(BFM Bourse) - « Le pire n'est jamais certain », semblent dire les investisseurs ces derniers jours. Et si les scénarios les plus noirs pour l'économie et les marchés font toujours recette, Christian Cambier, président de Prigest et gérant du FCP Valfrance croit pour sa part fermement à la reprise. D'après lui, le rebond sera brutal, et il vaudra mieux l'avoir anticipé en ayant acheté des actions.
Tradingsat.com : Le gros des publications annuelles est passé. Quel enseignement en tirez-vous ?
Christian Cambier : Tout le monde s'en moque ! Les comptes des sociétés ne sont pas jugés pour ce qu'ils sont. S'ils sont bons, les actions chutent quand même, parce que les craintes portent sur les perspectives. Les marchés sont anesthésiés. C'est la capitulation, l'abandon en rase campagne. Par exemple, EADS progresse à peine malgré d'excellents résultats après avoir vu son cours divisé par trois auparavant. Et Vinci n'a vraiment que très brièvement profité de l'annonce du relèvement de son dividende. Jusqu'à présent, la psychose a annihilé toute véritable tentative de rebond.
Tradingsat.com : Qu'est ce qui explique cette situation selon vous ?
Christian Cambier : Les craintes sur la macroéconomie. Tant que la psychologie reste aussi négative, les (rares) acheteurs s'exposent à tous les vents contraires. Les gérants sont aux abonnés absents. Tout le monde accumule des liquidités. Les énormes masses d'argent versées sur les livrets d'épargne par exemple, attirées par un taux à 4%, pourraient pourtant trouver de biens meilleurs placements que les 2,5% de rendement payés aujourd'hui. Qu'est ce qui empêche d'aller chercher des rendements de 6 ou 7% sur du Vinci, du Total ou du Vivendi ?
Tradingsat.com : Comment voyez vous évoluer les choses. Croyez-vous à l'efficacité des plans de relance ?
Christian Cambier : J'anticipe un bel exemple d'« effet Ketchup ». On injecte des liquidités, toujours plus, on fait des plans de relance de plus en plus massifs, avec des montants qui deviennent astronomiques, comme les 800 milliards de dollars du plan Obama, rien ne se passe, jusqu'au jour où l'effet accumulé de toutes les mesures explose, d'un seul coup ! Je m'attends à une reprise brutale des marchés puis de l'économie à tout moment. Le corollaire de ceci sera un krach sur les emprunts d'Etat, émis massivement pour financer la relance.
Tradingsat.com : Craignez-vous le retour de l'inflation avec l'envol de l'endettement des Etats ?
Christian Cambier : L'inflation est nécessaire, elle va repartir. Il faut bien monétiser tous les plans mis œuvre de part le monde. C'est pourquoi les taux vont remonter à 5% l'année prochaine. Ceux qui en bénéficieront sont ceux qui auront acheté des actions. Le véritable ennemi des actions est la déflation.
Tradingsat.com : Nous n'allons donc pas revivre la grande dépression des années 30 ?
Christian Cambier : La situation d'aujourd'hui n'a rien à voir avec les années 30. Lorsque Monsieur Trichet estime que la croissance sera de retour en 2010, il sait ce qu'il dit ! Il sait que l'économie va repartir. J'en veux pour preuve le fait que la Chine achète en masse du cuivre, via Chinalco, depuis janvier et a passé un accord avec la Russie et le Brésil pour la fourniture de pétrole. La Chine se prépare activement à la prochaine reprise économique, et l'anticipe pour ne pas payer cette fois-ci au prix fort ses matières premières. Regardez d'ailleurs la Bourse de Shangai, elle progresse de plus de 17% depuis le début de l'année. Ce ne sont plus les Etats-Unis qu'il faut surveiller, mais la Chine pour anticiper la reprise.
Tradingsat.com : Les actifs toxiques des banques américaines demeurent pourtant un problème.
Christian Cambier : Il faut une purge totale du système bancaire. La nationalisation est le seul moyen d'y parvenir. Je suis pour nationaliser les banques en difficultés une fois pour toutes. C'est d'ailleurs déjà fait en Angleterre, en Belgique, et d'une certaine façon, le processus a commencé en France, avec Natixis et Dexia. Il n'y a pas le choix. Il a plus de cinquante ans, les nationalisations ont été décidées pour faire repartir l'économie après la guerre. Il s'agit aujourd'hui d'une guerre économique.
Tradingsat.com : Quelles valeurs conseillez-vous d'acheter pour jouer la reprise ?
Christian Cambier : Tout ! On peut tout acheter, cela n'a plus aucune importance. La quasi-totalité de la cote est bonne à ramasser après ce qu'elle a subi. Michelin est passé de 105 à 22 euros, EADS était à 35 euros et ne vaut plus que 10. La liste est longue. Si vous êtes à la recherche de rendement, parmi les grandes valeurs françaises, vous pouvez acheter du Sanofi, du Saint-Gobain ou du Vinci. Il y a l'embarras du choix. PPR aussi, ou Puma, si Monsieur Pinault jugeait ce rachat rentable à 330 euros, cela devrait l'être encore davantage à 120. Sur le thème du rendement, j'achète aussi les titres participatifs Renault, BNP Paribas et GDF. Dans le secteur financier, je me contente de m'intéresser à Scor, mais Dexia peut-être également intéressante. La finalisation de la cession de FSA devrait jouer le rôle de catalyseur et faire repartir le titre. N'oublions pas que la Caisse des Dépôts et Consignation est entrée à 9 euros sur le titre. Cherchez l'erreur !
Propos recueillis par François Berthon