(BFM Bourse) - Associée à la famille fondatrice Della Vega, L Catterton, une société d'investissement dans le luxe et la consommation, va lancer une offre pour acquérir jusqu'à 36% du capital et sortir ainsi de la cote la société italienne. Une nouvelle tentative après une première lancée en 2022.
Petit acteur du luxe italien coté à Milan, la marque transalpine Tod's, spécialisée dans les bottines et les mocassins, a fait l'objet de bien des spéculations par le passé. Y compris un rachat de LVMH, qui avait pris une participation dans le groupe avant de la porter en à 10% en 2021, via sa filiale Delphine SAS.
C'est toutefois la famille du fondateur Filippo Della Valle qui a essayé, en accord avec LVMH, de retirer Tod's de la cote en 2022, via une offre publique d'achat (OPA). Cette tentative s'était soldée par un échec, l'offre de la famille Della Valle ne parvenant pas à obtenir plus de 90% du capital, le seuil pour sortir de la cote une entreprise.
Environ un an après cet échec, un nouvel essai a lieu, avec des termes un peu différents. Cette fois la famille Della Valle agit de concert avec le fonds L Catterton, spécialisé dans le secteur du luxe et des biens de consommation.
Cette société d'investissement a été fondée en 2016 par le groupe de capital-investissement Catterton et… LVMH et la famille Arnault, qui avaient pris 40% (participations de LVMH et Groupe Arnault) dans ce fonds.
Une prime pas très élevée
L Catterton a annoncé samedi qu'il lancerait une nouvelle offre publique d'achat (OPA) visant 36% du capital de Tod's. La famille Della Valle apportera à cette offre 10,5% du capital. Les 25,5% restants constituent les actions possédées ni par LVMH ni par la famille Della Vale.
In fine, si l'OPA est cette fois couronnée de succès, la famille Della Vale détiendra 54% du capital, L Catterton 36% et LVMH 10% via Delphine SAS .
Le concert explique que la sortie de cote de la société italienne est une "condition préalable pour assurer la poursuite des programmes de croissance et de consolidation futurs" de Tod's. Ce "dans la mesure où la radiation de la cote permettrait à (Tod's) de poursuivre ses objectifs dans un environnement de marché et un cadre juridique caractérisés par une plus grande souplesse de gestion et d'organisation, avec des délais de décision et d'exécution plus rapides et en bénéficiant également de coûts de gestion et de cotation réduits", poursuit-il.
Reste à voir si les termes de l'offre séduiront les investisseurs minoritaires. L Catterton propose un prix de 43 euros en numéraires par action, ce qui constitue une prime d'à peine 18% environ par rapport à la clôture de vendredi. Et 8% de plus que le prix de 40 euros par titre qui avait été proposé par la famille Della Vale pour sortir de la côte le groupe, en août 2022.
Stifel calcule que l'offre valorise Tod's à 1,423 milliard d'euros ce qui implique un multiple d'environ 1,7 fois le chiffre d'affaires attendu en 2024. Or, Stifel note que sur la période 2014-2019, l'action Tod's s'est échangée à un multiple moyen de deux fois les ventes attendues. De plus, le multiple moyen dans le luxe se situe autour de 2,8, remarque également le bureau d'études.
Consolidation du secteur?
A la Bourse de Milan, l'action Tod's bondit logiquement pour se rapprocher du prix proposé par L Catterton, prenant 17,3% à 42,66 euros.
Fondé en 1900 et présent sur la cote milanaise depuis 2000, Tod's a réalisé en 2023 des ventes de 1,13 milliard d'euros environ, affichant une croissance de 14% hors effets de changes.
Cette opération devrait logiquement renforcer les liens entre la famille Della Valle et le groupe LVMH. Elle survient par ailleurs alors que des questions se posent sur une éventuelle consolidation dans ce secteur.
Dans une étude publiée en janvier, le cabinet Bain & Company, indiquait attendre d'ici à 2030 "une nouvelle saison d'opérations de fusions-acquisitions" dans le luxe "issue de la nécessité de faire face aux grands défis du secteur". "Par exemple, pour soutenir la croissance d'une catégorie, s'étendre dans une nouvelle zone géographique ou s'assurer le contrôle de ressources ou de savoir-faire essentiels", énumérait le cabinet.
Régulièrement des rumeurs de marché poussent le suisse Richemont, propriétaire de Cartier, dans les bras de LVMH ou Kering. Interrogé lors de la présentation des résultats annuels de LVMH, son PDG Bernard Arnault avait déclaré comprendre que le dirigeant de Richemont, Johann Rupert, souhaitait conserver son indépendance, et n'avait ainsi aucune envie de "déranger sa stratégie".
"J'ai cru comprendre qu'il était désireux de rester indépendant. Je trouve ça très bien et s'il a besoin de soutien pour maintenir son indépendance, je serai là", a-t-il poursuivi. Cette déclaration avait alors déclenché quelques ricanements dans l'assemblée….
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