(BFM Bourse) - La récente annonce par METabolic EXplorer de la validation de son « process book » pour la production de PDO est passée relativement inaperçue. Il s'agit pourtant d'une étape majeure vers l'objectif de la société de chimie verte clermontoise de remplacer le pétrole par les matières végétales pour la production de composés chimiques industriels. Benjamin Gonzalez, le PDG de l'entreprise, nous explique pourquoi.

Tradingsat.com : Pouvez-vous rappeler ce qu'est le « process book » ?

Benjamin Gonzalez : C'est d'abord la « recette de cuisine », qui définit toutes les étapes unitaires, depuis la façon dont le fermenteur est ensemencé par les bactéries, en passant par la séparation de la biomasse du milieu, jusqu'à la purification pour aboutir au produit fini qui répond aux spécifications du marché. Le « process book » fournit aussi le bilan énergétique des processus, les coûts variables du procédé, et toute l'ingénierie nécessaire à l'extrapolation de la production à grande échelle. La totalité forme l'ensemble des données permettant de construire une usine clé en main.

Tradingsat.com : Votre réflexion stratégique a-t-elle avancé ? Partenariat ou développement en propre ?

Benjamin Gonzalez : Nous souhaitons toujours mener les deux options à leur terme. Ce n'est pas l'une ou l'autre, c'est l'une ET l'autre. Notre tactique « en tenaille » n'a pas changé. Elle consiste d'un côté à développer des co-entreprises avec des partenaires industriels, des leaders de l'agro-industrie ou de la chimie de transformation, et de l'autre à mettre en place nos propres unités de production. Quoi qu'il arrive, nous mettrons donc sur le marché les premiers produits issus de nos technologies en 2012, ce qui fera de METEX une société de chimie biologique intégrée, conformément aux objectifs fixés lors de notre introduction en Bourse.

Tradingsat.com : Votre produit le plus avancé est le PDO, sur lequel vous soulignez qu'il y a pénurie.

Benjamin Gonzalez : Il y a trois principales applications pour le PDO. La plus importante est la réalisation de fibres polyester dans le textile. La seconde concerne le polyuréthane, les thermoplastiques, qui sont en particulier utilisés pour la fabrication de semelles de chaussures de sports. Et la dernière est une application de niche, dont les volumes sont beaucoup plus faibles : l'utilisation des propriétés liantes du PDO pour les produits cosmétiques. Il y a un très fort déséquilibre entre la capacité actuelle de production et la demande de fibres polyester destinées au textile…

Tradingsat.com : Votre PDO produit par voie biologique a-t-il vraiment les mêmes propriétés que le PDO dérivé du pétrole ?

Benjamin Gonzalez : C'est ce que confirment tous les tests qui ont été menés chez différents industriels à travers le monde. Il y a une vraie demande de leur part pour notre PDO biologique. Et vu l'écart entre le prix des matières premières fossiles et le prix des matières premières renouvelables, la compétitivité économique de notre produit intéresse du monde. Ce très bon accueil valide sans conteste notre « recette de cuisine ».

Tradingsat.com : Comment voyez-vous la concurrence ?

Benjamin Gonzalez : Il y a de plus en plus de sociétés qui s'intéressent à la chimie biologique, notamment aux Etats-Unis. L'introduction en Bourse de la société américaine Codexis réalisée dans un contexte de marché difficile en début d'année montre l'appétit des investisseurs pour le secteur. Il y a un certain effet d'entraînement qui ne peut que nous réjouir. Nos principaux concurrents demeurent cependant les grands acteurs de la chimie classique, qui continuent à produire des commodités chimiques telles que le PDO à partir du pétrole, même s'ils ont aussi commencé à investir dans les sciences de la vie.

Tradingsat.com : Vous avez pris de l'avance, mais pensez-vous pouvoir la maintenir ? Vos « process-book » sont-ils copiables ?

Benjamin Gonzalez : METEX existe depuis onze ans et dispose aujourd'hui de compétences uniques, depuis la plate-forme bioinformatique jusqu'à nos moyens industriels. La conception de notre pré-pilote d'industrialisation remonte à 2007. Le pilote industriel, qui permet la validation réelle des procédés, est achevé depuis fin 2009. Nous sommes très bien armés pour garder notre avance compétitive sur la concurrence, en partie aussi grâce à une stratégie de propriété intellectuelle dynamique. METEX détient plus de 300 titres de propriété intellectuelle, bien répartis sur plusieurs marchés géographiques clés et nous disposons aussi de savoir-faire propriétaires.

Tradingsat.com : Votre parcours boursier est négatif depuis l'introduction en 2007. A quand la création de valeur pour les actionnaires ?

Benjamin Gonzalez : Je remercie évidemment les actionnaires de leur confiance. Ils ont misé sur notre capacité à devenir une société industrielle, avec des produits, un chiffre d'affaires, et une marge opérationnelle qui reflètera l'innovation que nous apportons au monde de la chimie. Le process-book est une forte garantie que ce pari sera bien tenu et que des produits issus de notre technologie seront sur le marché en 2012. Ce sera la concrétisation de l'avènement de METEX en tant que leader de la chimie biologique alternative à des procédés chimiques.

Tradingsat.com : Pouvez vous rappeler la taille du marché du PDO ?

Benjamin Gonzalez : C'est un marché en très forte croissance – d'où la pénurie actuelle – qui représentera entre 1 milliard et 1,5 milliard d'euros dans les 7 à 10 ans qui viennent. Etant donné la compétitivité de notre technologie, nous visons 20 à 30% du marché. Le marché de toute commodité chimique est généralement capté par 3 acteurs principaux. Nous comptons bien en faire partie.

Propos recueillis par François Berthon