(BFM Bourse) - Le spécialiste du cœur artificiel Aeson avait prévenu qu'il se retrouverait à court de liquidités d'ici à la mi-mai. Cette échéance est désormais passée et l'entreprise a prévenu qu'elle se trouverait en cessation d'ici à la fin du mois si elle ne parvenait pas à sécuriser un financement de 3,5 millions d'euros. Pour tenter de survivre, l'entreprise a lancé une campagne de dons.

Carmat est en situation ultra-critique. Le fabricant du cœur artificiel Aeson se retrouve à deux doigts de la cessation de paiements.

Après la publication de ses résultats annuels, fin avril, la société avait prévenu que sa trésorerie ne lui permettait de financer son activité que jusqu'à la mi-juin 2025. En conséquence, l'entreprise devait trouver urgemment des fonds pour poursuivre son activité.

Auparavant, fin mars Carmat s'était offert un peu de répit. La société était parvenue à obtenir une ligne de financement flexible portant sur un nombre maximal de neuf millions d'euros auprès d'Iris Capital Investment.

Un titre qui s'effondre

Dans une note, Oddo BHF avait jugé que cet apport de fonds n'était qu'un "bridge" (une rustine, en quelque sorte) dans l'attente d'un financement durable. Ses analystes avaient alors estimé que cette "ligne de financement [n'était] pas suffisante pour finir l'année", alors que Carmat avait lui-même concédé qu'il faudrait renforcer sa trésorerie d'environ 35 millions d'euros afin de financer ses projets pour les 12 prochains mois.

Les craintes de la société de gestion étaient bien fondées, puisque trois mois plus tard, Carmat a déclaré qu'il se retrouverait en cessation de paiements à la fin du mois sauf à trouver urgemment plusieurs millions d'euros.

"Le titre devrait être lourdement sanctionné en Bourse ce matin", a redouté Invest Securities dans une note publiée avant l'ouverture du marché parisien ce lundi 23 juin. Sans surprise, Carmat se retrouuve sous pression, ce lundi 23 juin, avec un titre qui s'effondre encore de 60%, après avoir été incotable jusqu'à 10h45.

Une campagne de dons

Dans son communiqué, Carmat explique ne pas être parvenu à sécuriser de nouveaux financements, mettant en cause "un environnement de financement très dégradé, particulièrement pour les petites et moyennes capitalisations".

La société estime son besoin de trésorerie à 3,5 millions d'euros pour éviter la cessation des paiements à la fin du mois de juin. Quand bien même Carmat parviendrait à réunir cette somme, ses finances demeureraient ultra fragiles. Le spécialiste du cœur artificiel a encore besoin de 20 millions d'euros pour financer ses activités d'ici la fin de l'année 2025, dont 8 millions d'euros d’ici fin juillet, puis 4 millions d'euros d’ici fin septembre, et de nouveau 8 millions d'euros sur le quatrième trimestre.

Dans ce contexte critique, Carmat continue d’explorer toutes les options de financement, lui permettant la poursuite de ses activités au-delà du mois de juin. La situation financière de la société est si désespérée, qu'elle en est venue à lancer vendredi 20 juin une campagne de dons. Au dernier comptage ce lundi, Carmat est parvenu à récolter la (modique) somme de 8.271 euros. Une goutte d'eau par rapport à l’impérieux besoin en trésorerie de Carmat.

Pierre Bastid, président du conseil d'administration et actionnaire de Carmat à hauteur de 13,5%, avait reconnu en septembre 2024 "que lever de l'argent (était) aujourd'hui la difficulté essentielle de Carmat", à l'antenne de BFM Business.

Il avait jugé que la meilleure solution pour Carmat serait de sortir de la cote. "Dans un monde idéal on trouverait quelqu'un qui aurait les poches très profondes, qui mettrait entre 200 et 300 millions d'euros sur la table, qui sortirait Carmat de la Bourse", avait expliqué le dirigeant.

"Je pense que cela serait une très bonne solution, parce que cela permettrait aux équipes de travailler dans la sérénité, de ne plus être sous la pression de l'argent que l'on cherche, des communications qu'on doit faire", avait-il ajouté.