(BFM Bourse) - La filiale cotée du groupe mutualiste BPCE profite de relèvements d'objectifs de plusieurs analystes pour enregistrer une nette hausse mardi matin, en dépit d'un deuxième trimestre consécutif dans le rouge. Le départ du directeur général François Riahi est également bien accueilli par les investisseurs.
Natixis a décollé en Bourse mardi matin, s'adjugeant jusqu'à près de 12% à peine dix minutes après l'ouverture des échanges. Si le titre de la banque d'investissement rétrocède une partie de ses gains matinaux à la mi-séance, il affiche toujours l'une des plus fortes progressions de la cote parisienne vers 12h05, avec un gain de 6,4% à 2,20 euros, au lendemain d'une hausse de 1,1%.
Pour Guillaume Tiberghien, analyste chez Exane BNP Paribas, "cette hausse est plutôt lié au changement de management" qu'aux résultats dévoilés par le groupe lundi après Bourse. Natixis a en effet annoncé le départ de son directeur général François Riahi sur fond de "divergences stratégiques", après une perte nette au deuxième trimestre qui a lourdement pesé sur les résultats de sa maison mère.
De son côté Jefferies a relevé sa recommandation à l'achat, contre conserver, et rehaussé sa cible de 2,70 euros à 2,80 euros, à l'annonce de ce départ. Le bureau d'études justifie ce changement de recommandation par trois éléments: il pense que le deuxième trimestre marque le creux de la vague, s'attend à ce que le nouveau DG se concentre sur l'amélioration de la rentabilité de la banque de financement et d'investissement, et continue de considérer le rendement du de Natixis comme attractif.
Après avoir pris les rênes du groupe deux ans plus tôt, François Riahi "quitte ses fonctions de directeur général de Natixis et de membre du directoire du groupe BPCE en raison de divergences stratégiques concernant les options du futur plan de Natixis", a précisé la banque dans un communiqué. Il sera remplacé à compter de mardi par Nicolas Namias, membre du directoire du groupe BPCE, maison-mère de Natixis, où il occupait jusqu'ici les fonctions de directeur général chargé des finances et de la stratégie.
Ce changement intervient donc dans le sillage d'une nouvelle perte nette de 57 millions d'euros au deuxième trimestre, à comparer à un bénéfice net de 346 millions un an plus tôt, après avoir déjà perdu un peu plus de 200 millions d'euros sur les trois premiers mois. Au premier trimestre, l'établissement avait déjà perdu un peu plus de 200 millions d'euros.
Sur le deuxième trimestre, Natixis, qui regroupe diverses activités telles que les opérations de marché, la gestion d'actifs ou encore l'assurance, a été frappé par "le plein effet de la dislocation des marchés de la fin du premier trimestre, principalement en gestion d'actifs, par les mesures de confinement prises en France et par les annulations de dividende, ainsi que les incertitudes quant à la forme de la reprise économique principalement pour la banque de grande clientèle", détaille le groupe dans son communiqué.
Natixis a par ailleurs traversé diverses zones de turbulences au cours de ces deux dernières années, liées notamment à l'un de ses affiliés, la société de gestion d'actifs britannique H2O: des inquiétudes concernant la liquidité de certains actifs détenus dans ses fonds avaient provoqué plusieurs chutes de son cours de Bourse. La filiale cotée de BPCE a également été victime récemment d'une fraude présumée à Singapour sur le marché du pétrole, où le célèbre courtier Hin Leong vient de faire faillite, victime du coronavirus et d’une gestion pour le moins opaque. C'est donc aux banques, parmi lesquelles figure Natixis, mais aussi la SocGen ou Credit Agricole, d'éponger l'énorme dette de 4 milliards de dollars.
Bond des provisions et cession de Fidor
À l'instar des autres établissements financiers tricolores et mondiaux, Natixis a été contraint de mettre plusieurs centaines de millions d'euros supplémentaires en réserve pour faire face à une éventuelle dégradation de la conjoncture liée à la crise du Covid-19, et par ricochet à une possible multiplication de clients ne pouvant plus rembourser leurs prêts. Son coût du risque, indicateur qui permet de mesurer l'évolution globale des provisions, a ainsi triplé au deuxième trimestre par rapport à la même période en 2019, pour atteindre 289 millions d'euros, contre 109 millions d'euros un an plus tôt. Sur les six premiers mois de l'année, les provisions pour créances douteuses s'établissent à 482 millions d'euros, contre 140 millions d'euros sur le premier semestre 2019.La banque mutualiste a aussi vu son produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires, chuter de presque 13%. Elle assure toutefois bénéficier d'une position en capital "très solide". "Nos activités résistent bien, dans la majeure partie de nos métiers, nos revenus sont même en progression dans la banque de proximité et l'assurance" et l'activité a été "très dynamique" en gestion d'actifs (PNB tout de même en repli de 13% à 1,47 milliard d'euros), a souligné le président du directoire du groupe Laurent Mignon, lors d'une conférence de presse.
La maison-mère de Natixis, BPCE, a par ailleurs annoncé être entré en négociation exclusive avec la société américaine Ripplewood Advisors pour la cession de l'intégralité du capital de sa filiale allemande de banque en ligne Fidor. Achetée pour 150 millions d'euros en 2016 -sous l'ère du précédent patron François Pérol- puis recapitalisée à hauteur de 90 millions d'euros, cet actif n'était plus considéré comme stratégique depuis plusieurs trimestres faute de réussir à lui trouver un modèle viable. La réalisation de cette transaction est actuellement prévue au cours du premier semestre 2021.
Revue stratégique sur les dérivés
BPCE a également engagé un projet d'ajustement du positionnement en dérivés actions, tant sur la nature des produits que des clientèles visées, en vue de réserver cette activité "à nos clients stratégiques et aux réseaux du groupe plutôt que d'avoir une démarche large et vaste en la matière", indique Laurent Mignon. Natixis explique aussi dans son communiqué avoir fait les frais "des incertitudes quant à la forme de la reprise économique principalement pour la banque de grande clientèle", où sont logées les activités de marché et de conseil aux grandes entreprises.Cette contre-performance, conjuguée à des provisions pour risque de crédit, a pesé sur les résultats de BPCE, qui a vu son propre bénéfice net chuter à 131 millions d'euros contre un peu moins d'un milliard un an plus tôt, selon un communiqué séparé.
Concernant les perspectives, Natixis renonce à donner des prévisions financières détaillées pour le reste de l'année mais indique avoir engagé de nouvelles initiatives en matière de réduction des coûts "pour renforcer la création de valeur". Après être parvenu à réduire ses charges d'exploitation de 11% sur un an au deuxième trimestre (à 1,29 milliards d'euros), le groupe a identifié de nouvelles réductions de coûts pour un montant total d'environ 100 millions d'euros à horizon 2020, dont 50 millions d'euros d'ici la fin de l'année.
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