(BFM Bourse) - Les spécialistes de marché ont identifié les secteurs qui vont bénéficier du programme porté par le nouveau gouvernement travailliste tout juste élu au Royaume-Uni.
Quelques jours avant la France, le Royaume-Uni a découvert le nouveau visage de son Parlement. Le parti travailliste (Labour) a obtenu une large majorité à l'issue des élections législatives, pour lesquelles les Britanniques ont été appelés à voter jeudi 4 juillet.
Selon les résultats quasi-complets dévoilés par l'AFP, le Labour a décroché 412 sièges, bien au-delà du seuil des 326 pour obtenir la majorité absolue à la Chambre des Communes. Pour la première fois depuis 2010, le Labour va donc diriger le pays mettant ainsi un terme à 14 années de gouvernements successifs dirigés par le parti conservateur.
Pour la société de gestion Janus Henderson,"cette victoire apporte un sentiment de stabilité politique, une volonté de redynamiser l'économie et d'assouplir les barrières commerciales avec l'Union européenne (UE)".
La victoire du parti travailliste devrait donc, selon Janus Henderson, minimiser l’influence de la politique sur le marché des actions britanniques. Les gérants Laura Foll et Andrew Jones rappellent à ce titre que les actions britanniques se sont dépréciées par rapport à leurs homologues étrangères depuis le vote du Brexit en 2016, en raison de l'incertitude politique.
Selon la société de gestion, les investisseurs ont toute la latitude pour se "recentrer sur les caractéristiques positives de nombreuses entreprises cotées en Bourse au Royaume-Uni"
Réduire les barrières commerciales avec l'UE
La question d'un retour du Royaume-Uni au sein d'Union européenne a été quasi-absente d'une campagne 2024 qui était fortement dominée par les préoccupations sur le pouvoir d'achat ou sur le système public de santé.
Le chef du parti travailliste Keir Starmer, désormais Premier Ministre, avait exclu de réintégrer le marché unique et l'union douanière, estimant qu'une telle décision entraînerait des "bouleversements". Pour autant, il a déclaré vouloir améliorer les relations avec l'Union européenne "dans les domaines du commerce, de la recherche et du développement, de la défense et de la sécurité, ainsi que de l'éducation", relate The Guardian.
Janus Handerson rappelle également que le parti travailliste avait clairement mis l'accent sur la relance de la croissance économique du Royaume-Uni, afin de "boucler la boucle" en améliorant le financement des services publics tout en restant dans les limites de ses engagements en matière d'emprunt.
Selon la société de gestion, une croissance économique plus forte au Royaume-Uni serait "clairement positive" pour les actions qui sont fortement exposées au marché domestique car elle créerait un potentiel de croissance des ventes et des résultats.
Les petites et moyennes capitalisations traditionnellement exposées à leur marché domestique sont "anormalement bon marché" pour UBS et "bénéficient de l'appréciation de la livre sterling".
"Alors que les réformes de l'offre proposées par les travaillistes prendront probablement du temps pour avoir un impact sur l'économie, il se pourrait que le nouveau gouvernement hérite déjà d'une meilleure toile de fond nationale, l'économie britannique étant déjà sortie de la récession limitée qu'elle a connue au second semestre 2023", poursuit Janus Handerson.
Une reconstruction du Royaume-Uni
La société de gestion rappelle aussi que le logement semble l'un des premiers chantiers prioritaires du nouveau gouvernement, en particulier la volonté d'augmenter le nombre de logements construits chaque année.
UBS rappelle dans une note publiée ce vendredi que les travaillistes ont fixé un objectif de 1,5 million de logements sur cinq ans (contre 1,05 million au cours des cinq dernières années).
"D'ores et déjà, les principaux indicateurs de l'immobilier impliquent une augmentation d'environ 5% des prix, que les constructeurs de logements prennent en compte avec un rapport cours/bénéfice juste en dessous des niveaux normaux", rapporte la banque suisse.
Parmi les grands gagnants, les entreprises de matériaux de construction, qui pourraient bénéficier d'une reprise significative de la demande, ce qui se répercuterait sur les bénéfices, avance pour sa part Janus Handerson.
Dans cette configuration, la banque UBS est acheteuse du promoteur immobilier Taylor Wimpey et du constructeur de maisons Bellway. Le bureau d'études suisse pense aussi aux fabricants de briques, qui peuvent également bénéficier d'une offre accrue de logements et cite le groupe Ibstock.
UBS estime que le commerce de détail britannique pourrait profiter de l'arrivée des travaillistes au pouvoir. "La croissance des salaires réels pourrait s'accélérer encore plus sous un gouvernement travailliste (et la livre sterling pourrait être plus forte). Ces deux éléments contribuent à soutenir ce qui semble déjà être une histoire convaincante", avance la banque suisse.
UBS identifie les titres Kingfisher, le propriétaire britannique des enseignes Castorama et Brico Dépôt, et l'enseigne à bas prix B&M, si les travaillistes procédaient à une "forte augmentation du salaire minimum" et adoptaient des mesures de soutien pour les travailleurs de la "gig economy" qui signifie littéralement "l’économie des petits boulots".