(BFM Bourse) - Le spécialiste des solutions de paiement dans le monde du travail rejoindra dans quelques jours l'élite de la Bourse de Paris. Ce qui vient saluer un superbe parcours boursier alimenté par une croissance dynamique et une stratégie de diversification réussie.
Edenred va rejoindre le 19 juin le CAC 40, soit un peu plus de trois années après que son ex-maison-mère l'a, elle, quitté. Car l'histoire boursière de cette entreprise connue pour la marque Ticket Restaurant a débuté avec Accor.
Ticket Restaurant était en effet une marque du groupe hôtelier depuis 1983, devenant ensuite Accor Services en 1998. En 2010, Accor décide de scinder ses activités, ce qui aboutit à l'introduction en Bourse d'Accor Services, renommé alors Edenred. Pour l'anecdote, le nom Edenred renvoie à "Eden", en référence au projet d'entreprise ("Entreprendre Différemment ENsemble) et "Red", qui outre rouge en anglais, signifie "réseau" en espagnol.
Accor choisi donc de se recentrer sur l'hôtellerie et de laisser Edenred voler de ses propres ailes.
"Vu la hausse du cours et de l'activité depuis, ils ont probablement dû regretter au moins un peu", jugeait récemment un analyste financier.
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Un parcours boursier impressionnant
Car Edenred constitue une belle histoire boursière: la société affiche une hausse de son action de 19% depuis le début de l'année, et de près de 150% depuis cinq ans. Sa capitalisation boursière, soit la valeur de l'ensemble de ses actions, s'inscrit, elle, à 15 milliards d'euros soit pas loin de deux fois celle d'Accor (8,5 milliards).
Ce parcours boursier est venu récompenser de bonnes orientations stratégiques et une croissance robuste. Pour donner un ordre d'idée, l'entreprise a affiché des revenus en hausse de 21,2% l'an passé en données comparables, une progression digne d'un groupe de luxe. Mais peut-être qu'un autre exemple donne une meilleure idée de la vigueur de son activité: sur les récentes années, Edenred n'a connu qu'un seul et unique trimestre de baisse de ses revenus, le deuxième de l'année 2020, en pleine pandémie. Dès le trimestre suivant le groupe retrouvait la croissance, prenant alors de court les analystes.
Plusieurs moteurs ont permis à Edenred de passer d'un chiffre d'affaires de 965 millions d'euros en 2010 à plus de 2 milliards l'an passé. Et le tout avec une importante rentabilité (la marge opérationnelle se situait à un peu moins de 34% en 2022).
Une diversification réussie
En dehors de sa marque Ticket Restaurant, Edenred est spécialisé dans les avantages aux salariés, qui regroupent aussi les tickets cadeaux mais également d'autres offres comme par exemple des solutions de covoiturage. Dès 2014, le groupe s'est diversifié vers les solutions de mobilité, qui rassemblent aujourd'hui les cartes carburant, les solutions de paiement de péages ou encore la gestion de flotte. En 2015, l'actuel PDG du groupe, Bertrand Dumazy, arrive aux manettes de l'entreprise. Début 2019, la société prend pied dans les solutions de paiement interentreprises aux Etats-Unis avec le rachat de l'américain CSI pour 600 millions dollars.
Ce marché est en pleine expansion, car une part encore très forte des paiements entre sociétés américaines se fait par chèque. Ce qui a d'ailleurs posé des problèmes lors de la pandémie.
Mais outre ce métier relativement récent, c'est l'ensemble des activités d'Edenred qui évoluent sur des marchés sous-pénétrés, ce qui offre un gisement de croissance extrêmement important au groupe. A titre d'exemple, seulement 25% des salariés bénéficient aujourd'hui de titres restaurant en France, avec une proportion encore plus faible dans les PME, l'un des grands axes de conquête du groupe.
Cette diversification fait qu'aujourd'hui la marque Ticket Restaurant ne compte "que" pour 44% de ses revenus totaux.
La capacité d'innovation du groupe est également mise en avant par les analystes comme un avantage concurrentiel par rapport à ses rivaux. La carte Ticket Restaurant, remplaçant le bon vieux ticket papier, a été lancée dès 2014 par la société, à titre d'illustration. Plus largement, la société se définit comme une plateforme technologique connectant 52 millions d'utilisateurs et 950.000 entreprises clientes à 2 millions de marchands.
Une valeur refuge face à l'inflation
Edenred a aussi bénéficié de son statut de valeur refuge face à l'inflation, qui a un impact positif sur son activité, à différents niveaux. Une partie de sa division de cartes carburant a été soutenue l'an dernier par la hausse des prix à la pompe, notamment au Brésil. Surtout, avec l'envolée de l'inflation les gouvernements relèvent les montants des plafonds réglementaires des différents avantages fiscaux dont bénéficient les produits de la société. En conséquence les clients d'Edenred sont incités à augmenter la valeur de ces avantages accordés aux salariés. D'autant plus dans ce contexte de hausse des prix, qui pousse à augmenter la valeur de ces mêmes avantages aux employés, pour leur octroyer du pouvoir d'achat sous d'autres formes que du salaire. Ce vent favorable n'a d'ailleurs pas fini de porter le groupe. Le directeur financier du groupe, Julien Tanguy, expliquait en avril qu'il fallait environ deux ans pour que cet effet bénéfique atteigne son plein régime.
"Edenred est un groupe très spécifique qui mêle, un profil FinTech, un profil de croissance, un profil social/ESG [environnement, social, gouvernance, les critères extra-financier, NDLR], et une opportunité de réduction des coûts pour certains de ses clients", résumait Deutsche Bank en avril.
"La société est également sensible à différents facteurs, tels que la digitalisation qui devrait permettre au groupe d'accélérer sa croissance, l'innovation qui fait partie de l'ADN de la société, et l'inflation, qui offre à Edenred un solide moteur de croissance grâce à la hausse de la valeur faciale [des titres, NDLR], du prix du pétrole […] et la sensibilité aux taux d'intérêt qui devrait contribuer à l'amélioration du taux de croissance ainsi qu'à un niveau de rentabilité plus élevé", développait la banque allemande.
Notons que l'entreprise a récemment annoncé la plus grande acquisition de son histoire en valeur, avec le britannique Reward Gateway, pour 1,15 milliard de livres sterling (1,3 milliard d'euros). Une opération qui permettra à la société de dégager des synergies de coûts et de revenus de plus de 60 millions d'euros au total et d'élargir ses marchés à des services de bien-être au travail ou d'animation sociale, proposés par cette cible.
La belle histoire boursière d'Edenred pourrait bien se poursuivre. Théoriquement, une société entrant sur le CAC 40 bénéficie d'un flux d'investisseurs qui achètent la valeur pour répliquer l'indice dans leurs fonds indiciels. Et les analystes se montrent optimistes. Deutsche Bank a un objectif de cours de 67 euros, Crédit Suisse de 65 euros et Stifel de 68 euros. Ce qui accorde un potentiel compris entre 7% et 11,5% par rapport au niveau actuel de l'action (un peu moins de 61 euros à la clôture de jeudi). Et selon un consensus du site investing.com, 11 des 14 analystes couvrant le dossier recommandent d'acheter le titre.
>> Bertrand Dumazy, le PDG d'Edenred sera l'invité de BFM Business ce vendredi à 7h20
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