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Après Wirecard, le gendarme boursier allemand redouble d'activité face aux fraudes potentielles

samedi 9 octobre 2021 à 12h00
La BaFin s'active pour détecter les fraudes

(BFM Bourse) - Très critiqué pour son inaction face aux soupçons à l'égard de Wirecard (qui a fait faillite depuis), le gendarme allemand des marchés financiers semble désormais prendre beaucoup plus aux sérieux les doutes soulevés par certains activistes vis-à-vis des résultats revendiqués par certaines sociétés cotées. Coup sur coup cette semaine, la BaFin a ciblé Northern Data puis Adler.

Le titre Adler Real Estate AG, l'un des plus importants groupes immobiliers allemands, a perdu près de 20% cette semaine, malgré un rebond de quelques pourcents vendredi, s'étant effondré en particulier mercredi (jusqu'à -30% en séance) après des accusations de fraude que le gendarme des marchés, la BaFin, a pour une fois dit prendre au "sérieux". Lundi, la "Bundesanstalt für Finanzdienstleistungsaufsicht", avait déjà engagé une action pénale à l'encontre des dirigeants du fournisseur d'infrastructures informatiques dédiées au calcul haute performance Northern Data, après que cette société francfortoise a présenté, avec plusieurs mois de retard, des comptes 2020 très en-deçà de ses objectifs.

Mercredi en matinée, une note au vitriol sur Adler publiée par Viceroy Research, une société américaine qui mène des enquêtes indépendantes sur des pratiques douteuses de la part des grandes entreprises, a semé la panique chez les investisseurs. "Le groupe Adler est un foyer de fraude, de tromperie et de fausses déclarations financières visant à cacher sa véritable situation financière, qui est sombre", assène la note.

"Nous prenons le rapport au sérieux et examinons les allégations qu'il contient", a alors réagi dans l'après-midi le superviseur allemand du marché financier, dans un mail transmis à l'AFP. Une attitude qui tranche avec celle qui avait été reprochée à la BaFin au sujet de Wirecard, un prétendu fleuron de la fintech, désormais en liquidation judiciaire alors que la plantureuse trésorerie dont se revendiquait la société n'existait pas.

Quand la BaFin volait au secours... de Wirecard

À l'époque, ce sont les lanceurs d'alerte qui avaient été pris pour cible. La BaFin avait volé au secours de Wirecard en interdisant pendant trois mois toute vente à découvert sur le titre, et promettant d'enquêter sur de possibles tentatives pour manipuler le cours à la baisse. Un journaliste qui avait mis au jour les malversations des dirigeants de Wirecard (aujourd'hui incarcérés ou en fuite) avait même été menacé d'une plainte du parquet de Munich, au motif de supposées manipulations du cours de l'action de la fintech allemande.

Après la découverte du pot-au-roses, l'autorité européenne de supervision des marchés financiers a décidé d'enquêter sur l'enquêteur, pour vérifier d'éventuels manquements de la part de la BaFin dans le dossier Wirecard. Felix Hufeld, président de l'agence fédérale à l'époque des faits, a dû renoncer à son mandat et depuis cet été c'est l'ancien patron de l'agence suisse, Mark Branson (britannico-helvète) qui dirige la BaFin.

Si les soupçons d'infractions pénales à l'encontre d'Adler sont avérés, l'autorité les signalera au parquet compétent, ajoute-t-elle.

Un parc de logements "artificiellement gonflé"?

Dans sa note, Viceroy Research assimile Adler Real Estate à un repère de "voyous" où des "administrateurs fantômes et associés" peuvent "s'enrichir systématiquement" au détriment d'investisseurs en actions et obligations, le tout via des montages opaques. Autre accusation grave, le bilan, reposant largement sur des parcs immobiliers locatifs en portefeuille, a été "artificiellement gonflé dans une large mesure".

Une accusation "manifestement erronée", selon une réaction d'Adler rapportée par Bloomberg.

L'avenir de cette entreprise détenue majoritairement par une holding sise au Luxembourg, Adler Group S.A, est déjà en suspens. Cette maison-mère a annoncé lundi s'engager dans une réorientation stratégique, après avoir reçu des offres de reprise de son portefeuille générant des revenus locatifs.

Viceroy Research a déjà fait trembler de grandes entreprises par le passé, comme le groupe de distribution sud-africain Steinhoff, une des principales capitalisations boursières d'Afrique du Sud qui s'est retrouvée au cœur d'un vaste scandale financier.

(Avec AFP)

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