(BFM Bourse) - Le franchissement des 4000 pts est de bon augure pour le CAC 40 mais il n'efface pas tous les doutes. Un stock-picking rigoureux restera indispensable cette année, explique Nicolas Paccioni, gérant du fonds Global Euro Middle Cap, investi en valeurs moyennes françaises et européennes.

Tradingsat.com : Comment se présente la nouvelle année boursière selon vous ?

Nicolas Paccioni : 2011 m'inspire une confiance mesurée. Les banques restent le sujet d'inquiétude majeur. Elles regorgent d'obligations d'Etats européens dont les finances publiques sont préoccupantes, mais la BCE a su calmer la nervosité des marchés qui peuvent se focaliser sur la bonne santé des entreprises.

Tradingsat.com : Le mois de janvier a plutôt bien débuté.

Nicolas Paccioni : Il y a beaucoup d'argent, beaucoup de liquidité, qui se déversent sur les marchés, ce qui me donne l'impression que les fondamentaux sont laissés de côté. Les investisseurs semblent avoir chaussé leurs lunettes roses, un peu comme s'ils ne voyaient que ce qui peut les rassurer. Je trouve d'ailleurs que les indices ont plutôt bien tenu l'année dernière au regard de l'ampleur du problème de l'endettement des Etats, qui est loin d'être résolu.

Tradingsat.com : Les entreprises ne sont-elles pas mieux gérées ?

Nicolas Paccioni : Sans doute, mais la question est de savoir si elles vont pouvoir continuer à redresser leurs marges. Pour des groupes peu implantés dans les marchés émergents, les progrès actuels sont surtout liés à des réductions de coûts massives, beaucoup moins au dynamisme de l'activité. Or les dernières statistiques de consommation aux Etats-Unis ne sont pas très brillantes. Le chemin à parcourir pour retrouver les niveaux de croissance d'il y a deux ou trois ans reste important.

Tradingsat.com : Quelle stratégie d'investissement adopter dans ce contexte ?

Nicolas Paccioni : La sélectivité est le maître mot. Deux thématiques d'investissement devraient permettre de tirer son épingle du jeu selon moi : les valeurs susceptibles de faire l'objet d'OPA, et celles qui vont profiter de la croissance des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). Il faudra aussi bien analyser les bilans, et identifier les sociétés encore capables d'améliorer leurs marges.

Tradingsat.com : Les valeurs moyennes constituent votre univers d'investissement. En quoi pourraient-elles mieux se comporter que les grandes capitalisations cette année ?

Nicolas Paccioni : Par rapport aux grandes capitalisations, leur liquidité est moindre, mais la croissance de leurs bénéfices est en moyenne deux fois supérieure (+25.2% pour le CAC Mid 100 contre +13% pour le CAC 40). Cette classe d'actifs donne la possibilité d'investir dans une gamme de titres très rentable dans une grande diversité de secteurs, de style (croissance, décote) et dont l'exposition aux pays émergents peut être importante.

Tradingsat.com : On trouve plusieurs valeurs de santé dans les premières positions du fonds : Ipsen, bioMérieux, Orpéa…

Nicolas Paccioni : C'est un secteur qui permet à la fois de sécuriser le portefeuille avec des sociétés capables de dégager des cash flows récurrents, et de miser sur certaines « biotechs » à fort potentiel de croissance. Ipsen s'est littéralement fait massacrer d'une façon injustifiée. Le retard dans le développement d'un nouveau médicament contre le diabète avec Roche a totalement occulté les atouts de la société.

Tradingsat.com : Quelle est la biotech la plus prometteuse selon vous ?

Nicolas Paccioni : Sans hésiter Transgene. Rien n'est encore fait, mais ses développements dans l'immunothérapie pour le traitement des cancers et des maladies infectieuses chroniques visent des besoins médicaux considérables, que ce soit dans le cancer du poumon, les pathologies du col de l'utérus… Une option de licence a été accordée à Novartis sur le produit le plus avancé, qui pourrait devenir un blockbuster. Tout reflux du titre sous les 13 euros peut-être mis à profit pour constituer ou renforcer une position.

Tradingsat.com : Dans un tout autre secteur, vous semblez apprécier Groupe Eurotunnel.

Nicolas Paccioni : C'est une entreprise qui a prouvé qu'elle pouvait redevenir rentable une fois sa dette restructurée. Elle associe à la fois l'aspect défensif des valeurs de concessions à un potentiel de croissance loin d'être négligeable, lié notamment à ses ambitions dans le fret. Goldman Sachs ne s'y est d'ailleurs pas trompé en acquérant 17% du capital.

Propos recueillis par François Berthon