(BFM Bourse) - Le groupe helvético-néerlandais a ramené sa participation à 1% au capital de l'ETI de Grasse, contre près de 22% précédemment. Ce qui calme les anticipations d'une potentielle OPA sur la société familiale.

Robertet connaît un bouleversement capitalistique majeur. Le spécialiste des extraits naturels a annoncé vendredi la quasi-sortie d'un de ses plus importants actionnaires, à savoir DSM-Firmenich.

Cette société helvético-néerlandaise a ramené sa participation dans Robertet d'environ 21,8% du capital à 1%. Pour cela, DSM-Firmenich a effectué plusieurs opérations.

Le groupe spécialisé dans la santé, les parfums et les arômes a vendu sur le marché (par l'intermédiaire d'un placement via un carnet d'ordre accéléré) 135.000 actions Robertet (6% du capital) à un prix de 850 euros, soit une décote de 7,5% par rapport au cours de clôture de jeudi soir (919 euros). Ce qui représente un montant total de 850 millions d'euros.

Outre ce placement, DSM-Firmenich a vendu l'équivalent d'environ 15% du capital à Peugeot Invest, la holding de la famille Peugeot, au Fonds stratégique de participations (un fonds détenu par sept assureurs français), ainsi qu'à la famille Maubert, l'actionnaire historique de Robertet. Ce qui permet à Peugeot Invest et au Fonds stratégique de participation de faire leur entrée au capital de la société française, avec 7,1% chacun.

DSM-Firmenich a encore environ 1% du capital de Robertet avec un engagement de conservation des titres de 60 jours.

>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading

Une entrée au capital en 2019

Ces différentes cessions de titres marquent ainsi le désengagement quasi-total de DSM-Firmenich de Robertet.

Firmenich était entré fin 2019 dans le capital de Robertet, rachetant alors la participation de 17% du fonds First Eagle International. Dans la mesure où le groupe suisse, qui a ensuite fusionné avec le néerlandais DSM en 2023, constitue un concurrent de Robertet, le marché avait alors spéculé sur une potentielle offre publique d'achat (OPA) sur l'ETI française basée à Grasse.

Fondé en 1850 par François Chauve et son neveu Jean-Baptiste Maubert, Robertet est spécialiste de l’approvisionnement et de la transformation de matières premières végétales en extraits naturels. Ces extraits sont ensuite utilisés pour la création de parfums, d’arômes pour les produits pharmaceutiques et alimentaires ou encore d’actifs entrant dans la composition de produits de santé et de beauté.

Ce positionnement de niche avait, donc, tapé dans l'œil de Firmenich fin 2019. Et, quelques mois plus tard, en février 2020, un autre concurrent suisse, Givaudan, a pris 4,7% du capital de Robertet.

Ce qui n'a fait que renforcer les spéculations d'OPA, quand bien même la famille Maubert (qui possède 37% du capital et surtout 62,4% des droits de vote) a, à plusieurs reprises clamé, haut et fort l'indépendance du groupe français.

Vers un renforcement de Givaudan

Quatre années plus tard, il apparaît donc que DSM-Firmenich semble renoncer à toute velléité de rachat. "Entré au capital du groupe en 2019 avec certainement l’intention de prendre le contrôle de son concurrent, Firmenich jette donc finalement l’éponge. Cette décision semble également s’inscrire dans la réorientation stratégique du groupe suite à sa fusion avec DSM", commente TP ICAP Midcap.

"Au final, cette recomposition de l’actionnariat devrait logiquement réduire l’intérêt spéculatif autour du titre, du moins à court terme", ajoute le bureau d'études.

Sans surprise, l'action Robertet souffre quelque peu à la Bourse de Paris, perdant 4,2% vers 14h40.

TP ICAP Midcap pense toutefois que Givaudan pourrait, lui, profiter de l'élargissement du flottant -la part des titres qui circulent librement sur le marché- du capital de Robertet, pour se renforcer "prochainement". La vente de 6% du capital par DSM-Firmenich sur le marché a logiquement augmenté ce flottant.

En attendant le bureau d'études a confirmé son conseil à l'achat sur Robertet, "considérant toujours que la valorisation est loin de refléter la qualité des fondamentaux du groupe".