(BFM Bourse) - METabolic EXplorer a développé des « usines bactériennes » pour cinq produits chimiques importants dont le marché total représente environ 14 milliards de dollars. Après une première année boursière difficile, Benjamin Gonzalez (photo en bas à droite), fondateur et PDG de la société, et Paul Michalet (photo de gauche), directeur financier, nous expliquent pourquoi les actionnaires ont raison de garder patience.
Tradingsat.com : L'année 2007 a été celle de votre introduction en Bourse, quel bilan faites-vous ?
Paul Michalet : On peut parler d'une véritable année charnière qui nous a permis de lever les fonds destinés à faire évoluer notre modèle économique vers la phase d'industrialisation de notre technologie et de nos produits. Nos effectifs ont presque doublé, ce qui s'est traduit par une importante augmentation de nos charges. Elles ont atteint 6.5 millions d'euros, mais nos revenus de 7.4 millions d'euros les ont largement couvertes, une situation plutôt rare et qui nous différencie dans le secteur des biotechnologies.
Tradingsat.com : METabolic EXplorer est rentable, et votre situation financière semble également confortable. Mais l'est-elle suffisamment pour vous permettre de financer les investissements nécessaires jusqu'à la mise sur le marché des premiers produits ?
Paul Michalet : Sans aucun doute. Notre trésorerie à fin 2007 s'élevait à 57.7 millions d'euros, contre 6.1 millions d'euros fin 2006. En tenant compte de l'augmentation de capital, qui a rapporté 54.5 millions (montant retraité des coûts de l'opération), nous n'avons consommé que 3 millions d'euros de trésorerie l'année dernière. Notre solidité financière est un point très important de notre stratégie : elle nous donne une importante visibilité et la capacité d'accélérer les développements. Cette visibilité est d'ailleurs un atout dans le cadre de nos négociations.
Tradingsat.com : Vous négociez avec plusieurs partenaires aux USA, en Europe, en Asie et en Amérique Latine pour des options ou en vue de la création de Joint-ventures.
Paul Michalet : Effectivement. Je rappelle que le but principal de notre introduction en Bourse était d'obtenir les ressources financières nous permettant de maximiser la valeur de nos technologies en nous associant avec un partenaire pour les produire et les commercialiser.
Tradingsat.com : METabolic Explorer a pourtant déjà noué des partenariats pour certains de ses produits.
Benjamin Gonzalez : Nous avons concédé un accord de licence exclusive pour deux de nos cinq produits avant notre introduction en bourse. Il s'agit de la L-Méthionine et de l'acide glycolique. Le premier est un acide aminé naturel essentiel principalement utilisé dans la production de produits pharmaceutiques et de suppléments alimentaires pour les animaux. Le second est un composé qui rentre dans la fabrication de plastiques biodégradables. La L-Méthionine a été licenciée au leader européen de la transformation des amidons, qui intervient également sur l'acide glycolique, en partenariat avec un leader de la chimie européenne.
Nous abordons maintenant l'étape qui sera la plus créatrice de valeur pour la société et ses actionnaires, celle de l'industrialisation en pré pilote de nos produits propriétaires en vue du montage de partenariats de production et de commercialisation pour chacun d'entre eux. Nos trois produits propriétaires sont : le 1.3 Propanediol (PDO) utilisé dans la fabrication d'une nouvelle catégorie de fibres polyesters, le 1.2 Propanediol (MPG) qui trouve des applications dans la fabrication de résines, de détergeant liquide ou encore les liquides de refroidissement ; et enfin le butanol, souvent utilisé dans les peintures, revêtements et solvants adhésifs.
Tradingsat.com : Ces partenariats pourraient donc révéler la valeur de METabolic EXplorer aux yeux du marché. En quoi consisteraient-ils exactement ?
Benjamin Gonzalez : Prenons l'exemple du butanol, que l'on peut considérer comme une grosse commodité chimique dont le marché total peut être évalué à près de 5 milliards de dollars. Les Joint-ventures que nous souhaitons signer auront un volume de production annuel compris entre 50 000 et 100 000 tonnes. Compte tenu d'un prix de la tonne de 1600 dollars, cela donne des chiffres d'affaires compris entre 80 et 160 millions de dollars pour une unité. sachant que 100 000 tonnes représenteraient déjà 3% d'un marché de 3 millions de tonnes qui peut encore grossir. C'est pourquoi notre objectif est bien de construire plusieurs unités avec plusieurs types de partenaires, pour nos trois produits.
Tradingsat.com : Votre technologie utilise des matières premières renouvelables dont les prix progressent fortement. Leur flambée peut-elle remettre en cause votre modèle économique ?
Benjamin Gonzalez : Pas vraiment. Notre modèle repose sur le différentiel entre le prix des matières premières fossiles et le prix des matières premières renouvelables. Avec un prix du baril qui dépasse les 100$, vous constaterez que ce différentiel continue de s'accroître. Ensuite, nos technologies sont relativement flexibles dans leur approvisionnement en matières premières renouvelables. Elles peuvent être industrialisées quasiment partout, sur tous les continents. Par ailleurs, l'une des principales causes des tensions sur les prix des céréales, l'essor de l'utilisation des biocarburants, va s'estomper avec le passage progressif aux biocarburants de seconde génération. Produits à partir des plantes « entières », ceux-ci n'entrent plus en concurrence avec la filière agroalimentaire.
Tradingsat.com : La nomination en janvier de Hans Vogelsang en tant que Conseiller en stratégie a été saluée par certains spécialistes. Que vous apporte-t-il ?
Benjamin Gonzalez : Hans a passé toute sa carrière dans l'industrie pétrochimique, essentiellement au sein du groupe Shell. Il apporte une grande crédibilité à notre modèle économique. Son arrivée prouve aussi que l'industrie pétrochimique évolue, et que METabolic EXplorer peut faire partie des solutions pour cette industrie qui veut produire autrement. Ses compétences dans la segmentation des chaînes de valeur de la pétrochimie sont essentielles.
Tradingsat.com : Le cours de votre action a beaucoup chuté, comme l'ensemble du secteur des biotechnologies, ce qui pourrait tenter d'éventuels prédateurs. Quelle serait votre réaction face une offre ?
Paul Michalet : Notre objectif n'est pas de nous vendre mais de mettre nos produits sur le marché grâce à la signature de partenariats les plus créateurs de valeur possibles. Bien entendu, nous n'avons pas de position dogmatique sur cette question, qui est ouverte. Mon point de vue de directeur financier me fait dire que le prix actuel ne reflète pas la valeur réelle de la société. Et je ne suis même pas certain qu'une offre au double ou au triple du prix actuel de l'action serait susceptible d'intéresser nos principaux actionnaires.
Benjamin Gonzalez : Certains d'entre eux ont d'ailleurs renforcé leur participation lors de l'introduction en Bourse. Cela prouve qu'ils croient au projet et à sa création de valeur.
Propos recueillis par François Berthon
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