(BFM Bourse) - Le constructeur automobile allemand premium a une nouvelle fois abaissé ses prévisions pour l'année en cours, en raison de son revirement stratégique dans l'éléctrique. Les déboires de Porsche se répercutent sur sa maison-mère Volkswagen.
"La fête que nous avons célébrée dans l'industrie automobile pendant des décennies est terminée sous sa forme actuelle", avait déclaré lors du salon automobile de Munich, Oliver Blume, président du directoire de Volkswagen, le plus grand constructeur européen, et de sa division de luxe Porsche.
Entre demande en berne en Chine et les droits de douane américains, le secteur automobile navigue en eaux troubles. Dont Porsche qui a abaissé fin juillet ses perspectives annuelles de rentabilité en raison des droits de douane américains, mais aussi en raison de la faiblesse du marché chinois, et d'une difficile transition de sa gamme vers les voitures électriques.
Pour rependre les termes de son dirigeant, Porsche est "pris en sandwich" entre ces différentes forces adverses.
Cet étau est si puissant que le groupe automobile premium a déclaré vendredi 19 septembre après la clôture des marchés européens avoir procédé à une réorientation stratégique qui viendra peser sur ses comptes.
Volte-face sur l’électrique
Porsche a expliqué repousser le calendrier de lancement de ses véhicules électriques, et se concentrer de nouveaux modèles à moteurs thermiques et hybrides. "Nous constatons des changements massifs dans l'environnement automobile", a déclaré Oliver Blume, PDG de Porsche et de Volkswagen, citant une nette baisse de la demande de véhicules électriques, et une faiblesse du marché du luxe en Chine.
Au premier semestre, le constructeur automobile premium allemand avait par exemple annoncé une chute des livraisons de véhicules électriques en Chine de 28% sur un an.
La volte-face de Porsche dans l'électrique va peser sur son bénéfice d'exploitation à hauteur de 1,8 milliard d'euros en 2025. Une charge qui l'amène à abaisser une nouvelle fois ses perspectives annuelles. Pour l'année en cours, Porsche AG table sur une marge opérationnelle "jusqu'à 2%" contre une précédente prévision de 5% à 7%.
Cet abaissement "implique une révision à la baisse du consensus d’Ebit (résultat opérationnel) 2025 d'environ 70%", ajoutent les analyste d'Oddo BHF.
Porsche table aussi sur des ventes comprises entre 37 et 38 milliards d'euros, et une marge d'exploitation automobile comprise entre 10,5% et 12,5% contre une prévision précédente de 14,5% à 16,5%.
"Un nouveau warning (avertissement) (le 3ème cette année) qui illustre la profonde rupture que traverse le groupe et les pressions de toute part auxquelles il fait face. Ce warning cristallise en outre nos craintes par rapport au risque d’exécution associé aux modifications du plan produit, un exercice risqué, coûteux, et qui pourrait, selon nous, toujours réserver de mauvaises surprises (cf les multiples retards sur les produits/plateformes du groupe ces dernières années)", tient à avertir Oddo BHF.
Évincé du DAX
Les difficultés de Porsche remontent par capillarité aussi vers Volkswagen, qui détient plus de 75% de sa filiale. La maison-mère de Porsche a ainsi déclaré que cette volte-face pèsera pour 5,1 milliards d'euros sur son résultat opérationnel, ramenant la marge opérationnelle des ventes à entre 2 et 3 %, contre 4 à 5% auparavant.
Ces annonces sont logiquement sanctionnées par les investisseurs, le titre Porsche AG perdant 7% ce lundi 22 septembre, tandis que Volkswagen, chute 6,8% à la Bourse de Francfort.
Porsche entraîne dans son sillage les autres constructeurs automobiles cotés en Allemagne. Mercredes-Benz cède 2,9%, BMW baisse de 2,45%. A Paris, Stellantis se contracte de 3,2%, Renault contient son recul à 0,5%.
Hasard du calendrier, Porsche ne fait plus partie depuis ce lundi du DAX, l'indice vedette de la Bourse de Francfort. Cette éviction témoigne des graves difficultés rencontrées par le groupe automobile allemand, depuis son entrée en Bourse il y a trois ans.
Introduit en grande pompe à la Bourse de Francfort en 2022 au prix de 82,5 euros, Porsche AG a depuis connu une douloureuse sortie de route. Le constructeur allemand premium et filiale de Volkswagen évolue actuellement autour de 40 euros l'action, soit plus de 50% de moins que son cours d'introduction. La communication de l'entreprise, ne va guère aider à redorer son blason boursier...