(BFM Bourse) - L'action du fabricant de trains français pâtit des multiples signaux évoquant un possible rejet du projet de rapprochement avec Siemens par les autorités européennes de la concurrence, ce qui pourrait empêcher la constitution d'un champion capable de rivaliser avec le canadien Bombardier ou le chinois CRRC, quatre fois plus gros qu'Alstom.
L'incompréhension et la déception pèsent sur le titre Alstom. Vers 10h20, le cours du fabricant du TGV perd 2,96% à 33,75 euros, son plus bas depuis début mars 2018, tandis que la presse rapporte que le projet de rapprochement avec Siemens Mobility, la branche transport du conglomérat allemand, serait en péril, du fait de l'opposition des services de concurrence de la Commission européenne elle-même.
Selon Les Echos, l'argumentaire développé par les prétendants face à l'antitrust européen selon lequel le marché des trains est véritablement mondial, avec la nécessité de faire émerger un champion européen suffisamment solide pour résister à la concurrence notamment du nouveau colosse chinois CRRC, n'aurait pas trouvé grâce aux yeux de la commissaire Margrethe Vestager, dont l'analyse s'appuie surtout sur le risque de position dominante sur certains marchés européens.
Les autorités de régulation ferroviaire britannique, belge, néerlandaise et espagnole ont estimé en décembre, appuyées par la commissaire à la concurrence, qu'une fusion Alstom-Siemens limiterait de façon très importante la concurrence sur certains segments comme les trains à grande vitesse ou la signalisation.
"A mesure que les mois passent, les réticences de la commissaire chargée du dossier, Margrethe Vestager, ou en tout cas de son équipe, sont de plus en en plus visibles. Au point que le scénario d'un veto semble désormais le plus probable", indique le quotidien économique.
"Une erreur économique, une faute politique"
En réaction, le ministre de l'Economie a estimé qu'il n'y avait aucune raison acceptable que la Commission s'oppose à ce mariage. "Si jamais la Commission devait donner une décision défavorable à cette fusion [...] ce ne serait pas seulement une erreur économique, ce serait une faute politique. Parce que ça affaiblirait toute l'industrie européenne face à la Chine", a indiqué Bruno Le Maire dimanche au micro d'Europe 1.
"Le droit de la concurrence européen est obsolète. Il a été créé au XXe siècle et fait face aujourd'hui à l'émergence de géants industriels du XXIe siècle, et il ne permet pas à l'Europe de créer ses propres champions", a-t-il ajouté, soulignant qu'il n'avait fallu que quelques années à CRRC -largement soutenu par l'Etat chinois- pour rattraper puis distancer les groupes européens. La Chine a un marché de 29.000 kilomètres de lignes à grande vitesse ou très grande vitesse, contre 9.000 km en Europe, a-t-il rappelé. "CRRC fait 200 trains à grande vitesse ou très grande vitesse par an. Alstom et Siemens 35. Le chiffre d'affaires d'Alstom et de Siemens ensemble, c'est la moitié de celui de CRRC".
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