par Clément Dossin
PARIS (Reuters) - La révélation du versement d'un "parachute doré" à Thierry Morin, président-directeur général en instance de départ de Valeo, provoque une nouvelle vague d'indignation au sein de la classe politique.
Libération rapporte que Thierry Morin, dont le départ a été annoncé lundi en raison de "divergences stratégiques", devrait quitter l'entreprise avec 3,2 millions d'euros alors que l'équipementier automobile a perçu 19 millions d'euros d'aides de l'Etat via le Fonds stratégique d'investissement (FSI).
Luc Chatel a fait savoir que l'Etat, actionnaire à hauteur de 8% de l'entreprise, allait "s'opposer au versement de ce parachute doré" à l'assemblée générale des actionnaires.
"L'Etat a accompagné cette société et je trouve choquant que, dans le contexte actuel, on mette en place ce type de rémunération", a déclaré le porte-parole du gouvernement, mettant Thierry Morin "face à ses responsabilités".
Valeo a publié le mois dernier une perte nette de 207 millions d'euros au titre de 2008 et a fait part de son intention de supprimer 5.000 emplois dans le monde, dont environ 1.600 en France .
Le ministre du Budget, Eric Woerth, a pour sa part jugé "anormal et provocateur" que Thierry Morin perçoive une telle indemnité de départ dans la mesure où l'entreprise "a touché de l'argent du contribuable".
"Ceux qui procèdent ainsi n'ont rien compris", a ajouté Eric Woerth. "Ils n'ont rien compris au fait que l'opinion publique n'en peut plus."
"REMETTRE DE L'ORDRE"
Cette polémique ravive de façon plus large le débat sur les rémunérations patronales, qu'il s'agisse des bonus, des parachutes dorés, des retraites chapeau ou des stock-options.
Plusieurs voix se sont élevées ces derniers jours au sein de la majorité présidentielle et de l'opposition pour réclamer une loi sur ces questions .
Après les critiques de Nicolas Sarkozy et de plusieurs ministres, quatre haut dirigeants de la Société Générale ont renoncé lundi à 320.000 stock-options.
Selon Eric Woerth, l'épisode Valeo est la preuve que le code de déontologie du patronat, établi par l'Afep et le Medef, "ne marche pas" et qu'"il faut (...) une intervention de l'Etat d'une façon ou d'une autre" pour "remettre de l'ordre".
Pour Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, "chaque jour qui passe nous rapproche de la perspective de fabrication d'une loi".
"On peut aller très vite", a-t-il déclaré sur RTL.
Le député socialiste Claude Bartolone a estimé qu'il fallait légiférer "sur ce que doivent être les rémunérations des chefs d'entreprise et notamment des plus gros salaires".
"Il faut une loi. Maintenant ça suffit ! On ne peut pas en rester simplement à protester contre ces chefs d'entreprise qui se conduisent mal", a-t-il dit sur Europe 1.
Luc Chatel en a appelé à l'intervention de Laurence Parisot, la présidente du Medef. "J'attends de sa part qu'elle mette en oeuvre complètement (...) le code de bonne pratique. Je pense aussi qu'elle a une responsabilité morale importante vis-à-vis de l'ensemble du patronat", a-t-il dit.
La "patronne des patrons", qui sera auditionnée mercredi par la commission des Lois de l'Assemblée nationale, a estimé la semaine dernière que le Medef n'avait pas le pouvoir d'imposer quoi que ce soit.
Dans un communiqué, la CGPME "réaffirme sa totale opposition" face aux "abus de quelques dirigeants sans pudeur ni sens des réalités" qui porte selon elle atteinte à la communauté des entrepreneurs.
"Que ceux qui bénéficient d'aides de l'Etat, et donc du contribuable, s'attribuent des bonus faramineux est inadmissible", déclare la Confédération générale des petites et moyennes entreprises.
Edité par Yves Clarisse
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