(BFM Bourse) - La Banque centrale européenne devrait dévoiler jeudi 12 septembre un vaste ensemble de mesures de relance monétaire. Un soutien sur lequel les investisseurs comptent déjà largement... Selon Barclays, l'institution devrait les exaucer, mais sans délivrer de surprises supplémentaires.
Attention au risque de déception pour qui s'attend à ce que Mario Draghi en fasse davantage qu'attendu jeudi, par exemple au travers d'une baisse de taux d'un niveau spectaculaire ou d'un retour massif du Quantitative Easing. Il faut tenir compte du fait que le président actuel de la Banque centrale européenne doit composer avec des avis divergents, rappelle Barclays. Selon la banque britannique, c'est donc un ensemble de stimulus globalement conforme aux prévisions qui devrait être dévoilé cette semaine. Tour d'horizon.
Une baisse du taux d'intérêt et l'entrée en vigueur d'un système de paliers
Selon Barlcays, le taux d'intérêt de la facilité de dépôt, que les banques peuvent utiliser pour effectuer des dépôts à vue auprès de l'institution, devrait être encore réduit de 0,10 points pour descendre désormais à -0,50% (ce qui revient à pénaliser encore plus les dépôts, pour inciter les banques à plutôt réinjecter leurs liquidités dans l'économie). Parallèlement, un système de paliers ("tiering") devrait être mis en place, conduisant à appliquer différents taux à différentes banques en fonction de leur taille et de leur solidité financière, histoire de ne pas accabler les établissements les moins solides.
Le "tiering" est une approche déjà employée par la Banque nationale suisse (BNS), par la Danmarks Nationalbank (Danemark), la Sveriges Riksbank (Suède) ou encore la banque centrale japonaise. Mais en Europe, le secteur bancaire est beaucoup plus hétérogène et fragmenté que dans chacun de ces pays, ce qui rend l'exercice nettement plus compliqué Faut-il appliquer des taux différenciés à partir de telle taille de bilan, de tel niveau de fonds propres ? Où placer les seuils ? Barclays suggère que la meilleure approche serait de raisonner en fonction du solde de liquidités (total des dépôts diminué du montant emprunté) de chaque établissement auprès de la BCE.
Certains intervenants estiment que l'application simultanée du système de tiering, supposé limiter les inconvénients d'un taux de dépôt négatif pour les banques les plus fragiles, devrait pousser l'institution à aller plus loin dans la baisse de taux, soit au moins 0,20 point de baisse dès cette semaine. Au contraire, Barlays s'attend à ce que la BCE prenne justement le temps de vérifier l'efficacité du système avant de se lancer dans de plus amples baisses de taux.
Un retour du Quantitative Easing
Il faut rappeler que Francfort n'a pas cessé cette année de racheter sur le marché des obligations d'Etat et d'entreprises, autrement dit de pratiquer le QE (pour quantitative easing, ou assouplissement quantitatif), mais qu'elle s'est contenté de stopper les rachats nets. Autrement dit, depuis janvier, l'institution n'achète des obligations sur le marché qu'en réinvestissant les montants remboursés par les émetteurs au fur et à mesure des échéances. Barclays s'attend qu'après une année à ce rythme (sachant que cela laissait d'amples munitions puisque la BCE détenait fin 2018 2.650 milliards d'euros d'obligations), Mario Draghi annonce une reprise des achats nets au rythme de 20 à 30 milliards d'euros d'argent frais par mois en sus des réinvestissements -ce qui s'apparente à une forme de planche à billets- à partir de janvier prochain. Mais le bureau d'études pense que le risque d'une surprise à la hausse (de 50 à 60 milliards d'euros mensuels par exemple) et bien moindre que celui de voir repousser l'annonce du QE à plus tard.
Renforcer la forwarg guidance
La BCE pourrait abandonner, ou du moins relativiser, la référence calendaire dans ses indications prospectives (ou "forward guidance"), en regard de son indication selon laquelle "les taux d’intérêt directeurs de la BCE resteront à leurs niveaux actuels, ou à des niveaux plus faibles, au moins pendant le premier semestre 2020 et, en tout cas, aussi longtemps que nécessaire pour assurer la poursuite de la convergence durable de l’inflation vers son objectif à moyen terme". Cela pourrait être remplacé par une nouvelle référence explicite au fait que l'objectif à moyen terme en matière d'inflation n'est pas forcément un taux proche mais inférieur à 2%, mais bien un niveau de 2% qui peut-être ponctuellement dépassé à la hausse.
Assouplir les conditions du TLTRO-III
Comme le grand argentier de la zone euro l'a annoncé en mars une nouvelle série d’opérations trimestrielles de refinancement à plus long terme -deux ans- ciblées (targeted longer-term refinancing operations, ou TLTRO-III puisqu'il s'agit de la troisième vague) doit débuter ce mois-ci, avec une première allocation de fonds aux banques programmée le 19. Barclays s'attend à ce que les conditions en soient encore bonifiées par rapport aux indications données en juin, en supprimant le spread minimal (écart d'au moins 10 points de base) par rapport au taux moyen sur la période concernée.