(BFM Bourse) - C'est la saison des assemblées générales. Et qui dit assemblées générales... dit dépôt de résolutions. Pour la banque américaine Citigroup, ce sont des actionnaires peu banales qui sont montées au créneau: des nonnes. Les Soeurs de Saint Joseph de la Paix accusent la banque d'avoir financé des projets controversés d'une compagnie pétrolière.
Les Sœurs de St. Joseph de la Paix, aux États-Unis, détiennent via leur congrégation une petite participation dans Citigroup. Ce qui leur permet de pouvoir monter au créneau... Et de demander à la banque de se repentir. Dans une résolution déposée au mois de mars, elles demandent au conseil d'administration de publier un rapport mettant la lumière sur "l'efficacité des politiques, des pratiques et des indicateurs de performance de Citigroup dans le respect des normes de droits de l'homme internationalement reconnues pour les peuples indigènes".
Plus précisément, les Sœurs de St. Joseph de la Paix accusent Citigroup d'avoir financé, à hauteur de 5 milliards de dollars, des activités controversées d'Enbridge, une société pétrolière américaine. Enbridge est dans le viseur depuis plusieurs années d'associations et citoyens américains et canadiens. Sœur Susan Francois, trésorière de la congrégation que BFM Business a contactée, détaille ses griefs: "Enbridge est responsable de centaines de déversements d'hydrocarbures dans les communautés locales".
En effet, en 2011, les pipelines d'Enbridge ont déversé du pétrole à Terrebonne, au Canada. Sauf qu'à cette époque, la compagnie n'a jamais contacté l'administration municipale pour l'en avertir. La municipalité en a été avertie deux ans plus tard. Bref, un désastre écologique qui ne passe pas.
"Utiliser notre pouvoir écologique"
"Enbridge opère également de manière illégale sur des terres indigènes, il a violé des permis, causé des dommages environnementaux incalculables. Et rien de tout cela ne se serait produit sans le financement de Citigroup", ajoute Sœur Susan Francois. Dans la résolution déposée, les nonnes soulignent que deux pipelines gérés par Enbridge, les "lignes 3 et 5", traversent la région des Grands Lacs, ce que les communautés locales qualifient "d'action de génocide culturel".
Selon le Financial Times, Citigroup réfute toutes les accusations. La banque a d'ailleurs exhorté ses actionnaires à voter contre cette résolution, l'assemblée générale se tenant le 25 avril. Mais les nonnes ont de quoi espérer: l'année dernière, une résolution similaire à celle qu'elles ont déposée, avait été votée par un tiers des actionnaires. Sœur Susan François s'est d'ailleurs targuée: "les Sœurs sont très persistantes et nous reviendrons jusqu'à ce que nous sachions que nous sommes sur la bonne voie en tant qu'actionnaires. (...) Le pape François a appelé l'Église à entendre l'appel de la Terre et l'appel des pauvres et d'utiliser notre pouvoir écologique pour faire la différence". Citigroup, que BFM Business a contacté, n'a pas répondu aux sollicitations.
Charlotte Gaire pour BFM Bourse