(BFM Bourse) - Le directeur général de Tesla a annoncé la création de son propre parti politique aux États-Unis, s'opposant un peu plus frontalement à Donald Trump. Ce qui renforce les craintes de mesures potentiellement négatives à l'encontre du constructeur automobile.

Le titre du spécialiste des véhicules électriques Tesla chutait de près de 8% à l'ouverture de Wall Street lundi après que son patron Elon Musk a annoncé samedi la création de sa propre formation politique, le "Parti de l'Amérique".

Vers 13H50 GMT, le groupe lâchait 7,76% à 290,89 dollars, repassant sous le seuil symbolique des 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière.

Le titre réagit à l'annonce d'Elon Musk tombée ce week-end. L'homme d'affaires et directeur général de Tesla, autrefois proche de Donald Trump avant de se brouiller avec le président américain au sujet de la loi de finances américaine (le fameux "big, beautiful, bill"), a annoncé la création de son parti politique "le parti de l'Amérique".

Rappelons qu'Elon Musk est né en Afrique du Sud ce qui l'empêche de se présenter à la présidentielle américaine. Sur X (ex-Twitter), l'homme d'affaires a indiqué viser quelques sièges au Sénat américain (2-3) et à la Chambre des représentants (8 à 10).

Au vu de la répartition parfois très serrée du Congrès américain entre démocrates et républicains (le projet de loi budgétaire n'a été adopté au Sénat qu'avec la voix du vice-président américain, JD Vance), ce type de représentation peut faire pencher la balance sur des textes cruciaux.

Évidemment, Donald Trump n'a pas franchement apprécié l'annonce, qualifiant la décision de "ridicule".

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Des investisseurs épuisés

Depuis que le torchon brûle ardemment entre le président américain et Elon Musk, les investisseurs redoutent que les pouvoirs publics prennent des mesures qui pénaliseraient Tesla. La semaine dernière, Trump avait menacé de supprimer l'ensemble des subventions accordées aux entreprises d'Elon Musk, dont Tesla ou Space X. Ce qui avait déjà fait sérieusement tanguer l'action.

"Musk a plongé plus profondément dans la politique et essaie maintenant de s'attaquer à l'establishment, ce qui est exactement la direction opposée que les investisseurs/actionnaires de Tesla veulent qu'il prenne pendant cette période cruciale pour l'histoire de Tesla", déplore Dan Ives de Wedbush.

"Alors que le noyau dur des partisans de Musk le soutiendra à chaque tournant quoi qu'il arrive, de nombreux investisseurs de Tesla éprouvent un sentiment général d'épuisement à l'idée que Musk continue de s'engager sur la voie de la politique", poursuit-il.

Pour l'expert, la création de son propre parti par Musk lui fera "perdre un temps précieux pour Tesla, Space X, etc.. au profit de la politique".

Tesla se retrouve actuellement dans une période charnière pour ses technologies d'autonomie. La société a d'ailleurs lancé le mois dernier son service de robotaxis au Texas et prévoit de l'élargir à davantage de villes au cours de l'année avant un déploiement à grande échelle en 2026.

Sous certaines hypothèses, la banque suisse UBS calculait que ces services de robotaxis pourraient générer plus de 200 milliards de dollars de revenus à l'horizon 2040.

Plus largement, Elon Musk lui-même estime que les technologies d'autonomie représentent le gros de la valorisation de Tesla (environ 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière).

Mais Dan Ives redoute que l'administration Trump crée "des obstacles" au déploiement des technologies de la société (ainsi que pour Space X) "dans les années à venir, si cette bataille politique devient plus 'méchante' à l'approche des élections de mi-mandat de 2026".