par Baptiste Cordier et Juliette Rouillon
PARIS (Reuters) - Pour Maisons France Confort, la "grande crise" de 2008 devrait être un accident de parcours de plus, certes plus brutal et plus douloureux que les autres, mais dont le groupe familial espère sortir renforcé, a déclaré son président à Reuters.
Alors que certains de ses concurrents, plus petits et au bilan moins solide, sont menacés de faillite à brève échéance sur le marché difficile de la construction de maisons individuelles, ce groupe familial, coté en Bourse depuis huit ans et soutenu par les Caisses d'épargne depuis mars dernier, se montre serein.
"Le risque serait de disparaître. Mais nous ne déposerons pas notre bilan et nous profiterons forcément de la crise un jour ou l'autre. C'est obligatoire et nous repartirons de plus belle une fois passé 2010", a déclaré son P-DG Patrick Vandromme.
Mais pour ce dirigeant, cette crise constitue aussi une bonne leçon de travaux pratiques à partager avec ses deux fils. "Mes enfants sont à priori destinés à prendre la suite de leur papa. Ce qui est bien, c'est que nous allons traverser une crise ensemble, c'est formateur", dit-il.
Malgré un été difficile, avec des chutes de commandes de l'ordre de 20% en juillet et août, la société espère surperformer le marché français en réalisant une progression de son chiffre d'affaires de 5% en 2008 et un recul de 5% en 2009.
Mais dans un environnement économique et financier à haut risque, Patrick Vandromme appelle à prendre ces prévisions avec prudence. "2009 est une bouteille d'encre. Les choses changent très vite et les mois qui vont venir seront très intéressants."
Contre tout attente, septembre a été nettement meilleur que les mois d'été, "un bon tiers meilleur", souligne-t-il.
PROFITER DE LA CRISE
En attendant la reprise qu'il espère voir au second semestre 2009, le numéro 2 des constructeurs de maisons individuelles en "secteur diffus" (hors lotissements) avec 4% de part de marché - après le groupe Geoxia - reporte ses projets d'expansion, réduit ses frais fixes, bref fait le gros dos, tout en veillant à ne pas "casser son outil de travail".
Cette reprise ne se traduira dans les résultats de la société qu'en 2010 puisqu'un délai de neuf mois en moyenne s'écoule entre la prise de commande et le début des travaux.
Grâce à une trésorerie disponible de 64 millions d'euros, Maisons France Confort estime avoir les moyens de résister à la chute des commandes, et même de profiter de la crise pour reprendre des chantiers aux constructeurs défaillants, voire pour participer activement à la consolidation du secteur.
"Il y a 3.000 constructeurs en France aujourd'hui. Il va y avoir beaucoup de défaillances", estime Patrick Vandromme, qui s'attend à voir 45 à 60 constructeurs disparaître d'ici fin 2009. "On va se retrouver avec un gâteau plus petit, mais à partager entre un moins grand nombre de personnes", dit-il.
Cette concentration devrait être aussi accélérée par les nouvelles réglementations en matière de développement durable.
Interrogé sur la chute de son titre, Patrick Vandromme a déclaré qu'une sortie de la cote faisait partie "des sujets de réflexion", bien que le niveau de valorisation soit trop bas pour que les actionnaires acceptent d'apporter leurs titres.
Avec une chute de plus de 65% depuis le début de l'année, la capitalisation boursière du constructeur de maisons ne représente plus que 109 millions d'euros.
Engagé dans un pacte d'actionnaires entre la famille Vandromme et la Caisse d'épargne au sein de la holding de contrôle du groupe, Patrick Vandromme a ajouté qu'il serait, pour sa part, prêt à augmenter sa part dans le capital, si ses partenaires étaient d'accord. Il n'a pas précisé le montant actuel de sa participation
La holding, détenue à 51% par la famille et à 49% par la Caisse nationale des caisses d'Epargne (CNCA), possède 50,1% du capital de Maisons France Confort.
"Je suis personnellement pour pouvoir racheter des actions : à 17 euros l'action, c'est une affaire !", a-t-il déclaré, tout en insistant sur le fait que "rien n'est décidé" à ce stade.
Le titre cédait 4,1% à 16,30 euros, jeudi en fin de journée.
Concernant "deux acquisitions de taille importante" différées en septembre en raison du contexte économique, une décision sera prise en mars 2009 - après les résultats annuels.
"J'ai les moyens de faire des acquisitions", a-t-il déclaré, tout en précisant que son critère d'achat déterminant restait la santé financière de ses cibles.
Juliette Rouillon et Baptiste Cordier, avec Vanessa Walters, édité par Jean-Michel Bélot
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