(BFM Bourse) - Lourdement affecté par la crise sanitaire, Accor a fait part d'un chiffre d'affaires divisé par deux et d'une perte nette historique de 1,5 milliard d'euros sur les six premiers mois de l'année, dont un milliard de dépréciation d'actifs, et annoncé la suppression d'un millier d'emplois.
Un choc "sans précédent et d’une violence inouïe" pour Accor. De janvier à juin, le chiffre d’affaires (CA) du groupe, qui exploite des chaînes haut-de-gamme telles que Fairmont et Sofitel, premium comme Pullman et Swissôtel, milieu de gamme (Novotel ou Mercure) ainsi que des marques économiques telles que Ibis ou Hôtel F1, a chuté de 52,4% par rapport au premier semestre 2019 (-48,8% à périmètre et changes constants) à 917 millions d’euros. Soit 14% en-dessous des attentes d'Oddo BHF, indique l'analyste Johanna Jourdain.
Le résultat net part du groupe ressort en perte de 1,52 milliard d’euros, à comparer à un bénéfice net de 141 millions d’euros sur la même période un an auparavant. L’excédent brut d’exploitation est également négatif de -227 millions, là aussi "significativement en-deçà des attentes" d'Oddo BHF.
Le revenu par chambre disponible (RevPAR), indicateur clé de rentabilité du secteur, a chuté de 59,3% sur la même période, "suggérant un point bas au deuxième trimestre à -88.2% (quand le consensus tablait sur -85% et Oddo BHF sur un repli de 83%) après une chute de 25% au T1" relève Johanna Jourdain. Accor précise que ce même indicateur s'est effondré de 90,6% en Europe au cours du seul second trimestre, témoignant de la brutalité de la crise subie par le secteur du tourisme.
"Choc d'une violence inouïe"
Cité dans le communiqué, le PDG du groupe Sébastien Bazin -qui s'est révélé à la hauteur de la crise- évoque un choc "sans précédent et d'un violence inouïe" pour l'industrie de l'hôtellerie. Dans ce contexte, il estime qu'Accor est parvenu "à en limiter l’impact", à la fois "sur nos performances en faisant preuve de réactivité pour protéger nos ressources, grâce à la transformation menée au cours des dernières années et à une structure financière solide" et "pour nos collaborateurs en mettant en place des mesures de soutien concrètes et immédiates" détaille le dirigeant.
“Après l’urgence, nous devons maintenant finaliser la transformation de notre business model "asset-light" en un groupe pleinement “asset-light’”, poursuit-il. Dans une interview accordée aux Echos mardi, Sébastien Bazin affirme que cette transformation n’est pas une réponse aux retombées de la crise sanitaire mais le résultat du de l’évolution du “business model” d’Accor. “Ce plan était en gestation avant. (...) Ce n’est pas parce que c’est la crise que nous allons vendre des marques ou réduire la voilure. (...) Cette crise révèle la nécessité d’évoluer rapidement. Elle prouve que nous n’avons pas le temps d’attendre”, a-t-il dit.
Le très médiatique patron du groupe hôtelier s'est néanmoins félicité de quelques "bonnes nouvelles". "Nous avons consommé moins de cash que prévu au début de la crise, nous avons continué à ouvrir des hôtels (86 hôtels représentant 12 000 chambres, même si les effets de périmètre (acquisitions et cessions) contribuent négativement pour -57 millions d’euros, liés essentiellement à la cession des hôtels Mövenpick, NDLR) et nos 4 milliards de liquidités ont été préservées. Le groupe est solide, il le démontre et a bien résisté" juge-t-il.
Le n°1 européen de l'hôtellerie suspend sa guidance
Dans le contexte actuel, le groupe se dit incapable de fournir la moindre perspective d’Ebitda pour 2020, un constat qui tranche avec les résultats record qu’il visait il y a tout juste un an. L’apparition de l’épidémie a en revanche conduit le numéro un européen de l’hôtellerie à annoncer des mesures d’économie en se fixant un objectif de 200 millions d’euros par rapport à sa base de coûts de 1,2 milliard d’euros en 2019. Deux tiers de ces économies devraient être atteintes à fin 2021 et 100% à fin 2022.Accor indique que ce plan inclut “une simplification et un alignement des structures opérationnelles à travers les différentes régions” et “une automatisation des tâches basées sur des processus qui peuvent être répétés”. “Ces initiatives vont concerner environ 1.000 personnes sur les 18.000 qui occupent des fonctions au niveau des sièges. Il est encore trop tôt pour évoquer les conséquences par pays, et nous aborderons ces sujets d’abord avec nos partenaires sociaux”, a encore déclaré Sébastien Bazin aux Échos.
Le titre Accor clôt la marche sur le CAC
Les résultats en-deçà des attentes du marché dévoilés par le géant français de l'hôtellerie se ressentent en Bourse, où le titre Accor lâche 1,7% à 21,93 euros peu après 10h30, après avoir cédé près de 6% en début de matinée, en queue de palmarès d'un CAC 40 qui poursuit son rebond (+0,5%). Durement touché par les conséquences économiques de la pandémie, le titre abandonne toujours près de 50% depuis le début de l'année.Recevez toutes les infos sur ACCOR en temps réel :
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