par Clément Dossin et Thierry Lévêque
PARIS (Reuters) - Le "parachute doré" octroyé à Thierry Morin, P-DG en instance de départ de Valeo, a provoqué une nouvelle vague d'indignation en France, où gouvernement et patronat l'ont sommé d'y renoncer.
Le dossier a aussi précipité la décision sur une législation sur la question de ces rémunérations particulièrement mal perçues en période de crise économique et de grogne sociale.
Nicolas Sarkozy annoncera sa décision de légiférer sur ce dossier dans le discours qu'il doit prononcer mardi soir à Saint-Quentin, selon le député UMP Marc Laffineur.
L'indemnité de départ 3,2 millions d'euros de Thierry Morin, révélée par le journal Libération, concerne le dirigeant d'un équipementier automobile en difficulté, qui a supprimé des emplois et reçu le soutien de l'Etat, entré dans son capital.
Valeo a déclaré que le "parachute doré" était conforme au code d'éthique du patronat et a paru rejeter toute intervention de l'Etat en disant que l'indemnité serait soumise au vote des actionnaires. L'Etat n'a pas formellement subventionné l'entreprise mais seulement acheté ses titres, dit la société.
Peu après, la présidente du Medef Laurence Parisot a demandé à Thierry Morin d'abandonner son "parachute", estimant qu'il violait les recommandations de son syndicat.
"Le mouvement des entreprises de France ne se reconnaît pas dans le comportement d'un dirigeant qui piétine ainsi l'intérêt général de son entreprise, qui méprise ses salariés, qui bafoue ses patrons de PME, et notamment des PME sous-traitantes de cette entreprise, et qui foule aux pieds notre code de gouvernance", a-t-elle déclaré au siège du Medef.
"C'est pourquoi nous demandons à M. Morin de renoncer immédiatement aux indemnités auxquelles il prétend", a-t-elle ajouté avant de rappeler qu'elle aurait mercredi l'occasion d'exprimer son point de vue sur ces pratiques devant la commission des Lois de l'Assemblée nationale.
"DIVERGENCES STRATÉGIQUES"
L'affaire survient en pleine polémique sur les rémunérations patronales, qui a déjà amené quatre dirigeants de la banque Société générale à renoncer à 320.000 stock-options lundi, sous la pression du gouvernement et de l'Elysée.
Thierry Morin, dont le départ a été annoncé lundi avec la justification officielle de "divergences stratégiques", correspondant mot pour mot aux conditions contractuelles de versement du "parachute", part sur un mauvais résultat.
Valeo a en effet publié le mois dernier une perte nette de 207 millions d'euros au titre de 2008 et fait part de son intention de supprimer 5.000 emplois dans le monde, dont environ 1.600 en France.
De Washington, le Premier ministre François Fillon a annoncé mardi que l'Etat, actionnaire à hauteur de 8% de l'entreprise, voterait contre l'attribution de ce parachute doré.
"Il se trouve qu'il s'agit d'une entreprise au capital duquel l'Etat se trouve désormais grâce à l'intervention du fonds stratégique. Le représentant de l'Etat au conseil d'administration fera savoir qu'il est opposé à l'application de cette prime de départ", a dit le Premier ministre.
"Il faut que les choses soient claires et que chacun comprenne que l'heure est à faire preuve de responsabilité. Ceux qui ne font pas preuve de responsabilité mettent en péril l'ensemble de notre système économique et social", a-t-il dit.
BIENTÔT UNE LOI
Le débat sur les rémunérations patronales, qu'il s'agisse des bonus, des parachutes dorés, des retraites chapeau ou des stock-options s'attise avec l'aggravation de la crise et l'intervention croissante de l'Etat dans l'économie.
Plusieurs voix se sont élevées ces derniers jours au sein de la majorité présidentielle et de l'opposition pour réclamer une loi sur ces questions. La décision est maintenant prise, a déclaré le député UMP Marc Laffineur à la presse mardi après une réunion de son groupe à l'Assemblée.
"Tout le monde au groupe veut un texte pour toute entreprise qui a reçu de l'argent public. C'est le président de la République qui va l'annoncer ce soir à Saint-Quentin", a-t-il dit.
Le cadre de la loi que Nicolas Sarkozy pourrait annoncer reste flou. Il est question tantôt d'augmenter la fiscalité, tantôt de plafonner les rémunérations, tantôt de conditionner les avantages patronaux aux résultats de l'entreprise et au fait que tous les salariés reçoivent aussi de l'argent.
Le Medef est réticent et Laurence Parisot a estimé la semaine dernière que l'organisation patronale n'avait ni le pouvoir ni le souhait d'imposer quoi que ce soit.
Des économistes se disent sceptiques sur l'efficacité d'une loi et rappelle que l'Etat dispose, pour les problèmes de revenus jugés excessifs, de l'arme fiscale.
Le gouvernement maintient cependant malgré les critiques, rappellent-ils, le "bouclier fiscal", qui a conduit l'Etat à faire des chèques d'un montant moyen de 368.000 euros à quelque 800 personnes en 2008.
Avec Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse
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