par Benjamin Mallet et Cyril Altmeyer
PARIS (Reuters) - Rhodia annonce une forte hausse de ses résultats 2007 et le versement d'un dividende pour la première fois en cinq ans mais ses prévisions ont entraîné une chute spectaculaire du titre en Bourse.
Pour 2008, le groupe de chimie de spécialités a dit viser une nouvelle progression de son Ebitda récurrent et de son bénéfice net par action.
Il a toutefois également indiqué que la hausse des matières premières et de l'énergie serait un "challenge" et a renoncé à sa prévision d'une marge d'Ebitda de 15% en 2008 hors crédits carbone (contre 13,6% en 2007).
Vers 14h10, le titre plonge de 15,18% à 18,11 euros pendant que l'indice européen du secteur se replie de 1,57%.
Rhodia a dégagé en 2007 un résultat net part du groupe en hausse de 108% à 129 millions d'euros, en deçà du consensus Reuters Estimates daté du 27 février qui s'établissait à 154,6 millions.
Des charges de restructuration expliquent la "relative faiblesse" du résultat net au quatrième trimestre, a expliqué le directeur général Jean-Pierre Clamadieu. Il s'est établi à 22 millions d'euros contre 45 millions au troisième trimestre.
L'Ebitda récurrent du groupe progresse de 17% à 799 millions, au-dessus du consensus (786 millions), et le chiffre d'affaires est en hausse de 5,6% à 5.081 millions contre 5.114 millions attendus.
"DÉCEPTION"
"Il y a une déception sur deux points : la prévision du groupe - notamment en ce qui concerne les marges hors crédits carbone - et un résultat net en dessous du consensus", a souligné Clément Célérier, analyste chez Natixis Securities, tout en indiquant qu'il restait "clairement positif" sur la valeur.
Concernant les prévisions de Rhodia, il a souligné qu'il fallait s'attendre à des hausses des prix des matières premières "très importantes" et que le groupe avait renoncé à sa prévision de marge d'Ebitda récurrent de 15% hors crédits carbone en 2008, alors que l'anticipation de Natixis Securities était à ce niveau.
Toutefois, pour Clément Célérier, la valorisation de Rhodia reste très basse et le groupe s'est montré "très confiant dans sa capacité à répercuter dans ses prix les hausses des matières premières, sans doute pas au 1er trimestre 2008 mais sur l'ensemble de l'année".
Un autre analyste basé à Paris a pour sa part souligné le caractère "prudent" des prévisions de Rhodia. "Dans le marché actuel, les déceptions se traduisent vite par des sanctions", a-t-il ajouté.
Jean-Pierre Clamadieu a toutefois estimé lors d'une conférence de presse que Rhodia avait franchi en 2007 "une nouvelle étape dans son histoire". "Nous sommes aujourd'hui engagés de manière très volontariste dans une dynamique de croissance et nous le faisons à partir d'une base qui nous paraît très solide", a-t-il dit.
"Nous restons sur des tendances de demande qui sont fortes (...), même en Europe nous ne sentons pas aujourd'hui les prémices d'une récession", a ajouté Jean-Pierre Clamadieu.
"En revanche - c'est le challenge majeur que nous devons relever - nous voyons en 2008 une augmentation très brutale des prix des matières premières et de l'énergie", a-t-il également dit, précisant que Rhodia anticipait pour le seul 1er trimestre une hausse de 80 millions d'euros (+120 millions sur l'ensemble de 2007).
Rhodia entend ainsi être "extrêmement attentif sur la gestion des prix" en 2008 et sur ses dépenses d'investissements et des frais fixes. Il juge toutefois "irréaliste" d'atteindre son objectif de 15% de marge d'Ebitda récurrent hors crédits carbone en 2008, qu'il avait annoncé fin 2005.
À moyen terme, Rhodia prévoit de "générer une croissance organique supérieure à la moyenne du marché, de continuer à augmenter son free cash flow, d'atteindre un CFROI (Cash Flow Return On Investment) supérieur au coût du capital dans toutes ses activités, ceci permettant une progression de son dividende".
Le directeur général de Rhodia a également souligné que ses activités dans les isocyanates (à Pont-de-Claix, en Isère) et l'acide salicylique étaient marqués par une absence de croissance organique et une profitabilité "peu satisfaisante".
"Nous avons dit clairement, et je le redis aujourd'hui, que nous cherchons des solutions pour ces activités", a-t-il déclaré, sans donner davantage de précisions concernant le site de Pont-de-Claix.
Il a également déclaré que Rhodia comptait se développer dans les zones à forte croissance (Amérique latine et Asie) où il réalise actuellement 42% de son chiffre d'affaires, précisant lorgner le seuil des 50% sans donner de délai.
"Nous sommes déterminés à croître et des acquisitions ciblées dans un certain de nombre de métiers peuvent constituer de bonnes opportunités de croissance", a-t-il indiqué.
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