(BFM Bourse) - Entretien accordé à La Vie Financière par Robert Brunck, président-directeur général de CGG VERITAS.
Avec un baril à plus de 70 dollars, quelles sont les perspectives dans la sismique ?
Nous prévoyons une croissance à deux chiffres de notre marché dans les années à venir. Pour l'exploration, c'est la fin des bassins prolifiques où l'on pouvait se contenter de quelques relevés géophysiques. La sismique prend une place de choix car elle donne une image de plus en plus précise de ces bassins. La demande de services et d'imagerie géophysiques est de plus en plus soutenue non seulement en volume mais aussi en qualité. En outre, l'arrivée attendue d'une phase plateau (pendant laquelle la production de pétrole stagnera) vers 2020 nous ouvre de belles perspectives de développement. Pour accroître la production de 1,5 % par an, les pétroliers devront engager de 10 à 20 % de dépenses supplémentaires. Il ne sera alors plus question de forer à des prix élevés sans disposer d'une visualisation extrêmement précise du sous-sol. Parmi les nouveaux marchés qui s'ouvrent pour la sismique en quatre dimensions (l'image avec l'évolution des fluides dans le temps), figurent l'aide à la récupération des pétroles extralourds et l'enfouissement de gaz à effets de serre. Notre marché ne représente que 3 % des 320 milliards de dollars d'investissement en exploration-production actuels, soit une dizaine de milliards. Notre position est très favorable : la demande est là et nos coûts unitaires baissent alors que nos prix augmentent, ce qui nous donne un très bon effet de levier.
Allez-vous pouvoir faire passer de nouvelles hausses de prix ?
Dans la marine, nous sommes parvenus à relever nos prix de 40 % en 2006 et nous prévoyons une hausse de 10 % cette année, puis de 5 à 10 % en 2008 et en 2009. S'agissant de l'équipement (Sercel), qui va dépasser cette année la barre du milliard de dollars de ventes, nos marges progressent car nos coûts diminuent alors que nos prix sont maintenus.
Pouvez-vous faire le point sur vos commandes ?
Elles se stabilisent autour de 1,6 milliard de dollars, y compris un carnet de commandes de quelque 400 millions pour Sercel. Dans la marine, nos clients réservent des bateaux neuf à douze mois à l'avance, et nous nouons de plus en plus de contrats à long terme pluriannuels (avec des compagnies nationales, du Moyen-Orient notamment). C'est un tournant dans notre activité. Toute notre stratégie est tournée vers la technologie, les données non exclusives (multiclients) et le haut de gamme dans la marine, où le caractère cyclique sera moins fort.
Quel est votre profil de chiffre d'affaires ?
Sercel représente 30 % de notre chiffre d'affaires. C'est un marché très porteur en volume et en renouvellement technologique. Nous dégageons environ 25 % de nos ventes à travers les bibliothèques de données multiclients et 20 % dans les traitement d'images et l'acquisition de données exclusives terrestres. Enfin, nous sommes engagés à hauteur de 25 % dans les acquisitions de données exclusives marines pour les clients pétroliers. C'est la partie la plus volatile. Ce marché, mondial, est extrêmement étroit (quarante-cinq bateaux puis cinquante-cinq prévus l'an prochain et soixante-dix attendus en 2009).
Où en est la consolidation du secteur ?
De très grands rapprochements entre l'un et l'autre des trois leaders, CGG Veritas, Western Geco (groupe Schlumberger) et PGS, me paraissent peu probables. Quant aux petits acteurs dans la marine, ils sont tous norvégiens. Lorsque le marché va se resserrer en 2009, nous serons à l'affût d'opérations limitées de croissance externe et nous aurons les moyens financiers, avec un taux d'endettement d'environ 30 % escompté pour fin 2008 contre 50 % actuellement.
De quelle façon allez-vous fortement augmenter votre bénéfice net par action ?
Nous voulons créer de la valeur. Après une marge nette de 10 % au premier semestre, nous comptons faire légèrement mieux pour l'ensemble de 2007. Cette année, nous allons ainsi dépasser de 5 à 10 % notre objectif de chiffre d'affaires (à plus de 3 milliards de dollars) et de marge d'excédent brut d'exploitation (à plus de 40 %). En 2008 et 2009, nous prévoyons une forte demande dans la marine et dans des métiers où nous pensons toujours améliorer la productivité tout en réduisant les coûts, notamment dans le matériel terrestre. N'oublions pas que la fusion sera également créatrice de valeur en 2008, avec des synergies pleines supérieures aux 75 millions de dollars initialement prévus.
Que pensez-vous de la valorisation de votre titre et qu'en est-il du dividende ?
En 2007, notre effort d'information trimestrielle à destination de nos actionnaires nous permet de bien mettre en évidence l'avancement des opérations de fusion et la progression de notre activité. En faisant ainsi bien comprendre la nouvelle société, nous sommes convaincus que notre cours bénéficiera d'une prime au leader, avec des multiples plus élevés. S'agissant du dividende, sans le rapprochement avec Veritas, nous aurions déjà repris sa distribution. Au passage, nous avons payé la moitié des actions Veritas en numéraire, ce qui correspond à un rachat d'actions important. Nous souhaitons garder une marge de manoeuvre pour saisir les opportunités de croissance externe qui pourraient se présenter en 2009. Et nous avons l'intention de redistribuer une partie de nos bénéfices 2008 sous la forme d'un dividende ou de rachats d'actions.
Propos recueillis par Christine Colmont
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