par Cyril Altmeyer et Baptiste Cordier

PARIS (Reuters) - EuropaCorp compte réaliser prochainement la majeure partie de son chiffre d'affaires à l'international grâce à la production de films à gros budgets, ont déclaré vendredi son directeur financier Raphaël Durand et son directeur général des opérations Olivier Montfort.

La société de production et de distribution cinématographique fondée en 1999 par le cinéaste Luc Besson, qui a produit la série "Taxi", "Taken" et "Arthur et les Minimoys", a réalisé en moyenne 30% de ses ventes à l'international au cours des deux derniers exercices clos les 31 mars 2007 et 2008.

"La croissance se fera par les films d'animation qui sont par nature internationaux et les films internationaux avec des acteurs en chair et en os", a expliqué Raphaël Durand, lors d'un entretien accordé à Reuters.

"La part de l'international pourrait monter en charge à partir de 2009-2010, même s'il y a toujours un projet qui peut glisser de trois mois", a dit de son côté Olivier Montfort. "Parfois il ne faut pas grand-chose pour modifier la perception du chiffre d'affaires".

EuropaCorp, introduite en Bourse à 15,50 euros par action en juillet 2007, a perdu 60% de sa valeur en un an, le marché ayant notamment été déçu par le décalage de la sortie de six films sur les 18 prévus au cours de l'exercice 2006-2007, entraînant une baisse de 7,3% du chiffre d'affaires à 147,1 millions d'euros.

Le titre a clôturé vendredi à 6,14 euros, donnant une capitalisation de 125 millions d'euros environ, après avoir touché un plus bas à 5,58 euros jeudi.

Par comparaison, Gaumont, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 72,9 millions d'euros en 2007, affiche une capitalisation de 233 millions d'euros environ. Le titre, qui a terminé à 54,49 euros vendredi, a perdu 14% de sa valeur depuis un an.

"Si vous réfléchissez à six mois, il ne faut surtout pas investir dans une société de production cinématographique. Si vous réfléchissez à trois ou quatre ans, oui", a observé Raphaël Durand.

CRÉDIBLE À HOLLYWOOD

Prié de dire si la difficulté de concilier les contingences de l'industrie cinématographique et les exigences de la Bourse pourrait conduire EuropaCorp à sortir de la cote, Raphaël Durand et Olivier Monfort ont répondu que les actionnaires décideront "au moment voulu". Luc Besson détient 62% d'EuropaCorp, dont le flottant est de 22,9%, selon le site internet de la société.

"La cotation en Bourse permet d'être crédible à Hollywood, sinon vous êtes un petit indépendant", a dit Olivier Montfort.

EuropaCorp, qui diffuse notamment ses films aux Etats-Unis, en Russie, en Corée et en Europe de l'Est, ne recherche pas à acquérir de réseaux de distribution à l'étranger, mais pourrait en revanche racheter des sociétés de catalogues, avec des cibles allant jusqu'à 50 millions d'euros.

Toute société de catalogues sera intégrée à Roissy Films, dont l'acquisition pour une valeur d'entreprise de 27,85 millions d'euros a été finalisée en mars. La société dispose d'un catalogue de 500 films.

Raphaël Durand a également dit s'intéresser à des sociétés de production qui pourraient abriter des projets intéressants pour EuropaCorp. "Cela pourrait prendre la forme d'une prise de participation. Il y a des dossiers ouverts actuellement", a-t-il dit.

Raphaël Durand et Olivier Montfort, directeur général des opérations d'EuropaCorp, ont également confirmé anticiper une croissance du chiffre d'affaires du groupe sur l'exercice 2008-2009, qui a démarré en avril.

EuropaCorp, qui entamera le 11 août le tournage de "Banlieue 13: L'Ultimatum", compte en 2008-09 sur la sortie en salles de 15 films en France, dont "Transporteur 3", "Staten Island" avec Ethan Hawke, "Envoyés très spéciaux" avec Gérard Jugnot et Gérard Lanvin et de productions dont il a acquis les droit de distribution, comme "Sagan".

Raphaël Durand a précisé que le chiffre d'affaires du second semestre (octobre-mars) serait supérieur à celui du premier, EuropaCorp préférant sortir ses films après l'été, période de plus en plus encombrée par les gros films américains.

"Comme nous contrôlons nos dates de sortie, nous n'allons pas nous confronter à des 'blockbusters' comme 'Hulk' ou 'Batman'", a expliqué Olivier Montfort.

Lors de son introduction en Bourse en juillet en 2007, EuropaCorp avait dit viser en 2011 un chiffre d'affaires de près de 300 millions d'euros et une marge opérationnelle avant frais généraux de 25% - contre 19,6% en 2007-08.

EuropaCorp publiera le 7 août son chiffre d'affaires du premier trimestre 2008-2009 (avril-juin) qui se comparera à 34,5 millions d'euros sur la période correspondante de 2007-2008, et proposera à son assemblée générale du 16 septembre un dividende de 0,14 euro.

Edité par Jean-Michel Bélot

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