par Julien Ponthus
PARIS (Reuters) - Le "champion national" des transports publics qui devrait être créé par la fusion annoncée entre Veolia Transport et Transdev fait peur à certaines communes, qui craignent de se retrouver en position de faiblesse face à un nouveau mastodonte.
La fusion de deux des trois principaux opérateurs de réseaux de transports collectifs en France agite le spectre d'une concurrence réduite, voire d'un oligopole, avec à la clef une dégradation du service public, jugent certains observateurs.
La Caisse des dépôts, maison mère de Transdev, et Veolia Environnement ont annoncé le 22 juillet l'ouverture de négociations privilégiées en vue d'un rapprochement de leurs filiales spécialisées.
"Notre crainte, c'est que ces regroupements finissent par restreindre le champ de la concurrence et donc mettent les autorités organisatrices (des transports publics) à la merci d'un ou deux grands groupes qui se partageraient le marché", a déclaré à Reuters Roland Ries, maire de Strasbourg.
L'édile socialiste, par ailleurs président du Groupement des autorités responsables de transport (GART), prévient que la situation est d'ores et déjà tendue à cet égard: les appels d'offres ouverts par les communes n'attirent souvent qu'un seul candidat et la perspective de n'avoir le choix qu'entre le nouveau groupe et Keolis, la filiale de la SNCF, n'est guère réjouissante.
"Nous risquons davantage d'être mis sous la pression du seul groupe qui répond (...) et cela risque d'être encore plus souvent le cas" après la fusion, poursuit Roland Ries.
Le poids de la dette que Veolia devrait transférer dans le nouvel ensemble est une source supplémentaire d'inquiétude: pour certains observateurs, cette perspective soulève le risque d'une hausse des tarifs facturés par le groupe, qui pourrait ainsi financer ce bilan alourdi.
De la même manière, ils craignent de le voir financer son développement à l'international en profitant de sa position de force dans l'Hexagone.
BRUXELLES DEVRAIT ÉTUDIER DE PRÈS LE DOSSIER
Pour les artisans du rapprochement, les inquiétudes des clients, si elles sont légitimes, ne sont pas fondées.
"On ne construit pas un tel rapprochement contre ses clients", souligne un architecte de la fusion, pour qui l'introduction en Bourse prévue du nouveau groupe lui donnera les moyens d'être compétitif et de se développer à l'international.
Cet expert met aussi en avant la complémentarité entre Veolia Transport, spécialiste du rail et de l'interurbain, et Transdev, qui possède une expertise reconnue dans la gestion des réseaux de tramways.
Les deux fiancés ne se concurrencent pas toujours sur les mêmes marchés et il est donc absurde d'additionner leurs parts de marché respectives au niveau national, plaide-t-il encore.
Le même expert note aussi que la RATP devrait acquérir une position d'acteur national du national grâce aux actifs que la régie des transports parisiens recevra en échange des 25% qu'elle détient dans Transdev.
"De plus, les entreprises étrangères arrivent maintenant chez nous", note-t-il, soulignant que le but même de la fusion est de permettre à Transdev de concurrencer ces entreprises partout dans le monde.
Les experts en droit de la concurrence notent en outre que la Commission européenne aura à statuer sur cette opération et qu'il faut s'attendre à un examen rigoureux du dossier, Bruxelles n'appréciant que modérément les champions nationaux.
La CE n'autorise que très rarement les entreprises à fusionner lorsque le marché sur lequel elles sont actives ne compte qu'une poignée d'acteurs.
Les autorités communautaires devraient se pencher sur le projet l'année prochaine, une fois l'accord de fusion définitivement entériné.
Si des sources proches du dossier s'attendent à les voir exiger des cessions d'actifs ou la mise en oeuvre d'un code de bonne conduite, la fusion ne posera pas assez de problèmes selon eux pour qu'un veto bruxellois soit envisageable.
"On s'est déjà penché sur la question et il n'y aura rien d'insurmontable", explique une source proche du dossier.
Edité par Marc Angrand
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