PARIS (Reuters) - Bernard Tapie déclare avoir acquis un peu plus d'un pour cent du capital du Club Méditerranée, entraînant une forte hausse du titre du groupe de tourisme et de loisirs dont il critique ouvertement la stratégie.
Dans un entretien accordé au Monde daté de vendredi, l'homme d'affaires, qui avait manifesté dès avril son intérêt pour le Club Med, dit avoir acheté 260.000 actions mardi et mercredi pour plus de 2,5 millions d'euros.
L'action progressait de 5,31% à 10,11 euros à la Bourse de Paris vers 13h45.
Club Med n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat.
L'ancien ministre de François Mitterrand, qui s'oppose à la stratégie visant à orienter le Club Med vers le haut de gamme, précise qu'il ne fera "rien" avant la publication des résultats de l'exercice 2008-2009 qui sera clos fin octobre.
"Mon ambition à partir de maintenant est de comprendre toutes les incohérences tant sur le comportement des actionnaires que de certains chiffres et d'autre part, expliquer à ces actionnaires pourquoi je ne comprends pas la stratégie menée par Henri Giscard d'Estaing," le P-DG du Club Med.
L'homme d'affaires explique qu'il ne cherchera pas à prendre le contrôle du groupe ni à remplacer Henri d'Estaing Giscard, ajoutant toutefois que ce dernier pourrait être amené à revoir sa stratégie si le groupe ne se redressait pas.
DERNIÈRE ÉTAPE AVANT LE GRAND RÉVEIL
"A mon avis, c'est la dernière étape avant le grand réveil", déclare Bernard Tapie, évoquant "trois hypothèses" : "La première, je me suis trompé. Le Club se remet à gagner de l'argent (...). La deuxième : bizarrement alors que les actionnaires ont perdu 80% de leur actif en trois ans, ils continuent de l'accepter. Moi et mon 1% du capital, je la boucle et j'essaie d'en sortir."
"Enfin, dernière hypothèse, la majorité des actionnaires disent : ça suffit. Alors, on obligera Giscard à changer de stratégie", ajoute-t-il.
Le groupe, qui creusé sa perte nette au premier semestre et affiche des réservations d'été en berne, a porté plainte jeudi dernier pour diffusion d'informations trompeuses et manipulation de cours, ce que Bernard Tapie dément.
"Personne n'est dupe ! Faire monter le cours avant d'acheter une seule action mérite plus l'hôpital psychiatrique qu'une enquête de l'AMF" (Autorité des marchés financiers), ironise-t-il.
Selon un trader, pour qui la stratégie actuelle est la seule alternative étant donné le niveau élevé des coûts fixes inhérents à l'activité du groupe et la concurrence féroce sur l'entrée de gamme dans les pays émergents, la tâche ne sera pas aisée pour Bernard Tapie.
"Pour faire changer les choses à la prochaine assemblée générale en mars 2010, Bernard Tapie aurait besoin d'une majorité qui sera très difficile à obtenir, étant donné le niveau du soutien du bloc de 25% proche de la direction", explique-t-il. "Il devra élaborer une alternative crédible, ce qui nous semble difficile."
A l'issue de l'augmentation de capital du 26 mai, la Caisse de Dépôt et de Gestion du Maroc possède 10,97% du capital du groupe de loisirs, Rolaco Groupe 4,69%, Air France Finance 2%, Crédit Agricole 4,2% et Nippon Life 2,98%.
Certains analystes ont interprété cette opération de 102 millions d'euros comme un moyen de se protéger contre les visées de l'homme d'affaires, ce qu'a démenti la direction actuelle.
L'action a perdu 7,7% depuis le début de l'année, après voir plongé de 72% en 2008. La capitalisation boursière du groupe s'élève à environ 250 millions d'euros.
Cyril Altmeyer, Julien Ponthus avec la contribution de Blaise Robinson et Helen Massy-Beresford, édité par Marc Angrand et Jean-Michel Bélot
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