(BFM Bourse) - Le spécialiste des parfums sous licence souffre à la Bourse de Paris ce mercredi 19 novembre après avoir livré son traditionnel point de fin d'année sur ses perspectives. Le groupe a abaissé son objectif de chiffre d'affaires pour 2025 et n'a donné aucune indication pour le prochain exercice au contraire de ses habitudes.

Censé être la catégorie phare du marché de la beauté, les parfums battent de l'aile ces derniers temps.

Dans une récente note, la banque Jefferies écrivait que la croissance de ce segment se "modérait". Elle remarquait que L'Oréal avait sous-entendu que sa propre croissance dans ce segment avait ralenti à environ 6% au troisième trimestre contre 11% sur le premier semestre 2025.

L'espagnol Puig (Nina Ricci, Paco Rabanne) a également évoqué une "modération" du marché tandis que Robertet – qui produit les arômes et conçoit les parfums à la demande des clients – avait signalé une demande plus faible, soulignait aussi Jefferies.

Fin septembre, Bank of America parlait même de "fragrance fatigue". "Au cours des trois dernières années, les parfums ont été la catégorie la plus performante du secteur de la beauté (une croissance de 6,4% par an en moyenne sur 2019-2024 contre 4% pour le secteur, NDLR). Cependant, les premières déclarations de la direction et les données de juillet/août indiquent que le cycle est en train de s'inverser", écrivait la banque américaine.

>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading

Année de transition en 2026

L'établissement avait alors abaissé son opinion sur Interparfums à "sous-performance", équivalent de "vendre". Bank of America attendait une "croissance anémique" en 2026, en raison du manque de lancements marquants, l'exercice devant constituer une "année de transition". Notamment parce que le groupe verra, sur cette année, l'expiration de la licence Boucheron (marque détenue par Kering) qui représente environ 17 millions d'euros de manque à gagner selon TP ICAP Midcap.

Les annonces livrées par Interparfums ce mercredi confirment les points soulevés par la banque il y a deux mois.

L'action du spécialiste des parfums sous licence chute de 10% à la Bourse de Paris en fin de matinée, ce mercredi 19 novembre, après que le groupe a fait son traditionnel point de fin d'année sur ses perspectives.

Interparfums a abaissé son objectif de revenus pour 2025 tablant sur un chiffre d'affaires de 890 millions d'euros contre 900 millions d'euros (ce dernier chiffre n'intégrait toutefois pas les effets de changes) après 880,5 millions d'euros. Oddo BHF calcule que, selon cette indication, le chiffre d'affaires du quatrième trimestre serait inférieur à 190 millions d'euros, traduisant une baisse sur un an de 5,3%.

Ce sont surtout les perspectives pour 2026 qui déçoivent, Interparfums n'ayant pas communiqué d'objectifs chiffrés pour le prochain exercice.

"À l’inverse de son habitude, Interparfums ne donne pas de prévisions pour l’année forward ('suivante'), ce qui, à ce stade de l’année, ne sera pas interprété comme un signal de prudence, mais de visibilité réduite", tranche Oddo BHF.

"Vents contraires"

Par ailleurs, la société concentre sa communication sur 2027. Le groupe explique que 2026 sera axée sur le lancement des licences Off-White et Longchamp qui auront tous les deux lieus en 2027. Cette même année, les parfums Montblanc bénéficieront d'une nouvelle franchise masculine.

Pour revenir à 2026, Interparfums explique que l'année sera marquée par "un environnement économique et géopolitique probablement toujours dégradé, une parité budgétaire euro dollar négative à hauteur d’une vingtaine de millions d’euros" ainsi qu' "une base de comparaison défavorable du fait de la fin du contrat de licence Boucheron au 31 décembre 2025".

TP ICAP Midcap pense qu'en sus de ces éléments "s'ajoutent probablement des vents contraires structurels liés à la recomposition sectorielle (concurrence accrue de la parfumerie de niche et de l'entrée de gamme), le shift (la réorientation, NDLR) de la distribution au Moyen-Orient, ainsi que les changements de distribution en Corée du Sud".

Le bureau d'études anticipe désormais des revenus pour la société de 858 millions d'euros pour 2026 en baisse de 3,6%. L'année prochaine constituera un exercice de "transition" pour Interparfums, conclut TP ICAP Midcap.

"Le communiqué induit aussi que la croissance sera bonne en 2027. Nous dirions que la séquence de lancements sera à peu près aussi dense qu’en 2025, mais le marché en volume et les effets de changes seront contraires, moyennant quoi, la croissance serait limitée, voire proche de 0%, si nous interprétons correctement le communiqué", juge de son côté Oddo BHF.