par Gilles Guillaume et Caroline Jacobs
PARIS (Reuters) - Rhodia anticipe une amélioration très sensible de ses résultats au deuxième trimestre après trois premiers mois de l'année extrêmement faibles, la fin de l'impact négatif du prix des matières premières venant s'ajouter à l'apparition de quelques signes de reprise de la demande.
Dans une interview à Reuters, le P-DG de Rhodia Jean-Pierre Clamadieu a également annoncé que le groupe chimique venait de renégocier quelques jours plus tôt les covenants de performance attachés à sa ligne de crédit bancaire non tirée de 600 millions d'euros afin d'améliorer sa flexibilité financière.
Il a aussi fait savoir qu'il prendrait dans les prochains mois de nouvelles mesures pour ajuster ses effectifs en France et dans le reste du monde face à la crise actuelle.
"Comme anticipé, nous avons observé au 1er trimestre les niveaux de demande très faibles que nous avons connus à la fin du 4e trimestre sur la plupart de nos marchés", a déclaré Jean-Pierre Clamadieu.
"C'est une confirmation que les résultats du 1er trimestre seront extrêmement faibles", a-t-il ajouté, sans donner de précisions chiffrées.
La période écoulée a été marquée pour Rhodia par la faiblesse persistante de la demande émanant de l'automobile et de la construction et par le prix élevé des matières premières achetées en 2008. Le fait que les usines du groupe ne tournent pas à pleine capacité et le caractère saisonnier du marché des crédits carbone, pour lequel le 4e trimestre est traditionnellement le plus solide de l'année, ont également pesé sur les résultats.
Le chimiste, qui publiera ses trimestriels le 6 mai, avait simplement déclaré jusqu'ici s'attendre à ce que son Ebitda soit affecté par ces différents éléments. Au quatrième trimestre, Rhodia a été confronté à une chute de 17% des volumes. Interrogé sur le premier trimestre, Jean-Pierre Clamadieu a refusé de donner un chiffre mais indiqué que la baisse "sera encore plus marquée".
Contrairement au dernier trimestre de 2008, la demande est restée faible sur l'ensemble des trois mois de la période, mais le groupe s'estime malgré tout en mesure de défendre ses marges.
L'action Rhodia a clôturé mercredi en hausse de 3% à 3,43 euros, donnant une capitalisation boursière de 337 millions. Depuis le début de l'année, le titre a perdu 24% environ après avoir dégringolé de près de 83% en 2008.
NOUVEAUX AJUSTEMENTS EN VUE SUR LES SITES RHODIA
Lors de la publication de ses résultats annuels fin février, le groupe avait déclaré ne pas disposer de signe tangible de reprise sur les marchés affectés. Rhodia entrevoit désormais une petite éclaircie sur le court terme mais précise qu'il est très difficile d'extrapoler ce pronostic au-delà, la visibilité pour l'ensemble de 2009 restant limitée.
"Aujourd'hui, nous commençons à voir certains signes permettant de dire que la demande est en train de redémarrer légèrement en Asie et en Amérique latine", a poursuivi Jean-Pierre Clamadieu. Rhodia réalise dans ces deux régions près de 45% de son chiffre d'affaires.
Sur le continent européen et en Amérique du Nord, la demande continue en revanche de stagner à des niveaux très bas.
"Au 2e trimestre, nous allons observer des améliorations significatives, notamment parce que le problème des matières premières sera derrière nous", a-t-il ajouté. Environ 80% des matières premières utilisées par Rhodia sont d'origine fossile et le groupe a été affecté par la flambée du baril de pétrole qui a marqué une grande partie de l'année dernière.
"En Europe, nous nous attendons à assister à la fin du phénomène de déstockage dans la chaîne de production aval", a également indiqué Jean-Pierre Clamadieu, en référence notamment à l'automobile, avant d'ajouter: "C'est une prévision, pas un fait."
Pour traverser au mieux la crise, l'une des priorités de Rhodia est de maintenir son niveau de liquidité dans le climat actuel d'incertitude. La renégociation des covenants sur sa ligne de crédit de 600 millions lui donne à ce titre "une flexibilité très significative pour s'assurer qu'il peut continuer à bénéficier de cette facilité bancaire."
Il a également lancé un plan d'économies dont il attend 150 millions d'euros de réductions de coûts de structure à travers l'ensemble de ses activités mondiales à l'horizon 2011. La branche polyamide, confrontée à des surcapacités structurelles, doit contribuer à hauteur de 60 millions à l'objectif total d'économies.
Dans le cas de l'Hexagone, Rhodia a déjà annoncé fin mars son intention de supprimer 91 postes sur trois sites. Jean-Pierre Clamadieu a indiqué que les nouvelles suppressions d'emplois envisagées devraient être du même ordre de grandeur. "Nous ne prévoyons pas de fermeture d'usines. Nous ne sommes pas dans une stratégie agressive de réduction d'effectifs", a-t-il précisé.
Rhodia emploie plus de 14.500 personnes dans le monde, dont 4.700 en France.
Edité par Jacques Poznanski
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