par Benjamin Mallet

BRUXELLES-PARIS (Reuters) - Suez annonce la cession au groupe d'énergie italien Eni de sa part de 57,25% dans le distributeur de gaz belge Distrigaz à un prix de 7.061 euros par action coupon attaché.

Le groupe français, spécialisé dans l'énergie et les services collectifs, a précisé que cette opération, imposée par Bruxelles dans le cadre de sa fusion avec Gaz de France, lui permettrait de réaliser une plus value d'environ deux milliards d'euros.

Suez a dans le même temps annoncé l'acquisition auprès d'Eni d'environ de 2,6 milliards d'euros d'actifs afin de renforcer sa présence en Italie principalement.

"Ces actifs vont permettre à GDF-Suez de remplacer dans son périmètre d'activités Distrigaz par d'autres activités, particulièrement en Italie", a souligné Gérard Mestrallet, P-DG de Suez, lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

Le prix de la cession des 57% de Distrigaz (6.809,64 euros par action, après détachement du coupon relatif au dividende de 2007) "correspond à l'offre la plus élevée" a indiqué Suez. Il valorise Distrigaz à 4,8 milliards d'euros et la participation de Suez à 2,7 milliards d'euros.

Le français EDF et le groupe allemand E.ON étaient également candidats à la reprise de la participation de Suez dans Distrigaz avant que le groupe annonce des négociations exclusives avec Eni, le week-end dernier.

"Nous souhaitions avoir la possibilité de vendre à un prix raisonnable, mais surtout de maintenir la dimension industrielle du groupe Suez et demain de GDF-Suez", a déclaré Gérard Mestrallet.

Grâce à cette opération, Eni va pour sa part renforcer sa position et devenir le premier distributeur de gaz naturel en Europe avec un rôle majeur hors de l'Europe du Sud, ont souligné les analystes ces derniers jours.

"COMPLÉMENT DE PRIX"

"Nous sommes assez faibles dans le nord de l'Europe et Distrigaz est présent là où nous voulons augmenter notre présence", a déclaré lors d'une conférence de presse Paolo Scaroni, P-DG du groupe italien d'énergie.

Il s'est également dit "très optimiste" vis-à-vis d'un feu vert de la Commission européenne sur l'opération et a indiqué qu'il ne pensait pas pouvoir lancer une offre sur les minoritaires de Distrigaz avant la mi-septembre au plus tôt.

"Conformément aux demandes de la Commission Européenne et en liaison avec Eni, Suez confirme son intention de proposer que Distrigaz cède sans délai sa filiale de transit de gaz, Distrigaz & Co, à Fluxys" (gestionnaire du réseau de gaz naturel en Belgique, NDLR), a pour sa part précisé le groupe français.

"Il sera proposé que cette cession par Distrigaz à Fluxys se compose, pour les activités transit, d'un prix fixe plancher de 350 millions d'euros et d'un complément de prix payable lorsque le cadre tarifaire aura été redéfini", a-t-il ajouté.

Le prix de 6.809,64 euros par action payé par Eni intègre ce prix fixe plancher, le complément de prix éventuel versé devant être déterminé "sur base du complément de prix payable par Fluxys à Distrigaz".

Suez a dans le même temps annoncé un accord-cadre avec Eni portant sur l'acquisition auprès du groupe d'énergie italien de 1.100 MW de capacité de production virtuelle (VPP) en Italie, du réseau de distribution de gaz de la municipalité de Rome et un ensemble d'actifs en exploration et production situés au Royaume-Uni, dans le Golfe du Mexique, en Egypte et en Indonésie.

"LE MARCHÉ ACTE LA FUSION SUEZ-GDF"

Le français a également conclu avec Eni un contrat d'approvisionnement de 4 milliards de mètres cubes par an de gaz en Italie sur 20 ans (avec une option pour un contrat de fourniture additionnel de 2,5 milliards de m3 par an sur 11 ans, livrable en Allemagne) et un contrat d'approvisionnement de 900 millions de m3 par an de GNL (Gaz naturel liquéfié) en équivalent gazeux dans le Golfe du Mexique sur 20 ans.

Le rachat de 57% de Distrigaz par Eni "garantit la sécurité de l'approvisionnement du marché belge, renforce la concurrence et offre des perspectives de développement des investissements dans le secteur énergétique en Belgique", a estimé le ministère des Finances belge dans un communiqué.

La transaction entre Suez et Eni reste toutefois conditionnée par la réalisation de la fusion entre Suez et Gaz de France, le non-exercice du droit de préemption de Publigaz et l'agrément de l'acquéreur par la Commission européenne.

Le titre Distrigaz a été suspendu lundi à Bruxelles sur un cours de 6.289,99 euros. Le titre Suez a progressé jeudi de 2,69% à 47,40 euros.

"C'était quasiment le dernier obstacle à la fusion entre Suez et GDF et le marché acte la fusion", a estimé un gérant basé à Paris. La fusion Suez-GDF devrait intervenir à la mi-juillet.

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