 2022 évaluait la société autour de 100 milliards de dollars, selon plusieurs médias américains. D'après des informations de presse, ses actionnaires avaient fait pression en février dernier pour que la société baisse sa valorisation cible à 30 milliards de dollars, de sorte à faciliter son introduction prévue alors à Londres.

Avec son modèle proposant des vêtements à prix cassés, Shein a pourtant connu une hyper-croissance ces dernières années. Dans une note publiée en février, Royal Bank of Canada estimait que le groupe chinois avait plus que triplé ses ventes mondiales depuis 2021, avec une proportion très importante aux États-Unis (environ 30%).

"Leurs avantages concurrentiels (Shein et le groupe de e-commerce Temu, NDLR) comprennent des prix bas et des algorithmes puissants, et ils ont été très efficaces pour attirer de nouveaux clients sur les réseaux sociaux et en utilisant une forte proportion de marketing de recherche payant. Shein compte parmi les marques de mode les plus suivies sur les réseaux sociaux", développait la banque canadienne.

Toutefois, comme d'autres sociétés chinoises d'e-commerce, Shein a été grandement frappée en mai par l'imposition de surtaxes douanières américaines sur les colis d'une valeur inférieure à 800 dollars.

Les pratiques commerciales de la société ont par ailleurs fait l'objet de plusieurs investigations. En France, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a infligé une amende de 40 millions d'euros au groupe en juillet dernier. Des enquêtes ont également été ouvertes en Belgique, en Irlande et aux Pays-Bas.

La Commission européenne a, elle, engagé fin mai une action contre le groupe chinois demandant à la société de mettre fin à plusieurs "pratiques trompeuses ou abusives" envers les consommateurs européens.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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