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Les traders du parquet de Wall Street, maillons essentiels ou reliques du passé?

dimanche 14 juin 2020 à 11h00
Des traders au parquet de la Bourse de New York

(BFM Bourse) - Les opérateurs des maisons de courtage financier ont repris progressivement le chemin du parquet de la Bourse de New York, après avoir dû en raison du confinement évacuer les lieux pour la première fois depuis la création du NYSE. De quoi raviver le débat sur l'utilité réelle des traders physiquement présents pour échanger des ordres...

L'absence, sans grandes conséquences apparentes, de courtiers sur le parquet du New York Stock Exchange pendant plusieurs semaines à cause du coronavirus a de nouveau mis en question le rôle réel de ces figures emblématiques de Wall Street.

"Au cours des 15 à 20 dernières années, la majorité du courtage est passée des mains des humains aux serveurs des ordinateurs, avec les algorithmes ou le trading à haute fréquence", explique Jonathan Brogaard, professeur de finances à l'Université d'Utah.

Sur les pas moins de 13 plateformes différentes où peuvent s'échanger des actions aux Etats-Unis, seul le NYSE offre encore les services de traders en chair et en os dans son bâtiment historique dans le sud de Manhattan, ceux que l'on voit habituellement sur les images illustrant les fluctuations des indices de la Bourse.

Une première en 228 ans

Pour la première fois en 228 années d’existence, le NYSE a fonctionné malgré l’éloignement physique des traders. Une poignée d’entre eux seulement ont repris le chemin de la Bourse à partir du 26 mai.

Cet évènement historique a servi de test grandeur nature par rapport aux remarques d’un certain nombre de personnes s’interrogeant sur l’utilité des courtiers alors qu'on peut acheter et vendre des actions de façon plus efficace, plus rapide et moins chère avec des ordinateurs. Or, selon une étude cosignée par Jonathan Brogaard, la liquidité des titres échangés (la capacité à trouver rapidement un acheteur ou un vendeur pour une action donnée), a diminué quand les traders n'étaient plus là, tandis que le spread, la différence entre les prix proposés à l'achat et à la vente, s’est accru. Et ce en particulier au moment crucial des quelques minutes suivant l'ouverture de la séance.

L’étude conclut donc que la présence des courtiers sur le parquet améliore la qualité et la profondeur du marché, ce que défend également la direction du NYSE.

Des conclusions contradictoires

Mais une autre étude menée par des chercheurs de l'Université de New York et de l'Université de l'Illinois, publiée quelques jours plus tôt et nommée "Vestiges du passé: les courtiers du parquet au moment de la clôture dans les marchés électroniques modernes", est parvenue à des résultats bien différents.

Selon ses auteurs, la qualité des informations transmises aux acteurs du marché sur les prix des actions dans les quelques minutes précédant la fin de la séance s'est au contraire améliorée quand le parquet était fermé. Aussi l'intérêt d'une des spécificités du NYSE, qui permet aux courtiers du parquet de passer des ordres jusqu'à la clôture, "n'est pas évident", concluent-ils.

Que des chercheurs parviennent à des affirmations apparemment aussi opposées n'est pas forcément une surprise, remarque Shane Swanson, spécialiste des structures et technologies de marchés au sein du cabinet Greenwich. "Les questions qu'ils posent, la façon dont ils font leur analyse, et ce qu'ils mesurent sont très différents", explique-t-il.

Le NYSE défend son modèle

"Les Bourses se livrent une concurrence féroce pour attirer les ordres des investisseurs", souligne le spécialiste. "C'est aux professionnels qui opèrent sur ces marchés au nom de leurs clients de comprendre un minimum de la microstructure de chacune d'entre elles pour choisir la plus appropriée au meilleur moment", ajoute-t-il.

Le NYSE pour sa part défend son modèle, affirmant que la présence d'humains sur son parquet, qu'il s'agisse des courtiers ou des teneurs de marchés chargés de garantir la liquidité sur des titres spécifiques, améliore la qualité du courtage.

"Les opérateurs de marché sont des acteurs économiques rationnels. S'ils ne voyaient pas d'intérêt à maintenir cette communauté, ils n'y consacreraient pas l'effort et les ressources nécessaires depuis si longtemps", remarque Shane Swanson. Les propriétaires successifs du parquet de Wall Street, actuellement sous la houlette de la société ICE, "auraient pu à plusieurs reprises décider de ne pas conserver les humains sur le parquet, mais ils ont choisi à chaque fois de les conserver".

(Avec AFP).

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