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PARIS (Reuters) - Scor a annoncé que le coût net des ouragans Ike et Gustav serait de 50 millions d'euros pour le groupe et estime que la réassurance devrait mieux gérer sa situation d'actifs que le secteur bancaire et profiter d'une remontée des tarifs en 2009.
"Le coût pour Scor des ouragans Gustav et Ike, net de réassurance et après impôts, est de l'ordre de 50 millions d'euros", a déclaré lundi à Reuters Denis Kessler, P-DG du 5e réassureur mondial, lors d'une interview.
Dans la crise, Denis Kessler relève que les assureurs et les réassureurs, qui sont confrontés à la chute de leurs actifs, n'ont cependant pas les contraintes de liquidité des banques.
"Ils géreront mieux leur situation d'actifs que les banques qui sont soumises à des contraintes de remboursements (...) On ne peut pas rembourser les contrats, en assurance dommage, et en assurance vie, les pénalités de rachats sont dissuasives", a-t-il expliqué.
Si la chute des marchés n'affecte pas la rentabilité technique des réassureurs, elle rogne leurs résultats financiers, donc, in fine, leur résultat net, mais, selon Denis Kessler, "dans des proportions qui n'ont rien à voir avec celles du monde bancaire".
"Les réassureurs ont un horizon de placement d'environ 7-8 ans et toujours un cash flow positif, qui permet de ne pas avoir à se précipiter pour réaliser des moins values. Nous gardons les actifs jusqu'à un retour à une meilleure fortune car nous n'avons pas de contrainte de liquidité", a poursuivi le P-DG de Scor.
"Nous sommes un peu déconnectés grâce à notre activité de réassurance dommage, des effets de la crise. Sur la partie vie, nous sommes plus touchés", a-t-il reconnu.
Il a également dit anticiper une hausse des tarifs mondiaux de réassurance en 2009, invoquant une offre plus rare et une demande plus forte, conséquence de la crise financière.
"Beaucoup d'assureurs n'ont pas d'accès aux marchés des capitaux aujourd'hui. Ils ont beaucoup de difficultés à émettre de la dette hybride, de la dette senior. Donc tout assureur qui veut conforter sa base de bilan se tourne vers les réassureurs", a-t-il dit.
"A l'heure actuelle, dans ces conditions, nous pensons que les tarifs de réassurance vont augmenter en 2009".
Interrogé sur l'impact de la récession sur le marché de la réassurance, Denis Kessler estime qu'un fort ralentissement économique devrait peser sur l'activité de la masse assurable, mais pas forcément sur la réassurance, dont la matière première est la grande sinistralité, qui a, elle plutôt tendance à augmenter.
De ce point de vue, la réassurance est en partie décorrélée de la situation économique, a poursuivi Denis Kessler.
Il a également indiqué que Scor avait suivi une politique prudente en termes de structure du bilan au cours des deux dernières années.
"Scor a accumulé des liquidités (le cash représente 15% des placements du réassureur) et nous avons réduit la durée de nos portefeuilles obligataires permettant d'éviter de subir une remontée des taux et de recevoir du cash flow additionnel de la maturation des obligations en 2008 et 2009", a-t-il précisé, rappelant aussi que Scor n'avait pas opéré de rachats d'actions en 2007 et 2008.
"Nous avons réduit de presque moitié l'endettement du groupe", s'est-il félicité.
A la question de savoir si la chute des valorisations était propice à une consolidation du secteur, le P-DG de Scor a répondu que, dans le climat actuel d'instabilité et de manque de visibilité, il ne voyait pas "qui ferait mouvement dans un sens ou dans l'autre".
Pascale Denis, édité par Jacques Poznanski
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