par Noëlle Mennella
PARIS (Reuters) - La société de biopharmacie Genfit n'est pas "fondamentalement pessimiste" malgré le désintérêt actuel du marché pour des entreprises jugées volatiles et risquées.
Dans une interview téléphonique à Reuters, Jean-François Mouney, président du directoire et co-fondateur de la société lilloise, s'est voulu rassurant alors qu'en Bourse son cours a perdu près de 41% depuis le début de l'année.
"Je ne pense pas que nos groupes de biotech vont entrer dans le désert. Il y a quelques secousses. Il faut laisser passer l'hiver, peut-être le début du printemps. Après, de nouvelles levées de fonds très pointues seront possibles. Trouver les investisseurs cela fait partie des métiers des entreprises que la Bourse aille bien ou pas", a-t-il affirmé.
Crée en 1999, Genfit est principalement spécialisée dans le traitement des risques et des complications du diabète de type 2 qui, au départ, n'est pas insulo-dépendant. Elle intervient en outre dans les maladies neurodégénératives en particulier sur la maladie d'Alzeimer.
La société, introduite à 9 euros sur Alternext à la fin 2006, cotait à 6,20 euros (-4,62%) lundi dans un secteur globalement mal en point. Sa capitalisation est d'environ 73 millions d'euros.
Jean-François Mouney a ainsi évoqué l'intention de la société de lever des fonds lorsque le marché se sera amélioré.
"J'aimerais bien lever des fonds mais on attendra de voir l'éclaircie potentielle dans les 18 mois à venir pour rajouter probablement de la trésorerie. On envisage de lever des fonds plutôt en saisissant des opportunités s'il y a un intérêt", a-t-il précisé.
DES PERTES EN 2008
Jean-François Mouney a souligné que Genfit avait "actuellement" une trésorerie d'environ 12 à 13 millions d'euros.
La société a accusé une perte 2007 de cinq millions d'euros (bénéfice de 335.700 euros en 2006) pour un chiffre d'affaires de 9,5 millions (11,42 millions en 2006). Elle a enregistré l'an dernier une érosion de sa trésorerie de 29,3% à 15,8 millions d'euros.
Interrogé sur 2008, Jean-François Mouney a prévenu que l'exercice en cours sera à nouveau déficitaire du fait "des lourds investissements que l'on fait".
Il a précisé : "La perte semestrielle a été de 1,7 million. Les pertes annuelles ne seront pas inférieures au double de çà. Par contre, si je décide de faire des investissements plus importants d'ici la fin de l'année - ce genre de chose est tout à fait imaginable - ce sera plus ou moins le double".
Le co-fondateur de Genfit a aussi indiqué que le burn rate (taux d'absorption mensuel des liquidités) était "de l'ordre de 6,5 millions d'euros" et que la société "sera aux alentours de 10 millions d'euros de trésorerie à la fin d'année.
Il s'est montré confiant concernant les renouvellements d'alliances de Genfit avec des groupes pharmaceutiques.
"On annoncera d'ici la fin de l'année des renouvellements d'alliances. J'ai plutôt le sentiment que de bonnes choses sont devant nous", a-t-il assuré.
PAS INQUIET SUR L'AVENIR AVEC SANOFI
Interrogé sur le devenir de sa collaboration avec Sanofi-Aventis il répond :
"Le contrat doit être renouvelé pour les années qui viennent. Une étape du contrat est la fin 2008. Je ne suis pas spécialement inquiet".
Genfit avait conclu en 2003 un partenariat avec Sanofi. Portant initialement sur les domaines de l'inflammation vasculaire et du diabète de type 2, cette collaboration a été étendue, à la fin de l'année dernière, à une nouvelle indication dans le système nerveux central.
Parmi les molécules les plus avancées du groupe, figure le GFT-505, agissant sur plusieurs syndromes du risque cardiovasculaires.
"C'est une produit sur lequel on est en train de faire des phases complémentaires sur des patients prédiabétiques et diabétiques et on aura des résultats vers l'été prochain", a-t-il déclaré.
Il a souligné que le diabète - résultant de l'ensemble des troubles du métabolisme et qui associe à la fois l'hypertension, de l'obésité, de la dyslipidémie - "a le plus forte croissance dans le monde".
"C'est un désastre car il n'y a pas de médicament pour le soigner mais seulement des traitements qui le freinent", a-t-il ajouté.
Genfit va également annoncer un produit entrant en milieu de phase préclinique pour le traitement de la maladie d'Alzheimer dont les facteurs-risques épidémiologiques sont "strictement identiques" à ceux du diabète, a souligné Jean-François Mouney.
"De nombreuses études montrent que les gens obèses à 40 ans ont 4 a 6 fois plus de risques de développer la maladie d'Alzheimer une fois atteint les 60-70 ans", a-t-il ajouté en assurant espérer "une phase 1 dans 18 mois à deux ans".
Edité par Jacques Poznanski
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