(BFM Bourse) - Rattrapé par la conjoncture morose du marché automobile mondiale, le constructeur français a dévoilé un chiffre d'affaires en baisse de 1,6% au 3e trimestre avec une semaine d'avance sur son calendrier de publications. Ce point d'activité est assorti d'un avertissement sur ses résultats et sa marge opérationnelle annuels. Le titre lâche près de 15% dans les premiers échanges.
Sortie de route pour Renault. Le titre du constructeur au losange dévisse de 13,9% à 47,26 euros vendredi peu avant 9h30 dans un volume d'échanges déjà nourri (0,6% du tour de table) moins d'une heure après l'ouverture des cotations sur la place parisienne. Ce plongeon ramène l'action Renault à un niveau plus observé depuis avril 2013, soit un plancher depuis plus de six ans.
Moins d'une semaine après le limogeage de son directeur général Thierry Bolloré, le constructeur tricolore a affirmé jeudi après Bourse qu'il revoyait à la baisse ses objectif financiers annuels. Cette annonce a pris de court le marché -Renault devait publier ses chiffres de ventes pour le compte du troisième trimestre vendredi 25 octobre- qui sanctionne durement cet avertissement, à la fois sur la marge opérationnelle, le chiffre d'affaires et sur sa génération de flux de trésorerie.
Deuxième avertissement en trois mois
Il s'agit du deuxième "profit warning" du groupe désormais dirigé par Jean-Dominique Senard après avoir déjà renoncé fin juillet à sa promesse initiale d'augmenter ses ventes sur l'exercice 2019. Renault avait également averti que sa marge opérationnelle serait plus basse que prévu en raison de difficultés sur certains marchés "dans un contexte général défavorable pour le secteur".Rebelote donc, pour le constructeur au losange qui évoque "une conjoncture moins favorable qu’anticipée (production automobile mondiale en repli de 3,1% entre juillet et septembre, NDLR) et un contexte réglementaire qui nécessite des dépenses toujours accrues" pour justifier la révision de ses objectifs annuels.
Le chiffre d'affaires 2019 "devrait être en baisse de 3% à 4%", contre une prévision précédente d'un chiffre "proche de l'an dernier" (en baisse de 2,3% à 57,42 milliards d'euros, mais en hausse de 2,5% si l'on exclut l'impact devises, NDLR), a annoncé le groupe dans un communiqué. Cet abaissement d'objectif de revenus annuels intervient alors que le groupe a enregistré un chiffre d'affaires en baisse de 1,6% au troisième trimestre (-1,4% à périmètre et taux de change constants), à 11,3 milliards d'euros. L'objectif de marge opérationnelle est abaissé à 5% contre 6% auparavant et Renault indique qu'il ne peut plus non plus garantir que son free cash-flow opérationnel sera positif au second semestre.
Les objectifs du plan stratégique également réévalués
Le communiqué précise que "la nouvelle équipe de direction réévalue par ailleurs les objectifs du plan "Drive the future" à moyen terme", sans fournir plus de précisions. Pour rappel, celui-ci prévoyait jusque-là un chiffre d'affaires supérieur à 70 milliards d'euros ainsi qu'une marge opérationnelle supérieure à 7% à l'horizon 2022.Cet avertissement intervient donc moins d'une semaine après le conseil d'administration extraordinaire de vendredi dernier à l'issue duquel le directeur général du groupe Thierry Bolloré a été limogé, Jean-Dominique Senard évoquant la nécessité de donner "un nouveau souffle" au constructeur automobile et à son alliance avec le japonais Nissan. Des sources au sein de l'entreprise avaient avancé des problèmes de "management" et de "performance" depuis que Thierry Bolloré avait pris les rênes du groupe à la suite de l'affaire Carlos Ghosn.
La directrice financière Clotilde Delbos, qui a pris sa succession par intérim, a reconnu des difficultés pour mettre en oeuvre un plan de réduction de coûts annoncé fin juillet au moment de la publication des résultats du premier semestre. Réduire les dépenses de recherche et développement s'avère "plus difficile que prévu", a-t-elle admis. "La révision des prévisions est liée au marché" automobile, "principalement aux difficultés hors d'Europe, "comme en Turquie et en Argentine", a cependant expliqué Clotilde Delbos lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.
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