(BFM Bourse) - Répandu dans les grandes sociétés, l'actionnariat salarié est encore peu développé dans les petites et moyennes entreprises cotées. Pourtant, en impliquant leurs collaborateurs à leur capital, les sociétés ont tout à y gagner.
Initié par Charles de Gaulle, l’actionnariat salarié a toujours autant le vent en poupe. Il concerne aujourd’hui près de 3 millions de salariés en France, essentiellement dans les grandes entreprises, selon le baromètre 2022 d’Equalis Capital.
Récemment, les salariés de Veolia sont devenus le premier actionnaire du géant des services collectifs à l'issue d'une opération d'actionnariat salarié. Le nouveau groupe Suez, né après l'OPA de Veolia sur son concurrent avec les activités non gardées, vise lui 10% d'actionnariat salarié "à horizon de 5 à 7 ans", selon ses engagements fin 2021.
Les salariés de Renault aiment aussi rouler pour leur entreprise. Renaulution Shareplan, le plan d'actionnariat salarié de la marque au Losange, a récemment rencontré un franc succès. A l'issue de l'opération en février prochain, les salariés détiendront environ 4,7 % du capital à l’issue de l’opération. Comme le spécialiste des services collectifs, Renault espère atteindre l'objectif de 10 % d'actionnaires salariés d’ici à 2030.
D'ailleurs, les plans d'épargne salariale dans les grands groupes cotés ont atteint un niveau record en 2021. Les salariés des principales entreprises françaises cotées en Bourse croient en effet aux perspectives de leur entreprise, et ont investi en moyenne 5.600 euros par personne (abondement compris) au capital de leur propre entreprise lors des opérations d'actionnariat salarié qui se sont déroulées sur l'exercice 2021, rapportait alors le dernier rapport du cabinet Eres. Il faudra attendre le printemps 2023 pour connaitre la tendance de 2022 en la matière.
Pour inciter leurs salariés à prendre des participations à leur capital, les entreprises ont généralement plusieurs leviers à leur disposition. Dont deux principaux. D'abord la décote qui garantit au salarié une ristourne sur le prix des actions. Les collaborateurs ont la possibilité de souscrire avec une décote sur le prix des actions pouvant atteindre 30%, voire même 40% dans le cas où les actions seraient indisponibles 10 ans. Ensuite, l'attribution d’actions gratuites. Elle est soumise à une période d’attribution et de conservation incompressible au total de deux ans. La limite des attributions gratuites d’actions de 10% du capital peut être significativement remontée dans le cas où les attributions concernent l’ensemble des salariés.
"Et dans les deux cas, il est préférable de détenir ces actions via un PEE (plan d’épargne entreprise), qui offre des avantages importants (notamment fiscaux avec la réduction à 10% du forfait social, la possibilité de versement unilatéral de l’employeur)" explique Nisa Benaddi associée chez EuroLand Corporate.
Une liquidité supplémentaire
La mise en œuvre d'un plan d'actionnariat salarié permet d'associer les collaborateurs à la vie de leur entreprise. Mais ce dispositif n'est pas exclusif aux grandes entreprises. Les petites et moyennes entités peuvent elles aussi associer leurs salariés dans leur projet de développement. La loi Pacte de 2019 renforce d'ailleurs l’attractivité de l’actionnariat salarié pour cette typologie d'entreprises, surtout pour celles évoluant sur les marchés financiers.
La cotation en Bourse apporte en effet aux collaborateurs des petites et moyennes entreprises une liquidité supplémentaire, avec "la satisfaction de vendre des actions à un prix reflétant la performance de l’entreprise à laquelle ils auront contribué" rappelle Nisa Benaddi. "Une performance économique, qui selon de nombreuses études, est supérieure dans le temps, lorsque les salariés sont impliqués au capital" ajoute-t-elle.
La spécialiste illustre cette relation performance / implication des salariés dans le capital avec l'exemple de Visativ, le spécialiste de la transformation numérique et de l'innovation pour les PME et ETI, coté en Bourse depuis 2014. Le groupe basé non loin de Lyon a placé depuis plusieurs années le partage de la valeur avec ses collaborateurs au cœur de sa stratégie globale de développement.
Le dernier plan d’actionnariat salarié a permis à 66% des collaborateurs éligibles de devenir actionnaires de Visiativ, leur permettant de détenir près de 2% du capital, avec une décote de 30%. Et les salariés ont fait une bonne affaire, rappelle Nisa Benaddi, car ils ont réalisé à ce jour plus-value latente de 33% par rapport au plan mis en œuvre en avril 2022.
Visiativ reste encore une exception dans l'univers des petites et moyennes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire, même si leur nombre a doublé depuis 2015. La Loi Pacte vise un objectif de 10% du capital des entreprises françaises détenues par les salariés à horizon 2030.
"L’actionnariat salarié est un formidable levier, pour les small & mid caps cotées associant durablement fondateurs, managers et collaborateurs, de création de valeur transparente tournée vers le succès et la responsabilité sociétale de l’entreprise" conclut Nisa Benaddi.