par Diana Mandia
(Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en baisse mardi, l'enthousiasme pour l'intelligence artificielle s'étant refroidi alors que les valorisations élevées du secteur suscitent des doutes et éloignent les investisseurs du risque.
À Paris, le CAC 40 a perdu 0,52% à 8.067,53 points. À Francfort, le Dax a reculé de 0,76% et à Londres, seule exception parmi les grandes Bourses, le FTSE 100 a grappillé 0,14%.
L'indice EuroStoxx 50 a fini sur une baisse de 0,34%, le FTSEurofirst 300 a perdu 0,22% et le Stoxx 600 a reculé de 0,30%.
Les Bourses européennes ont plongé mardi dans le rouge, les marchés se montrant de plus en plus préoccupés par la possibilité d'une bulle liée à l'intelligence artificielle (IA) après un rallye fulgurant qui a conduit les indices à atteindre des records consécutifs ces dernières semaines.
L'augmentation des dépenses dans ce secteur en plein essor, qui a fait l'objet d'une série d'annonces récentes de la part d'acteurs clés tels que Nvidia ou OpenAI, soulève des questions dans un contexte de valorisations extrêmement élevées, les investisseurs se demandant désormais si les rendements seront à la hauteur des efforts.
Les dirigeants de deux des plus importantes banques américaines, Goldman Sachs et Morgan Stanley, ont pour leur part mis en garde mardi contre la perspective d'une correction boursière au cours des deux prochaines années et alors que le rallye des indices réveille le souvenir de la crise des "dot-com" dans les années 2000.
Le titre Palantir, dont la capitalisation a plus que doublé cette année, illustre bien ce scepticisme croissant envers l'IA. Malgré la publication lundi soir de prévisions d'un chiffre d'affaires trimestriel supérieur aux attentes, le groupe technologique américain perd 6,89% à New York, entraînant dans son sillage les géants de la technologie.
En Europe, le compartiment technologique du Stoxx 600 a perdu 0,99% mardi.
Le moral des investisseurs reste par ailleurs affecté par l'approche "restrictive" adoptée jeudi dernier par le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, suivie par les commentaires d'autres responsables cette semaine, concernant l'évolution appropriée des taux d'intérêt de la banque centrale américaine, un point qui suscite de grandes divergences.
"Je ne me souviens pas, depuis toutes ces années que j'observe ces marchés, d'une division aussi importante entre les responsables politiques de la Fed sur les perspectives politiques", note Shaun Osborne, stratège chez Scotiabank.
L'absence d'indicateurs macroéoconomiques officiels aux Etats-Unis pour cause de "shutdown", qui est entré mardi dans son 35ème jour, pèse également. En l'absence de données plus fiables, les investisseurs analyseront mercredi les chiffres publiés par le cabinet privé ADP afin de se faire une idée de la santé du marché du travail américain.
VALEURS
La saison des résultats des entreprises se poursuit et a également pesé sur les Bourses européennes.
Edenred a reculé de 8,58% pour finir lanterne rouge du CAC 40, les objectifs financiers du spécialiste des titres-restaurant à moyen-terme, dévoilés à l'occasion d'une journée des marchés financiers, n'ayant pas convaincu les investisseurs.
Le géant du luxe Hermès a perdu 1,51% après que Barclays a abaissé da recommandation à "pondération en ligne" contre "surpondérer", invoquant un manque de catalyseurs à court terme.
Coface, qui a publié ses résultats lundi soir, a reculé de 4,99%.
Ailleurs en Europe, Associated British Foods, le propriétaire de Primark, a reculé de 2,98% après avoir dit envisager la scission du groupe.
Telefonica a plongé de plus de 13%, l'opérateur télécoms espagnol ayant annoncé une réduction du dividende dans son plan stratégique.
Le groupe de mode allemand Hugo Boss, qui a fait état mardi d'un chiffre d'affaires trimestriel inférieure aux attentes, a fini sur une baisse de 2,30%.
A WALL STREET
A l'heure de la clôture en Europe, le Dow Jones perd 0,42%, le Standard & Poor's 500 cède 0,76% et le Nasdaq Composite abandonne 1,23%.
Tesla recule de 3,38%, le fonds souverain norvégien ayant annoncémardi son intention de s'opposer au gigantesque projet de rémunération d'Elon Musk lors de l'assemblée générale annuelle du constructeur automobile, prévue jeudi.
LES INDICATEURS DU JOUR
Le déficit du budget de l'Etat français s'est établi à 155,4 milliards d'euros fin septembre, selon les données publiées mardi par le ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.
CHANGES
L'aversion au risque a propulsé mardi le dollar, valeur refuge, à son plus haut niveau depuis quatre mois, le billet vert gagnant 0,21% face à un panier de devises de référence.
"Malgré tous les articles consacrés à la 'mort du dollar', celui-ci reste le meilleur refuge aux yeux des acteurs du marché", a déclaré Michael Brown, analyste chez Pepperstone.
L'euro perd à son tour 0,23% à 1,1492 dollar.
La livre sterling perd 0,72% face au dollar, après les commentaires de la ministre britannique des Finances concernant ses annonces à venir sur le budget.
TAUX
Les rendements obligataires ont légèrement baissé dans la zone euro mardi dans un contexte général d'aversion au risque, et alors qu'ils avaient progressé la veille en raison de la réduction des anticipations de nouvelles baisses de taux par la Banque centrale européenne (BCE).
Le rendement du Bund allemand à dix ans a perdu 1,2 point de base à 2,6508%. Le deux ans a cédé 1 point de base à 1,9947%.
Au Royaume-Uni, les rendements souverains ont également reculé, sous l'effet des déclarations de la ministre des Finances, Rachel Reeves, concernant le budget 2026, qu'elle présentera le 26 novembre prochain. La décision de la Banque d'Angleterre (BoE) en matière de politique monétaire est prévue pour jeudi et, même si les économistes anticipent un statu quo, une surprise n'est pas à exclure.
Le rendement du Gilt à dix ans a baissé de 2,4 points de base à 4,414%, après avoir perdu jusqu'à six points pour tomber à 4,379% plus tôt en séance.
Les rendements des bons du Trésor américain baissent également avec les inquiétudes liées aux valorisations élevées des actions.
PÉTROLE
Les prix du pétrole reculent sous l'effet de la faiblesse des données manufacturières américains publiées lundi et du raffermissement du dollar, alors que les investisseurs continuent d'évaluer la décision de l'Opep+ de ne pas relever sa production au premier trimestre 2026.
Le Brent perd 0,62% à 64,49 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) recule de 0,66% à 60,65 dollars.
A SUIVRE LE 5 NOVEMBRE:
(Certaines données peuvent accuser un léger décalage)
(Rédigé par Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)
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