(BFM Bourse) - Le groupe helvétique a vu sa croissance bondir de 22% hors effets de changes au titre du dernier trimestre de son exercice 2022-2023, surpassant largement les prévisions des analystes.
Si les valeurs françaises du luxe ont montré tout leur éclat – LVMH en particulier – au cours de cette saison des résultats, le suisse Richemont n'est pas en reste, loin de là.
La société qui compte parmi ses marques Van Cleef & Arpels, Cartier ou encore Piaget, a explosé les attentes sur le dernier trimestre de son exercice 2022-2023, clos en mars dernier.
Sur la période, la société a dégagé des revenus de 4,87 milliards d'euros, en croissance de 22% à taux de changes constants quand le consensus attendait une progression de seulement 12%.
Sa division phare, la joaillerie, a constitué le grand moteur de Richemont, avec une progression de 27% en données comparables, à 3,36 milliards d'euros, soit une nette accélération par rapport aux 8% du trimestre précédent. Et là encore, le consensus a été nettement dépassé, puisque les bureaux d'études ne tablaient que sur une hausse de 13%.
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Une trimestre "époustouflant"
A l'instar de ses rivaux français, le groupe a bénéficié de la vigueur de la reprise en Chine, la région Asie-Pacifique progressant de 25% hors effet de changes. Cette zone géographique représente près de la moitié des revenus du groupe. A noter aussi la vigueur de la croissance de Japon, où les ventes ont bondi de 36% hors effets de devises de janvier à mars, une dynamique qui s'était également observée chez LVMH. Au point que le directeur financier du groupe français, Jean-Jacques Guiony, avait eu du mal à expliquer aux analystes ces bons chiffres, évoquant néanmoins une plus forte confiance des consommateurs japonais, avec une inflation bien plus mesurée au Japon que dans nombre de pays développés.
Sur l'ensemble de l'exercice 2022-2023, Richemont a vu ses ventes progresser de 19% à 19,95 milliards d'euros tandis que son résultat opérationnel courant s'est établi à 5 milliards d'euros en hausse de 34% et supérieur de 5% au consensus.
La marge opérationnelle s'est établie à 25,2% contre 22,4% sur le précédent exercice et 24,5% attendu par les analystes. La seule marge opérationnelle de la joaillerie tutoie les 35%.
A la Bourse de Zurich, l'action Richemont a décollé grâce à ces bons résultats, prenant 4% vers 14h45, après avoir connu un pic de 7,7% en début de matinée. Ce qui avait alors permis, un temps, aux groupes de luxe français de gagner autour de 1% chacun à la Bourse de Paris.
"Malgré de grandes inquiétudes du marché avant la publication de vendredi, redoutant la plus grande cyclicité de la joaillerie, Richemont a livré un quatrième trimestre époustouflant (…) qui a répondu à ces craintes", souligne UBS. La banque suisse apprécie la surperformance palpable de la joaillerie ce qui, selon elle, accrédite l'idée que ce segment du groupe est désormais en train de rattraper son retard, après avoir perdu des parts de marché pendant plusieurs années.
Pas de fiançailles ni avec LVMH ni avec Kering
Stifel de son côté évoque une fin d'exercice 2022-2023 "sur une note très haute". Royal Bank of Canada souligne, pour sa part, que la croissance du quatrième trimestre se situe au niveau des meilleurs élèves du secteur, c'est-à-dire Hermès et la division mode et maroquinerie de LVMH.
Bien que Richemont soit la valeur européenne du luxe la plus importante en termes de capitalisation après les groupes français, des rumeurs de marché évoquent parfois un rapprochement avec Kering ou un rachat par LVMH. Le journal suisse Finanz und Wirtschaft ("Finance et économie") avait notamment fait état de cette dernière possibilité, en février.
Le président du conseil d'administration de Richemont, Johann Rupert, a balayé d'un revers de la main vendredi ces rumeurs, les jugeant "erronées".
Concernant LVMH, le dirigeant, cité par Bloomberg, a expliqué qu'il entretenait un dialogue amical avec Bernard Arnault, le PDG du numéro un mondial du luxe, mais qu'il n'était pas intéressé par un rapprochement de son groupe avec la société française, précisant que Richemont n'était pas à vendre. "Nous respectons mutuellement nos indépendances", a-t-il assuré.
Quant à Kering, Johann Rupert a précisé que Richemont avait été approché il y a deux ans par des banquiers d'affaires qui lui avait "pitché" une fusion avec la maison-mère de Gucci. "Pour information, nous avions dit non", a-t-il asséné.