(Cercle Finance) - Jean-François Mouney, Président du Directoire de la société biopharmaceutique Genfit, détaille les perspectives du groupe pour 2008, après le renouvellement de son alliance avec Pierre Fabre et à un moment où le secteur pharmaceutique est quelque peu déprimé.

- Cercle Finance : Vous avez déclaré début janvier être entré dans une nouvelle phase de collaboration avec les laboratoires Pierre Fabre. Quelles retombées en espérez-vous ?

- JF Mouney : Ce partenariat est hautement représentatif de la capacité de Genfit à découvrir de nouveaux médicaments et à développer pas à pas de nouveaux produits. En l'occurrence, notre collaboration avec Pierre Fabre, avec qui nous sommes associés depuis plus de 5 ans, devrait nous conduire à la mise au point d'un blockbuster, avec à la clé une classe de molécule inédite pour lutter contre le diabète. Nous sommes très optimistes sur nos chances de succès face à nos concurrents et nous tablons sur de premières retombées d'ici 18 mois.

- Cercle Finance : Vous avez depuis l'été dernier la possibilité de faire appel public à l'épargne. Des rumeurs d'augmentation de capital ont depuis circulé. Qu'en est-il au regard des conditions actuelles de marché ?

- JF Mouney : Nous souhaitons lever autour de 30 millions d'euros. Compte tenu de la turbulence actuelle des marchés, je ne peux vous donner de timing précis. Cela se fera au moment le plus propice de l'année 2008. En attendant, nous ne sommes toujours pas dans l'urgence. Nous disposons d'une confortable trésorerie d'environ 30 millions d'euros, si l'on intègre notre cash disponible et les lignes de crédits déjà consenties. En outre, nous jouissons d'un cash burn particulièrement faible par rapport à nos comparables compte-tenu de nos cash-flows récurrents.

- Cercle Finance : Comment comptez-vous investir ces capitaux ?

- JF Mouney : Notre objectif est d'accélérer notre développement par l'acquisition de molécules sous licence ou de sociétés. Dans le cas des molécules, nous avons toujours plusieurs pistes à l'étude dans le domaine cardiométabolique pour l'achat de candidats-médicalents auprès deux sociétés biopharmaceutiques américaines ou deux grands groupes pharmaceutiques... Ces acquisitions pourraient être finalisées dès cette année. En ce qui concerne les entreprises que nous ciblons potentiellement, notre ambition est d'acquérir des sociétés disposant d'activités complémentaires dans nos domaines d'excellence ou alors dans le domaine des maladies neurodégénératives, et offrant des produits déjà en phase préclinique. En revanche, nous n'avons aucune vue sur les sociétés de services. Genfit souhaite conserver son ancrage de société de ' drug discovery '.

- Cercle Finance : Vous avez de longue date annoncé une parenthèse de deux ans pour votre profitablilité comptable, liée à votre volonté d'investir dans votre développement futur. Anticipez-vous toujours un retour à l'équilibre en 2009 ?

- JF Mouney : Nous restons fidèle à notre modèle économique et à ce titre nous sommes tout à fait confiant dans nos engagements. Nous avons en l'occurrence toujours mené une gestion rigoureuse, ce qui devrait nous permettre d'être moins déficitaire qu'attendu sur l'ensemble de l'exercice 2007 en dépit d'un doublement de nos investissements R&D. Quant à notre chiffre d'affaires, il devrait rester stable. Pour 2008, nous avons d'ores et déjà signé pour 8 millions d'euros de contrats avec de grands groupes pharmaceutiques et d'autres bonnes nouvelles ne sont pas à exclure. Nous attendons de plus les retombées des études de phase II sur notre molécule GFT505, dont des premiers résultats sont prévus au mois de mars. Ils ne devraient pas manquer d'intéresser de grands groupes pharmaceutiques présent sur le marché de la maladie cardiométabolique.

- Cercle Finance : Le secteur pharmaceutique est justement quelque peu déprimé. Ne craignez-vous pas tout de même des réductions de dépenses de vos principaux clients ?

- JF Mouney : Nous n'avons aucun signe indiquant que les grands groupes pharmaceutiques sont sur le point de réduire leur niveau de investissements de recherche avec Genfit. Bien au contraire. Les dernières discussions ont toutes été dans le sens d'une poursuite, voire d'un renforcement, de nos partenariats. Nos alliances stratégiques avec Fabre, mais également Sanofi-Aventis, Servier ou Solvay par exemple ont toutes sans exception été reconduites. Pour ces grands clients, le fait d'avoir recours à une société de biotechnologie est de fait déjà une forme d'optimisation financière.

Propos recueillis par François Le Roux

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