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L'introduction en Bourse de Shein retardée par une enquête de Pékin dans la cybersécurité?

mercredi 17 janvier 2024 à 11h46
Shein est spécialisé dans la fast-fashion

(BFM Bourse) - Le groupe de fast-fashion qui avait déposé un projet d'introduction à l'automne dernier à Wall Street fait l'objet d'un examen de la part du puissant régulateur chinois d'internet sur la gestion de ses données. Ce qui risque de retarder son arrivée sur la cote.

L'arrivée de Shein à Wall Street sera-t-elle compromise par Pékin? Le spécialiste de la fast-fashion avait déposé à l'automne dernier un projet d'introduction en Bourse confidentiel à Wall Street auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme américain de la Bourse.

Mais depuis, le puissant régulateur chinois d'internet, la Cyberspace Administration of China (CAC), a ouvert une enquête sur le spécialiste de l'habillement, a rapporté mardi soir le Wall Street Journal, qui cite des sources proches du dossier.

La CAC serait, selon le quotidien américain des affaires, en train d'examiner la gestion de Shein de ses données personnelles, telles que les informations sur ses employés, ses fournisseurs et ses partenaires en Chine. L'organe de régulation chercherait également à savoir si le groupe chinois est capable de protéger toute fuite de ces données vers l'étranger.

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Valorisation de 90 milliards de dollars

"Pékin s'intéresse également au type de données chinoises que Shein divulguera à l'autorité américaine de régulation des marchés financiers lorsqu'elle cherchera à s'introduire en bourse à New York", explique le Wall Street Journal.

Cette enquête ne tombe guère à pic pour Shein, qui vise une importante valorisation en Bourse, à savoir plus de 90 milliards de dollars selon Bloomberg, soit davantage que 32 des 40 actions du CAC 40.

De précédentes investigations de même nature de la part de la CAC avaient pris des mois pour être achevées et dans la mesure où Shein a besoin de l'aval Pékin pour s'introduire à Wall Street, l'arrivée du groupe sur la cote américaine pourrait être largement retardée voire tout simplement jeter aux oubliettes, explique le Wall Street Journal.

Les cas précédents ont en tout cas de quoi alerter. Le spécialiste des services VTC Didi s'était introduit en Bourse en juin 2021 et, deux jours plus tard, la CAC a lancé une enquête, ce qui avait obligé Didi à quasiment se retirer de Wall Street.

Dans la même veine, la maison-mère de Tik Tok, ByteDance, a mis en sommeil en 2021 son projet d'introduction en Bourse après que les régulateurs chinois lui ont suggéré de mettre en œuvre des efforts pour limiter les risques de cybersécurité.

Des investisseurs étrangers échaudés par la Chine

N'oublions pas non plus le géant de l'e-commerce Alibaba, une des victimes récurrentes de l'ingérence de Pékin dans les groupes de tech. En 2021, la société a reçu une amende de 2,75 milliards de dollars pour des pratiques anticoncurrentielles. Les autorités chinoises avaient précédemment bloqué l'introduction en Bourse de la fintech Ant, filiale d'Alibaba, fin 2020.

Plus largement, la menace d'un décalage de plusieurs mois de l'introduction en Bourse de Shein illustre une nouvelle fois l'énorme risque politique pour les groupes cotés et les investisseurs en Chine.

Si les géants de la tech sont régulièrement malmenés par Pékin, les autorités chinoises peuvent très vite agir sur d'autres secteurs. Cela a par exemple été le cas de l'enseignement privé en 2021 ou plus récemment des jeux vidéo. En décembre, l'édiction de projet de règles visant à limiter les dépenses et les temps passé par les joueurs sur les jeux mobiles ont provoqué la chute en Bourse de plusieurs acteurs chinois du secteur, dont le mastodonte Tencent.

Ce risque politique national s'ajoute aux tensions récurrentes (ou "structurantes" pour reprendre l'expression utilisée par Emmanuel Macron mardi soir) entre les Etats-Unis et la Chine sur les sujets de souveraineté numérique, qui ont poussé Washington à restreindre les exportations de processeurs graphiques de Nvidia vers la Chine.

C'est également l'un des facteurs qui peut expliquer le désamour récent des investisseurs étrangers pour la Chine, où les indices boursiers ont plongé en 2023 et poursuivent leur chute cette année. Selon une récente enquête de Bank of America, les gérants sous-pondèrent fortement la Chine, avec une différence entre ceux déclarant surpondérer la région et ceux déclarant la sous-pondérer de -20. Il s'agit tout simplement du chiffre le plus bas parmi tous les pays de la région Asie-Pacifique.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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