(BFM Bourse) - L’action du spécialiste américain des semi-conducteurs a terminé en hausse de 7,38% mercredi après que Bloomberg a rapporté que l’administration Trump était en discussions pour prendre une participation à son capital. Ce qui survient quelques jours après que le président américain a appelé à la démission de son directeur général.

L'administration Trump va-t-elle s'inviter dans la gouvernance d'Intel? Jeudi soir, l’action du spécialiste des processeurs informatiques a terminé en hausse de 7,38% et le titre a encore grimpé de 4,57% dans les échanges post-marché.

L'action a réagi à des informations de Bloomberg. Selon l'agence, l'administration Trump serait actuellement en discussions pour prendre une participation au capital d'Intel, ce que Bloomberg décrit comme "le dernier signe montrant que la Maison Blanche brouille actuellement les lignes entre 'État' et 'industrie'".

Selon les sources proches interrogées par l'agence, une telle opération pourrait aider Intel à relancer son projet de création de deux sites de production dans l'Ohio, projet que la société a repoussé à plusieurs reprises. Intel avait notamment débloqué 28 milliards de dollars d'investissements pour construire ces sites. En mars, plusieurs médias rapportaient que le groupe ne comptait pas ouvrir ces usines avant 2031.

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Appel à la démission

"Les discussions sur des accords hypothétiques doivent être considérées comme des spéculations tant qu'elles n'ont pas été officiellement annoncées par l'administration", a déclaré à Bloomberg Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche. Interrogé par Bloomberg, Intel a de son coté refusé de commenter ces discussions.

"Une participation financière américaine dans Intel serait bénéfique pour les actionnaires" du groupe, estime Brian Colello, de Morningstar.

Ces informations surviennent après que le président américain, Donald Trump, a exigé, la semaine dernière, la démission du directeur général d'Intel, Lip-Bu Tan, l'accusant de "conflit d'intérêts". Le président américain réagissait alors à des alertes émises par le sénateur républicain de l'Arkansas, Tom Cotton, sur de supposés liens entre le dirigeant américain né en Malaisie et la Chine.

En avril, l'agence Reuters avait rapporté que Lip-Bu Tan avait personnellement, et via certaines sociétés, investi dans des centaines d'entreprises chinoises dont certaines étaient liées à l'armée nationale.

Lip-Bu Tan avait réagi en déclarant avoir toujours "travaillé dans le respect des normes juridiques et éthiques les plus strictes". Le directeur général d'Intel avait assuré de sa loyauté envers les États-Unis tout en affirmant avoir le soutien du conseil d'administration du groupe.

Quelques jours plus tard, lundi 11 août, Donald Trump avait rencontré Lip-Bu Tan et nettement adouci le ton, qualifiant cette rencontre de "très intéressante". Le président des États-Unis avait ajouté que le directeur général d'Intel allait travailler avec son cabinet et lui faire des suggestions.

Selon Bloomberg, la potentielle entrée au capital d'Intel de la part du gouvernement américain trouverait son origine dans la rencontre de lundi entre Trump et Tan.

Intel dans le dur

Ces spéculations sur une prise de participation de la part de Washington surviennent également alors qu'Intel souffre depuis plusieurs années. Son action perd 34,3% sur trois ans et plus de 50% sur cinq ans.

Le spécialiste des semi-conducteurs a perdu son leadership dans la fabrication de puces, distancé notamment par le géant taïwanais TSMC. Comme le rappelle le New York Times, le groupe a manqué une série de virages cruciaux, que ce soit sur les puces nécessaires aux smartphones, ou plus dernièrement, sur les semi-conducteurs permettant de développer les technologies d'intelligence artificielle.

"Les beaux jours d'Intel sont derrière lui, car il est actuellement désavantagé dans la fabrication de puces par rapport à Taiwan Semiconductor, ou TSMC, et à ses partenaires fabricants de processeurs, tels qu'AMD, Nvidia et Apple", explique Brian Colello de Morningstar.

"Il est possible que la meilleure issue pour les investisseurs d'Intel soit la scission de ses activités de conception de puces (segment des produits Intel) et de fabrication (Intel Foundry)", poursuit l'analyste.

Le mois dernier l'entreprise a indiqué vouloir réduire ses effectifs de 15% d'ici à la fin de 2025, supprimant ainsi autour de 15.500 postes par rapport à fin 2024.