(BFM Bourse) - L'action Transgène a progressé de plus de 50% depuis le début de l'année 2007. Le titre a vu son cours multiplié par huit depuis les planchers de 2002. Philippe Archinard, Directeur Général de Transgene, revient avec Tradingsat.com sur ce parcours et les projets de sa société.

Tradingsat.com : Que vous inspire l'impressionnante remontée boursière de Transgene ?

Philippe Archinard : Le parcours réalisé était loin d'être évident si l'on remonte deux ans en arrière. A l'époque, aucune biotech ne s'était financée sur le marché depuis NicOx en 1999. Nous sommes pourtant parvenus à lever près de 35 Millions d'euros en juillet 2005. Il y a un an, le rebond de notre action s'est amorcé avec la publication des résultats positifs de phase II du vaccin thérapeutique anti-HPV pour le traitement des lésions précancéreuses du col de l'utérus. Dernièrement, l'annonce de la signature de l'accord avec Roche nous a permis de franchir un nouveau palier.

Tradingsat.com : Au delà des moyens financiers qu'elle apporte, en quoi la signature d'un tel partenariat avec Roche est-elle si importante ?

Philippe Archinard : Comme tous les deals entre les groupes pharmaceutiques et les biotechs, l'accord avec Roche comporte une facette financière soutenue par le potentiel du produit. C'est très peu de chose toutefois par rapport à la qualité du partenaire. Le fait d'avoir signé avec Roche est sans doute bien plus conséquent que si cela avait été une autre pharma. Lorsque l'on parle d'oncologie, de virologie, de bioproduits, de produits innovants, de nouvelles classes thérapeutiques, de médicaments « first in class », c'est à dire faisant appel à de nouveaux mécanismes d'action, Roche est en avance sur tous les autres. On a donc beau dire que ce que l'on fait est bien, si Roche le dit, c'est beaucoup mieux.

Tradingsat.com : Est-il possible d'envisager que ce partenariat avec Roche puisse déboucher un jour sur un lien capitalistique ?

Philippe Archinard : Aucune mention à cet égard ne figure dans l'accord signé avec Roche. Il est vrai que, contrairement à une biotech typique, nous avons une spécificité, la présence d'un actionnaire de référence, la famille Mérieux, qui contrôle la société. Présente dans les moments difficiles, elle a aussi montré qu'elle ne se mettait jamais en travers du développement de ses actifs. Et puis historiquement lorsqu'elle a décidé de passer la main, c'est que la société était devenue un leader mondial, (....).Ce n'est en tout cas pas d'actualité.

Tradingsat.com : Vous êtes également susceptible de signer un accord de partenariat pour un autre produit, le TG4010…

Philippe Archinard : Le TG4010, notre deuxième projet, est un vaccin anticancer qui utilise comme antigène vaccinal un marqueur tumoral qui s'appelle la MUC1. Nous souhaitons faire la preuve du concept sur une indication, le cancer du poumon, et si les résultats sont concluants, nous chercherons un partenaire pour mener à bien le développement, trop coûteux pour nos moyens. Une nouvelle fois, Roche est un candidat possible (...), mais Pfizer, Elli Lilly, Sanofi-Aventis, GSK, etc....pourraient également manifester leur intérêt.

Si le produit fonctionne, il sera évalué dans d'autres indications, telles que le cancer de la prostate. Nous aurons aussi la possibilité de tester le produit à un stade moins avancé du cancer du poumon. Comprenez que les vaccins thérapeutiques ont pour avantage d'être a priori bien tolérés. Si nous parvenons à démontrer leur efficacité, alors leur potentiel peut être encore plus large que celui des anticorps monoclonaux, tel l'Avastin, justement parce qu'ils pourront être donnés à des patients qui ne sont pas encore à des stades invalidants de la pathologie.

Tradingsat.com : Un mot sur la dernière augmentation de capital et votre situation financière ?

Philippe Archinard : L'argent que nous avons obtenu de Roche et notre récente levée de fonds nous donnent 4 à 5 années de trésorerie, ce qui devrait nous amener à la profitabilité. C'est à dire que nous deviendrons une société "normale" commercialisant des produits à des clients, avec des stocks et finançant sa Recherche & Développement sur les marges opérationnelles. Tout cela pour l'horizon 2011-2012 environ.

Propos recueillis par F.B.