(BFM Bourse) - La société de biotechnologie a publié de nouveaux résultats positifs de son vaccin thérapeutique TG 4010 contre le cancer lors du dernier congrès annuel de la Société européenne d'oncologie médicale. Philippe Archinard, Directeur Général de Transgene, fait le point sur les enjeux du développement du portefeuille de produits de la société.
(La Vie Financière) - Il semblerait que le potentiel de blockbuster du TG 4010 se confirme...
Philippe Archinard: Assurément. Ce vaccin a apporté une nouvelle preuve de son efficacité, en combinaison avec une chimiothérapie, pour traiter le cancer du poumon. Au-delà, son mécanisme réactionnel permet d'envisager de l'utiliser dans le traitement d'autres types de cancer : prostate, sein, rein, etc. Et il n'est pas insensé d'imaginer que, à terme, le TG 4010 soit associé à d'autres traitements. Son mode d'action est complémentaire, par exemple, de celui de la molécule anticancer vedette, l'Avastin, de Roche, mais avec un champ d'application potentiellement plus large. Le TG 4010 stimule le système immunitaire et s'adresse donc aussi à des patients qui ne sont pas à un stade avancé de la maladie.
Ces résultats vont-ils accélérer la signature d'un partenariat pour financer les études cliniques de phase III ? Avec qui ?
P.A. : Nous avons toujours parlé du premier semestre 2009. Il faut compter au moins six mois de travail en général pour conclure un tel partenariat avec un grand groupe pharmaceutique. Compte tenu de nos relations, Roche serait un candidat naturel, mais Pfizer, Elli Lilly, Sanofi-Aventis ou GSK sont tout aussi crédibles. C'est un petit monde, les congrès scientifiques permettent de multiples rencontres. Il y a des discussions. Le partenaire devra impérativement disposer de larges ressources cliniques et financières ainsi que d'une puissance commerciale mondiale. Dans le cas contraire, son retour sur investissement serait compromis, les coûts de développement d'un tel produit étant colossaux.
Les perspectives du produit d'immunothérapie TG 4001 ont semblé plus mitigées dernièrement...
P.A. : L'accord de partenariat aurait déjà été rompu si Roche doutait un tant soit peu du produit. L'ajout d'une étude complémentaire de phase II au plan de développement vise à maximiser son potentiel avant l'entrée en phase III. Le TG 4001 s'adresse à des femmes affectées de manière chronique par un virus de la famille des papillomavirus humains (HPV). Les derniers tests ont porté sur un génotype particulier du virus, présent chez 50 % des femmes atteintes de lésions précancéreuses du col utérin. Mais nous pensons que notre produit est efficace contre d'autres virus apparentés à la même famille. Reste à le démontrer, afin de pouvoir soigner un éventail de patientes beaucoup plus large in fine.
Mais plus le programme de développement s'allonge, plus la durée de protection conférée par le brevet diminue...
P.A. : La problématique d'expiration des brevets est surtout prégnante lorsqu'elle concerne de petites molécules obtenues par synthèse chimique, facilement copiables. Les barrières à l'entrée sont bien plus difficiles à franchir dans notre domaine. On ne parle d'ailleurs pas de génériques mais de biosimilaires. Il est impossible de dresser la cartographie exacte d'un produit biopharmaceutique, qui est autant défini par sa construction originelle que par son processus de production et son processus de contrôle.
Regardez-vous votre cours de Bourse ?
P.A. : L'action Transgène et les biotechs en général ressemblent presque à des valeurs refuges en comparaison des bancaires ! Il est toutefois frustrant de constater que Transgène vaut aujourd'hui moitié moins qu'avant l'annonce des bons résultats dans le traitement du cancer du poumon. Notre actionnaire de référence, la famille Mérieux, a parfaitement conscience, heureusement, de la durée du cycle de développement d'un médicament, manifestement plus longue que la vision d'une majorité d'investisseurs. Et pour ceux qui voient loin, la crise boursière offre des opportunités et permet de rebattre les cartes.
Propos recueillis par François Berthon Interview parue dans la Vie Financière n°3303
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