(BFM Bourse) - Le groupe vendéen abaisse son objectif de marge pour son activité bateau pour 2024 après une activité semestrielle en nette baisse, entre déstockages chez les concessionnaires et une demande en berne aux Etats-Unis pour les petites unités.

En début d'année, Beneteau avait prévenu que des vents contraires allaient s'immiscer dans son activité en 2024. Le groupe nautique basé à Saint-Gilles-Croix-de-Vie citait un contexte macroéconomique difficile qui amplifierait un phénomène de déstockage dans certains réseaux de distribution.

Sur les trois premiers mois de l'année, Beneteau avait déjà fait part d'un ralentissement de son activité, et évoquait "un environnement toujours attentiste, et marqué par des taux d’intérêts plus élevés", et des déstockages chez ses concessionnaires.

Sur l'ensemble du semestre, les ventes ont clairement marqué le pas, ce qui a contraint le groupe à abaisser son objectif de marge pour 2024. A la Bourse de Paris, l'alerte de Beneteau s'ajoute à la longue liste des récentes mauvaises surprises déjà publiées, après celles de Sartorius Stedim Biotech ou Sopra Steria pour ne citer que celles annoncées vendredi dernier.

Ce qui est logiquement sanctionné à la Bourse de Paris. Le leader mondial des industries nautiques perd 12,7% vers 11h30, signant la plus forte baisse du SBF 120 après cet abaissement d'objectif.

Un marché compliqué aux Etats-Unis

Au premier semestre, le groupe nautique a réalisé des ventes en baisse de 25,5% à 766,4 millions d'euros. Dans le détail, la division bateau - qui concentre l'essentiel des revenus de la société - a vu ses facturations chuter de 31,5% en données publiées sur un an pour atteindre 556,6 millions d'euros contre des revenus "record" de 812,9 millions d'euros un an plus tôt.

Cette nette baisse des ventes avait été anticipée par les analystes. Oddo BHF s'attendait à ce que Beneteau publie un chiffre d'affaires de 566,5 millions d'euros pour l'activité bateau quand le consensus cité par le bureau d'études tablait sur 563 millions d'euros de ventes.

Sur la période, Beneteau explique avoir pâti de la volonté son réseau de distribution de réduire ses stocks, ce qu'il l'a privé de 80 millions d'euros de revenus. Ce phénomène était déjà anticipé par la société, qui évalue entre 100 à 150 millions d'euros l'impact de ce phénomène sur ses comptes en 2024.

"L’an dernier, l’activité avait bénéficié, au contraire, d’un phénomène de restockage pour environ 150 millions d'euros, avec la normalisation des conditions d’approvisionnements en 2023", rappelle Oddo BHF.

Le groupe signale avoir essuyé une lourde baisse de 39% de l’activité moteur sur un an. Beneteau indique que ses marques américaines, "ont fortement souffert", sur le semestre. Le chiffre d'affaires généré par les petites unités aux Etats-Unis, est en retrait de 72% sur le semestre, tandis que les ventes "sell-out", soit les ventes dédiées aux clients, sont en recul de l’ordre de 25%.

"Par contraste, l’Europe (62% du chiffre d'affaires du premier semestre) affiche un recul moins prononcé de 20,4% en raison de la stratégie de montée en gamme de l’offre", poursuit le bureau d'études.

Quant à la division habitat, le chiffre d’affaires du premier semestre est en légère baisse de 2,6% en données publiées sur un an, pour s'établir à 210 millions d'euros. "En France, les livraisons de mobil-homes ont été ralenties au cours du deuxième trimestre en raison de la baisse d’activité du marché Résidentiel impacté notamment par des taux d’intérêts élevés", explique Beneteau.

Le groupe a fait un point sur le projet cession de cette activité à Trigano, qui reste encore soumis à l’approbation de l’autorité de la concurrence en France. Cette procédure ayant requis un délai supplémentaire, Beneteau envisage dorénavant une réponse au cours du second semestre 2024.

"Un contexte toujours très incertain"

Pour la suite de l'exercice Beneteau souffrira encore d'un manque de visibilité. Le groupe évoque un contexte toujours très incertain, marqué par l’attentisme des plaisanciers. Il anticipe une poursuite du phénomène de déstockage dans les réseaux de distribution sur le second semestre. Beneteau évalue toujours entre 100 à 150 millions d'euros les répercussions de ce phénomène sur ses comptes en 2024.

Dans ce contexte, Beneteau anticipe un chiffre d’affaires pour sa division bateau de l’ordre de 1 milliard d'euros sur l’exercice, soit "un niveau sensiblement inférieur" aux estimations d'Oddo BHF et de celles du consensus (1,1 milliard d'euros), cité par le bureau d'études.

Cette activité plus faible qu'attendu, et notamment aux Etats-Unis contraint Beneteau à sabrer ses estimations de marge opérationnelle pour sa division bateau. Il estime que sa division phare est en mesure de générer en 2024 une marge opérationnelle courante comprise entre 3% et 6%, contre une précédente fourchette de 7% et 10%.

Hors Marques Américaines pour lesquelles la perte opérationnelle devrait avoisiner 15 millions d'euros sur l’exercice, la marge de l'activité bateau serait de 5% à 8%.

La direction a indiqué avoir d'ores et déjà mis en place des mesures d’adaptation des capacités de production et de réduction de la structure de coûts pour l’ensemble des sites. Ces mesures ciblent particulièrement les Etats-Unis où la production sera réunie sur un seul site industriel à compter du second semestre 2024.

"Pour notre part, même si nous retenions déjà un résultat opérationnel courant dans la fourchette basse de la précédente guidance, nous abaissons de nouveau nos attentes pour un résultat opérationnel courant de 40 millions d'euros contre 77,5 millions d'euros initialement", avance Oddo BHF, qui ajuste sa recommandation après cette publication, en raison d'une visibilité sur l’horizon de redressement de l’activité qui reste faible.

L'objectif de cours du bureau d'études est en conséquence ajusté à 11,5 euros contre 14 euros, avec une opinion elle aussi abaissée à "neutre" contre "surperformance" en attendant de mieux mesurer le potentiel de rebond du chiffre d'affaires".