(BFM Bourse) - Le mois de novembre a été riche en actualités pour Hi-Media. Après la révision à la baisse de ses prévisions pour 2008, le groupe media on-line a fait l'objet d'une tentative de rapprochement de la part de son concurrent Rentabiliweb. Le point sur ces évènements avec David Bernard, Directeur Général de Hi-Media.

Vous aviez confirmé vos objectifs fin août, la situation a donc fortement évolué… en mal ces derniers mois…

David Bernard : Nous avions anticipé un ralentissement de nos activités de régie publicitaire, mais pas une détérioration aussi brutale du marché. Le CPM [coût pour mille affichages] diminue, traduisant le durcissement de la concurrence. En schématisant, on peut imaginer qu'une régie peut surenchérir sur une autre en proposant pour le même prix 2 millions de pages vues au lieu d'un, par exemple. A ce jeu, ce sont évidemment les plus petits acteurs qui souffrent le plus. Notre position de leader nous protège donc un peu, on enregistre une forte baisse de la croissance, mais pas encore de décroissance. Crise ou pas crise, quels que soient les budgets des annonceurs, la tendance de fond sur le média Internet reste bien orientée. Les gens passent de plus de temps sur Internet, voient de plus en plus de sites, de pages…

Contrairement à la publicité en ligne, l'activité de micro-paiements se porte plutôt bien.

David Bernard : Effectivement, le micro-paiement a bondi de plus de 70% au troisième trimestre, grâce à trois phénomènes. D'abord, tous les sites équipés de la plate-forme de micro-paiement allopass ont une croissance naturelle de leur volume de transaction. Parce que de plus en plus d'internautes sont prêts à payer en ligne un petit montant pour avoir accès à un service premium. Deuxièmement, nous avons gagné de très gros contrats tout au long du premier semestre, qui nous ont permis d'accélérer la croissance au troisième trimestre. Enfin, l'acquisition du site communautaire Fotolog nous a permis de développer une offre de micro-paiement dans des zones géographiques où nous étions absents auparavant, en l'occurrence l'Amérique du Sud.

Justement, Fotolog a-t-il atteint les objectifs fixés lors de son acquisition ?

David Bernard : Globalement oui. De 10 millions de membres au moment de son acquisition, le site est passé à près de 22 millions de membres, soit plus double. Le principal enjeu était de monétiser l'audience. Nous avons donc appliqué à Fotolog les « recettes » de Hi-Media : la mise en place des solutions de micro-paiement, et la vente de publicité graphique, ce que l'on nomme le display, soit tout ce qui est bannières, carrés vidéo … Au moment du rachat de Fotolog, les seuls revenus provenaient de mots clés commercialisés par Google, ce qui représentait de l'ordre de 20 000 à 30 000 dollars par mois. Les revenus sont près de 20 fois supérieurs aujourd'hui, et Google n'en représente plus qu'un tiers. Sur le dernier trimestre, Fotolog a dégagé 1,1 million d'euros de chiffre d'affaires.

Hormis Fotolog, les autres sites du pôle Publishing répondent-ils aux attentes ?

David Bernard : Actustar et Blogorama ont atteint des audiences et des taux de rentabilité plus que satisfaisants. Actustar a dépassé les 500 000 visiteurs uniques par mois. Blogorama, qui est une plate forme de blogs créée de toutes pièces en 2005, doit maintenant se situer aux alentours de 1,5 million de visiteurs uniques. La meilleure performance revient à Jeuxvidéo.com, racheté il y a deux ans, dont le taux de rentabilité dépasse les 50%, et qui vient de signer un nouveau record d'audience avec 302 millions de pages vues en octobre !

Le micro-paiement se porte mieux que prévu, mais c'est la publicité en ligne qui est votre activité la plus rentable…

David Bernard : Faire le même chiffre d'affaires avec plus de micropaiement se traduit en effet par une baisse de la marge brute. Ce qui nous oblige à ajuster les coûts. Dans la publicité, cela passe par des revues des frais généraux, des renégociations avec certains fournisseurs, le non remplacement de certaines personnes, etc… La première variable, ce sont les recrutements. C'est la mesure la plus rapide, la moins coûteuse, et la plus efficace. Nous étions sur des taux de croissance très élevés dans la publicité en ligne, nos plans de recrutement étaient donc plutôt ambitieux.

En quoi Mobile Trend, racheté en juin dernier, est un relais de croissance ?

David Bernard : En terme de revenus générés, pour un groupe de 130 millions d'euros de chiffre d'affaires, Mobile Trend est certes encore un relais de croissance relatif. Mais c'est un complément utile à l'ensemble des relais de croissance que constituent les activités de micro-paiements. Mobile Trend est un spécialiste de l'Internet mobile et du micro paiement par SMS. C'est le pendant sur le mobile de Hi-Media sur l'Internet. C'est aussi un relais de croissance pour notre pôle publishing, puisqu'il nous permet de développer la version mobile de nos propres sites. En complément, Mobile Trend nous positionne sur le marché du marketing mobile, encore embryonnaire, mais qui se développera à coup sûr à moyen terme.

Le contexte actuel un peu déprimé offre-t-il des opportunités d'acquisitions ? Dans quel domaine ?

David Bernard : Nous visons essentiellement les sites Internet, même si pour l'instant, les prix dans le non coté ont tendance à rester trop élevés. D'une façon générale, un dirigeant d'entreprise estime toujours en effet que son entreprise vaut plus que ce qu'on lui en offre, surtout lorsque la bourse ne lui fixe pas quotidiennement un prix. Mais une acquisition prend toujours du temps, si l'on veut racheter lorsqu'il y aura des opportunités dans un an, il faut continuer à regarder les dossiers potentiels aujourd'hui. Cela fait partie de notre culture de scruter le marché, d'assurer une veille technologique.

Vous venez d'être approchés par votre concurrent Rentabiliweb, ce qui nous rappelle qu'Hi-Media est opéable. Vous sentez-vous plus vulnérables aujourd'hui ?

David Bernard : Sur ce sujet très sensible, je suis dans l'obligation de m'en tenir au communiqué que nous avons publié. Je rappelle donc qu'à l'unanimité, le conseil d'administration de Hi-Media a considéré, au regard des intérêts de la société, de ses salariés et de ses actionnaires, que le projet présenté par Rentabiliweb Group ne comportait aucun élément de nature à justifier qu'une suite lui soit donnée.

Propos recueillis par François Berthon