(BFM Bourse) - Hi-Media a annoncé mardi la signature d'un protocole d'accord en vue de l'acquisition de 100% de la société américaine Fotolog. David Bernard, Directeur Général d'Hi-Média, explique à Tradingsat.com les tenants et les aboutissants de cette opération stratégique.
Tradingsat.com : Le rachat de Fotolog est votre plus importante acquisition à ce jour. Elle intervient après plusieurs mois d'inactivité de la société en matière de croissance externe.
David Bernard : Effectivement. Nous avons fait une pause dans nos acquisitions au premier semestre. L'idée était de bien intégrer nos précédentes acquisitions pour nous concentrer sur la croissance organique. Avec un certain succès, puisque cette croissance a été plus forte au deuxième trimestre qu'au premier. Nous souhaitions réussir l'intégration de toutes les équipes de façon à pouvoir franchir un nouveau pas sur la partie « publishing ».
Tradingsat.com : Le développement du pôle d'édition de site Internet figure donc parmi vos principaux objectifs stratégiques à l'heure actuelle.
David Bernard : Jusqu'à présent, nous détenions le site jeuxvideo.com, une plate-forme de blogs ainsi qu'un certain nombre d'autres sites. Avec Fotolog, nous franchissons une véritable étape : notre audience ne sera plus uniquement française ou européenne, mais mondiale.
L'idée sous-jacente à cette opération, comme à celle de la plupart de nos dernières acquisitions, est de pousser encore plus loin la logique d'évolution de notre métier historique de régie publicitaire vers celui de prestataire global de services de monétisation de l'audience sur Internet. Que ce soit par la publicité ou par la vente de contenu via les micropaiements, Hi-Média est aujourd'hui un groupe spécialisé dans la monétisation de l'audience pour des sites externes, via des contrats, ou pour des sites internes.
Tradingsat.com : Quel sera l'impact de Fotolog sur l'équilibre de ces deux métiers, l'édition de sites et les services de monétisation, au sein du groupe ?
David Bernard : À l'heure actuelle, le pôle « Publishing » représente environ 12% de la marge brute, sans Fotolog, qui va permettre d'augmenter très significativement la part de ce métier dans notre activité. Le but est à plus long terme de parvenir, avec d'autres acquisitions éventuellement, à une répartition égale entre ces deux composantes.
Tradingsat.com : Comment comptez-vous transformer l'audience de Fotolog en revenus ?
David Bernard : Il faut simplement voir cette opération comme l'union d'une société concentrée depuis 5 ans sur le développement de son audience, Fotolog, créée en 2002, avec une autre société, Hi-Média, qui a passé 10 ans à chercher des solutions pour générer du cash avec cette audience.
Tradingsat.com : Certains analystes critiquent parfois un manque de synergies entre vos différents métiers. Cette opération peut-elle contribuer à les rassurer ?
David Bernard : L'erreur serait par exemple de penser que nos activités de micropaiements et nos activités publicitaires sont hermétiquement séparées. Or il faut bien comprendre que les équipes sont communes. Qu'il y a d'une part des personnes qui cherchent des sites à monétiser, d'autres qui s'occupent de vendre cet espace, tandis que d'autres encore monétisent le contenu par le biais de micropaiements. Les synergies existent donc déjà au niveau du groupe. Elles sont encore plus évidentes avec le rachat d'un site d'audience du calibre de Fotolog.
Tradingsat.com : A ce propos, comment se situe Fotolog en terme d'audience par rapport à d'autres sites communautaires tels que Myspace ou YouTube ?
David Bernard : Son classement dépend des zones géographiques. Fotolog se situe très loin derrière aux Etats-Unis, mais il les dépasse en Argentine, et devance Myspace en Espagne ou au Brésil.
Tradingsat.com : Se pose aussi la question du prix. Il y a des secteurs d'activité dans lesquels il paraîtrait insensé de payer 65.8 Millions d'euros pour une société de moins de 2 Millions d'euros de chiffre d'affaires…
David Bernard : C'est cher si l'on compare le montant de la transaction au chiffre d'affaires, mais très peu cher si l'on compte en terme de prix par visiteur unique. Plusieurs analystes font d'ailleurs aujourd'hui ce constat en soulignant que le prix payé est très inférieur à celui observé lors des transactions comparables dans ce domaine. Cela s'explique en partie par le fait que l'audience de Fotolog est essentiellement européenne et sud-américaine, plutôt qu'états-unienne.
Conscient que le « concept » de valorisation des visiteurs uniques risque de rappeler de mauvais souvenirs à certains, je souligne que la situation n'a rien de comparable avec l'époque de la bulle Internet. Nous comptons en effet sur un objectif de rentabilité à court terme avec une contribution attendue positive dès 2008.
Tradingsat.com : L'opération va faire entrer deux fonds d'investissement au capital d'Hi-média, quelles relations entretenez-vous avec eux ?
David Bernard : Nous avons appris à connaître BV Capital et 3i Venture Capital au fur et à mesure du processus de rachat de Fotolog. Ce sont de grands noms de la place financière. Les avoir en tant qu'actionnaires de référence est très intéressant pour nous. BV Capital a d'ailleurs demandé un siège à notre conseil d'administration, signe de sa volonté de participer activement à notre développement.
Tradingsat.com : Vous publiez dans quelques jours votre rapport semestriel, puis vos résultats semestriels en septembre…
David Bernard : La publication du rapport narratif a été avancée au 30 août, au lieu du 31 pour des raisons pratiques. Nos résultats semestriels seront annoncés le 19 septembre au soir. Pour l'heure, je peux simplement vous dire qu'étant donné le chiffre d'affaires très satisfaisant réalisé au premier semestre, l'objectif de 100 Millions d'euros de chiffre d'affaires annuel et de 15 Millions d'euros d'EBIT demeure d'actualité.
Propos recueillis par F.B.
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