par Helen Massy-Beresford et Benjamin Mallet
PARIS (Reuters) - Alstom n'a pas renoncé à son projet de fusion avec Areva mais, s'il se concrétisait, les termes d'un accord devraient prendre en compte les éventuelles difficultés rencontrées par le groupe nucléaire sur certains chantiers, a déclaré lundi Patrick Kron, P-DG d'Alstom.
Prié de dire si les retards et surcoûts enregistrés par Areva sur le chantier de l'EPR finlandais mettaient en cause le projet qu'il défend, Patrick Kron a déclaré : "Les modalités financières d'un 'deal' de ce type sont fonction de la situation des deux entreprises et les difficultés qu'il y a dans tel ou tel chantier interagissent bien sûr dans l'analyse qu'on peut faire."
"Cela ne remet pas en cause quoi que ce soit, mais cela oblige à bien réfléchir à la valeur des biens, aujourd'hui et demain (...) Si un jour il se passait quelque chose, on demanderait à bien analyser la situation des contrats en cours (...). J'imagine qu'Areva chercherait à se faire une idée des différents contrats sur lesquels on est impliqués."
Evoquant l'état d'avancement du projet dans le contexte de la crise économique, Patrick Kron a ajouté : "Il n'y a rien qui bouge et rien qui bougera. Les périodes de ce type sont à la fois l'occasion de vérifier les forces et faiblesses des différents acteurs (...) mais, aujourd'hui, je dirais que cela rend les 'deals' plutôt plus compliqués que plus faciles."
Martin Bouygues, dont le groupe contrôle environ 30% d'Alstom, avait déclaré aux Echos du 11 décembre qu'il attendait de savoir "comment se passent les EPR d'Areva".
La présidente du directoire du groupe nucléaire, Anne Lauvergeon, s'est pour sa part opposée à plusieurs reprises à un rapprochement avec Alstom en faisant notamment valoir qu'une telle opération entraînerait des "synergies négatives".
Prié de dire ce qu'Alstom projetait de faire avec ses deux milliards d'euros de cash, Patrick Kron a en outre déclaré : "Si les commandes ralentissent, on va en brûler une partie (...) ; nous allons prolonger notre politique de dividende et nous aurons peut-être la possibilité d'acquérir des sociétés dans des conditions où on peut le faire, alors qu'avant on considérait qu'elles étaient trop chères pour nous."
JUSQU'À UN MILLIARD EN CASH POUR DES ACQUISITIONS
Patrick Kron a précisé que le groupe pouvait faire des acquisitions en cash "jusqu'à un montant d'un milliard d'euros" et souhaitait se développer dans l'éolien, la signalisation, les services dans la production d'électricité et le transport, ou encore les équipements de protection de l'environnement.
Il a également dit qu'Alstom regardait "un certain nombre de dossiers précis" mais qu'une annonce à court terme était peu probable.
Le cash flow libre d'Alstom s'est élevé au premier semestre à 1.201 millions (contre 1.248 millions au premier semestre 2007-2008).
Au 30 septembre, sa trésorerie nette était positive de 1.864 millions d'euros (contre 904 millions au 31 mars) et sa trésorerie brute s'élevait à 2,7 milliards, une ligne de crédit d'un milliard à échéance 2012 restant disponible.
"La question qui va se poser (face à la crise) va être celle du rythme d'entrée des commandes futures (...). Dans nos métiers, l'activité met beaucoup de temps à ralentir et elle mettra beaucoup de temps à repartir", a en outre déclaré Patrick Kron.
"J'imagine qu'il y aura un ralentissement dans les prises de commandes. La question sera de savoir sur quelle durée et avec quelle ampleur. On a la chance d'être sur des métiers en croissance : si ralentissement il y a, le rebond en sera d'autant plus raide", a-t-il également dit en soulignant la solidité des clients du groupe - notamment publics - en termes de bilan.
Patrick Kron a toutefois déclaré que les éventuelles difficultés de financement public liées à la crise pourraient ralentir certains projets - notamment dans le transport -, alors que la plupart des plans de relance comprennent à contrario un volet réservé aux infrastructures.
FLEXIBILITÉ FACE À LA CRISE
"Le début du trimestre en cours a été satisfaisant", a-t-il également dit.
Le P-DG d'Alstom a en outre indiqué que le groupe pourrait s'adapter à d'éventuels changements de son environnement en ralentissant son rythme d'embauches ou en réduisant ses embauches d'intérimaires et de contrats à durée déterminée.
Concernant la politique d'investissements du groupe - de l'ordre de 500 millions d'euros - Patrick Kron a ajouté : "On est prudents mais on ne va pas la casser."
Evoquant d'éventuelles difficultés de certains de ses clients ou sous-traitants, le P-DG d'Alstom a répété que la société ne comptait pas les soutenir financièrement.
Edité par Jacques Poznanski
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