par Edward Tobin et Ransdell Pierson
NEW YORK (Reuters) - Merck annonce l'acquisition de son compatriote Schering-Plough pour 41,1 milliards de dollars (32,5 milliards d'euros), opération qui doublera à 18 le nombre de médicaments en phase ultime de développement chez Merck.
L'opération est le deuxième mariage d'ampleur dans le secteur de la pharmacie aux Etats-Unis en quelques semaines. Pfizer a racheté Wyeth pour 68 milliards de dollars à la fin janvier.
Pour Merck, la fusion a également l'avantage de diversifier sa gamme de produits qui couvrira dorénavant le cardiovasculaire, le respiratoire, l'oncologie, les neurosciences, les maladies infectieuses et l'immunologie.
Le marché spéculait depuis des années sur un rapprochement entre Merck et Schering-Plough compte tenu des partenariats et des économies de coûts possibles sur leurs marchés.
Les deux groupes pharmaceutiques, qui ont annoncé à l'automne d'importantes suppressions d'emplois, voulaient parer à l'insuccès de leurs traitements du cholestérol Vytorin et Zetia, dont le chiffre d'affaires combiné a chuté de 26% au quatrième trimestre.
Merck évalue à 3,5 milliards de dollars environ les économies annuelles tirées de la fusion au-delà de 2011. Le chiffre d'affaires combiné des deux groupes atteint 47 milliards de dollars et Merck pense pouvoir préserver ses notes de crédit.
"C'était assez inévitable. Le secteur a besoin de consolidation car le marché des produits pharmaceutiques de marques ne sera plus le même à l'avenir que ces dix dernières années", a commenté Jeffrey Holford, analyste chez Jeferries, à Londres. "Il y a des surcapacités et ils (Merck et Schering) ont tous les deux besoin de réduire leurs capacités."
Les actionnaires de Schering-Plough recevront 0,5767 action Merck et 10,50 dollars en numéraire pour chacune de leurs titres, soit une prime de 34% pour les actionnaires de Schering par rapport au cours de clôture de Schering vendredi, et chaque action Merck deviendra automatiquement une action de la nouvelle entité.
Les actionnaires de Merck doivent détenir environ 68% de la nouvelle entité, dont le patron sera le directeur général de Merck Richard Clark.
12 À 15 MILLIARDS DE DOLLARS DE PLUS
Merck précise que JP Morgan lui a ouvert une ligne de crédit de 8,5 milliards de dollars pour la reprise de Schering-Plough. Le reste de la fusion sera autofinancé, à hauteur de 9,8 milliards de dollars de trésorerie et de 22,8 milliards de dollars de titres Merck.
Merck ajoute qu'il maintiendra un dividende de 1,52 dollar par action et que la fusion sera légèrement relutive la première année suivant son achèvement et "sensiblement" plus au-delà.
Le directeur financier de Merck Peter Kellogg anticipe une marge bénéficiaire de l'ordre de 40% et un cash flow libre de 15 milliards de dollars en 2013.
Le prix offert par Merck suscite déjà des critiques. "Je crois qu'il faudrait au moins 12 à 15 milliards de dollars de plus", dit David Moskowitz, analyste de Caris & Co. "Je ne crois pas que les investisseurs seront contents tant que le prix n'ira pas dans le haut de la vingtaine, voire à 30 dollars par action". Il ajoute que les droits à l'international de Schering-Plough pour les traitements de l'arthrite Remicade et Golimunab valent ce prix-là.
Il se dit étonné que Merck puisse conserver les droits sur ces médicaments et ne pas avoir à les rétrocéder à Johnson & Johnson suivant un changement de la clause de contrôle. de fait, Merck a fait savoir qu'il avait bien l'intention de défendre sa cause si J&J contestait ses droits.
Cette grosse fusion ne produit guère d'impact sur Wall Street dans l'immédiat, en tout cas sur l'ensemble de la cote qui est en nette baisse en ouverture. Schering-Plough est en hausse de 12% en ouverture, soit moins qu'en avant-Bourse, tandis que Merck perd 10,6%, soit plus qu'avant l'ouverture.
"Dans tout autre marché, ce serait vraiment une nouvelle haussière", dit Peter Kenny (Knight Equity Markets). "Le fait que le marché ne réagisse pas témoigne de la pression que subit le marché du fait de la décélération de l'activité macroéconomique. Pour les deux groupes, c'est une décision qui réduit les coûts; c'est bien pensé aussi du point de vue de la croissance future mais les futures (d'indices boursiers) eux-mêmes n'en ont cure".
Les contreperformances du Zetia et du Vytorin, qui combine le Zetia avec le Zocor de Merck, restent toutefois un gros point noir pour les deux groupes. Les analystes pensent qu'il en sera ainsi jusqu'à ce que soient connues les conclusions d'une grande étude sur leur capacité à prévenir les crises cardiaques, soit pas avant 2011 ou 2012.
Et, s'il exprime sa déception au point de vue du prix, l'analyste Moskowitz de Caris juge que l'opération se justifie à d'autres niveaux, notamment à celui de ces médicaments.
"Ils ont les anti-allergéniques de Schering que l'on peut vendre en même temps que le traitement de l'asthme Singulair de Merck; et en plus, ils ont le Vytorin et le Zetia directs", dit-il.
"Le Vytorin et le Zetia représentent ensemble un chiffre d'affaires annuel de 4,5 milliards de dollars et il semble que ces médicaments se stabilisent" après la baisse de leurs ventes, ajoute-t-il. "Ca fait beaucoup de cash flow, même si les médicaments ne croissent pas, ce qui financera la recherche-développement et l'exploitation."
Version française Dominique Rodriguez et Wilfrid Exbrayat, édité par Jacques Poznanski et Marc Angrand
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