(BFM Bourse) - Le groupe de blanchisserie industrielles a approché la société américaine Vestis, qui pèse 2 milliards de dollars en Bourse. Les investisseurs redoutent une acquisition potentiellement très dilutive.
Elis s'effondre en Bourse ce vendredi. Le groupe de blanchisserie industrielle plonge de 16,4% vers 11h30 à 19,33 euros.
Cette lourde sanction boursière est liée à des informations de presse. Jeudi soir, Reuters a rapporté que le groupe aurait approché la société américaine Vestis, un ex-filiale d'Aramark spécialisée dans la location d'habits de travail.
Cette approche aurait eu lieu il y a quelques semaines, selon les sources proches du dossier interrogées par l'agence. Ces sources ont également ajouté qu'il n'était pas certain que Vestis accepte une transaction avec Elis et que d'autres prétendants pourraient se manifester.
Coté à la Bourse de New York, Vestis a perdu 27% en Bourse depuis le début de l'année. La société avait émis un avertissement sur résultats dans la publication des résultats de son premier trimestre et a vu un actionnaire activiste, Corvex Management, entrer à son capital. En outre la société a dû faire face à une action de groupe ("class action") menée par un actionnaire qui reproche à la Vestis d'avoir publié des prévisions de croissance trompeuses, explique Reuters.
Elis a ensuite confirmé, vendredi après-midi, avoir approché cette entreprise. "Il n'y a aucune garantie que ces discussions aboutissent à la signature d'une transaction ou d'un autre accord", a ajouté la société.
Le groupe a prévenu que cette opération, si elle devait se concrétiser, se ferait à plusieurs conditions. Premièrement, que la société conserve sa note de crédit "investment grade" (investissement non spéculatif) avec un levier d'endettement (ratio de de dette nette rapportée au résultat brut d'exploitation ajusté) qui ne dépasserait 2,2 la première année suivant l'acquisition et 2 la deuxième.
De plus Elis assure qu'elle fera preuve de "discipline financière" au sujet du montant payé et que cette acquisition devra avoir un impact positif sur le bénéfice par action dès la première année suivant le rachat.
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Le désendettement en question
Reste que le marché prend donc peur car Vestis représente un très gros morceau pour Elis. Le groupe américain pèse pour 2 milliards de dollars (contre 4,6 milliards d'euros pour Elis) en Bourse à la clôture de jeudi et 3,3 milliards de dollars dette incluse, selon Reuters. Ce qui ferait tout simplement de Vestis la plus grosse acquisition de l'histoire d'Elis.
"Le problème c'est que c'est très gros comme acquisition pour Elis, qu'il n'y aura pas de synergies puisque la société est basée aux Etats-Unis où Elis n'est pas présent, et que cela contredit le discours précédemment tenu comme quoi il n'y avait pas de gros 'deals' en vue et que la société voulait se désendetter", explique un analyste basé à Paris.
Elis affichait à fin juin un levier d'endettement (mesuré par le ratio dette nette sur résultat brut d'exploitation ajusté) de 2,06 et compte arriver à un chiffre de 1,8 à fin décembre prochain.
Problème: au vu de la taille de Vestis et de la volonté du groupe de défendre sa note de crédit en catégorie "investment grade", financer une telle opération avec uniquement de la dette apparaît impossible.
Le groupe serait probablement contraint de lever des capitaux et donc de diluer ses actionnaires. "Au-delà de 300-400 millions d'euros, Elis n'a pas vraiment le choix et si l'acquisition était effectuée elle serait ultra-dilutive", estime l'analyste précédemment cité.
Le précédent Berendsen
Ces informations rappellent au marché la précédente grosse acquisition d'Elis, le britannique Berendsen. En 2017, Elis avait racheté cette société pour une valeur d'entreprise d'environ 2,2 milliards de livres (2,6 milliards d'euros). Si l'opération s'est avérée un succès à moyen terme, Elis a mis deux-trois années pour se remettre en Bourse des doutes qu'avait initialement émis le marché, et la société a ensuite dû se focaliser sur son désendettement.
"Cette annonce (les informations de presse de Reuters, NDLR) fait écho à l’offre publique d'achat de Berendsen en 2017, cible sur laquelle le groupe était revenu plusieurs fois à l’achat et que le marché considère comme surpayée, le cours de bourse d’Elis venant à peine de recouper son niveau d’alors", écrit dans une note TP ICAP Midcap.
Le bureau d'études explique, lui aussi, que les informations de Reuters ont de quoi gripper le marché alors que la société était sur la trajectoire du désendettement.
"Nous pensons que l’annonce de cette approche devrait faire pression sur le titre à court terme en dépit de l’attractivité du marché américain. Cela faisait un effet plusieurs mois que le groupe avait axé sa communication sur le désendettement (Elis était censé avoir réduit son levier de 3 à 1.8 entre 2020 et 2024), stratégie récompensée par le marché", rappelle-t-il.
Pour autant, TP ICAP Midcap considère que l'approche de Vestis par Elis ne serait pas "si surprenante" puisque "d’une part Elis avait reconnu qu’en dehors des Etats-Unis, il ne restait plus beaucoup de marchés de taille significative sur lesquels s’implanter et d’autre part acquérir Vestis offrirait une porte d’entrée notable sur le marché américain du Workwear, marché très dynamique et partagé entre Cintas, Unifirst et Vestis".
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