(BFM Bourse) - Le concepteur français d'un coeur artificiel pour les patients souffrant d'insuffisance cardiaque terminale remonte légèrement en Bourse après avoir présenté des données cliniques complémentaires.

Visionnaire depuis 1955. L'ASAIO (American Society for Artificial Internal Organs) est la plus ancienne société savante dédiée au développement d'organes artificiels. À une époque où les Etats-unis étaient présidés par Einsenhower, le commandant en chef du débarquement de Normandie, et où Elvis Presley apparaissait pour la première fois à la télévision, des médecins et scientifiques avaient déjà conçu et développé des systèmes de poumon artificiel ("poumon d'acier" puis ventilation mécanique par intubation) et de rein artificiel (hémodialyse). L'ASAIO a ensuite accompagné tous les progrès de la disciplines notamment dans le domaine cardiaque (premier pacemaker, systèmes d'assistance ventriculaire, coeurs artificiels...).

C'était donc sa 65e conférence annuelle que l'ASAIO a organisé du 26 au 29 juin à San Francisco. La société tricolore Carmat a annoncé jeudi soir avoir présenté dans ce cadre des résultats intermédiaires complémentaires de l'étude PIVOT débutée en 2016 sur son projet de prothèse, mimant au plus près la structure et les fonctions du coeur, espérant à terme être en mesure de sauver des milliers de patients chaque année.

L'entreprise a notamment présenté aux praticiens conviés à la conférence les données d'autorégulation, une des caractéristiques uniques à sa bioprothèse (visant à adapter automatiquement le débit sanguin aux besoins du patient grâce à l'utilisation des capteurs embarqués et d'algorithmes de contrôle). Les dix patients constituant la première cohorte de l'essai "ont bénéficié avec succès de ce système dès leur implantation ce qui a conduit à une récupération hémodynamique immédiate et durable fournissant les conditions optimales pour rétablir leurs fonctions vitales", indique Carmat. Les principes et la réactivité de l'autorégulation nécessitent un nombre "négligeable" de réglages "permettant aux médecins de se focaliser sur le suivi clinique de leur patient".

Survie d'au moins 6 mois après implantation

Après environ huit jours en soins intensifs, suivis d'un processus de réadaptation standard, les patients ont pu rentrer à domicile moins de deux mois après l'implantation. Grâce à la prothèse Carmat, ces patients ont passé environ 70% de leur temps à domicile et ont retrouvé une qualité de vie leur permettant de réaliser des activités quotidiennes classiques, ajoute l'entreprise dans son communiqué.

Carmat avait déjà publié en janvier dernier les résultats des tests sur ces dix premiers patients, démontrant l'atteinte de l'objectif principal de l'étude, soit une survie d'au moins six mois après implantation.

L'étude PIVOT prévoit d'implanter la prothèse sur une deuxième cohorte de patients, d'une dizaine de patients également, le premier d'entre eux ayant été implanté en septembre 2018, avant qu'une suspension de la production de prothèses ne vienne de facto interrompre l'essai.

L'action en repli de 20% depuis janvier

Sans surprise, le cours de Bourse de Carmat est resté très volatil, s'inscrivant en baisse de plus de 20% depuis le début de l'année tandis que la société a une nouvelle fois repoussé l'horizon de commercialisation, fixé en 2013 initialement, en attendant de pouvoir reprendre les implantations.

Après avoir touché jeudi un nouveau plus bas historique à 18 euros, le cours de Carmat profite néanmoins du rappel de la participation de l'entreprise à la conférence annuelle de l'ASAIO vendredi matin pour reprendre 2,83% à 18,90 euros vers 10h45.