(Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a de nouveau laissé jeudi ses taux directeurs inchangés à 2%, comme prévu, et n'a donné aucune indication sur ses futures décisions, profitant d'une période de faible inflation et de croissance stable, malgré les turbulences commerciales.
Voici les principales déclarations de Christine Lagarde, présidente de la BCE, lors de la conférence de presse qui a suivi la décision de politique monétaire de l'institution.
SUR LES RISQUES LIÉS À LA CROISSANCE ET À L'INFLATION
"La dernière fois, en septembre, j'ai déclaré que les risques pesant sur la croissance étaient plus équilibrés et que leur amplitude s'était réduite. Je pense que cette fois-ci, nous reconnaissons que certains des risques pesant sur la croissance se sont atténués et nous avons spécifiquement mentionné ces trois éléments (l'accord commercial entre l'UE et les États-Unis, le cessez-le-feu au Moyen-Orient et les progrès dans les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine)".
"Je ne tirerais pas nécessairement la même conclusion pour l'inflation - je pense que sur ce front, le tableau est plus équilibré."
"Une augmentation des dépenses de défense et d'infrastructure pourrait également faire grimper l'inflation à moyen terme."
PERSPECTIVES D'INFLATION
"Les indicateurs d'inflation sous-jacente restent conformes à notre objectif à moyen terme de 2%... La plupart des mesures des anticipations d'inflation à long terme continuent de se situer autour de 2%, ce qui soutient la stabilisation de l'inflation autour de notre objectif."
"Les perspectives d'inflation restent plus incertaines que d'habitude en raison de la volatilité persistante de l'environnement commercial mondial."
RISQUES POUR LA CROISSANCE
"L'accord commercial conclu cet été entre l'UE et les États-Unis, le cessez-le-feu récemment annoncé au Moyen-Orient et l'annonce faite aujourd'hui de progrès dans les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine ont atténué certains des risques pesant sur la croissance économique."
"Dans le même temps, la volatilité persistante de l'environnement commercial mondial pourrait perturber les chaînes d'approvisionnement, freiner davantage les exportations et peser sur la consommation et l'investissement."
SUR L'IMPACT DES DROITS DE DOUANE
"L'environnement mondial devrait rester défavorable. Les exportations de biens ont diminué de mars à août, inversant la tendance antérieure à l'anticipation des échanges internationaux avant les récentes hausses des droits de douane, et les nouvelles commandes à l'exportation dans le secteur manufacturier laissent présager de nouvelles baisses."
"L'impact total de la hausse des droits de douane sur les exportations et les investissements manufacturiers de la zone euro ne sera visible qu'avec le temps."
"L'industrie manufacturière a été freinée par la hausse des droits de douane, l'incertitude toujours élevée et le renforcement de l'euro."
SUR LES CHAÎNES D'APPROVISIONNEMENT
"Un risque qui ne s'est pas encore concrétisé et qui pourrait constituer un risque à la hausse... est celui qui résulterait d'éventuels goulets d'étranglement et de perturbations dans la chaîne d'approvisionnement."
"Nous ne savons pas encore exactement quelle sera l'issue des discussions entre les autorités américaines et chinoises en ce qui concerne les terres rares en particulier, qui, comme vous le savez, constituent un segment très important des chaînes d'approvisionnement."
SUR LA TRANSMISSION DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE
"Tout ce que nous observons en matière de transmission nous amène à penser que celle-ci est efficace et très ponctuelle. Et les chiffres que nous voyons en termes de taux d'intérêt appliqués aux entreprises et aux prêts hypothécaires nous amènent à penser que la transmission n'est pas du tout compromise, mais qu'elle fonctionne bien."
SUR L'EURO NUMÉRIQUE
"Le Conseil des gouverneurs a décidé aujourd'hui de passer à la phase suivante du projet d'euro numérique."
"Cela permettra de garantir la préparation technique en vue d'une éventuelle émission et de soutenir la souveraineté numérique de l'Europe une fois la législation adoptée."
"Pour moi, le point essentiel est que la monnaie est un bien public. Les banques centrales sont les gardiennes de ce bien public, et la monnaie émise par les banques centrales doit avoir une forme numérique, car nous entrons dans une ère différente où tout le monde ne voudra pas nécessairement avoir des billets de banque."
SUR L'ADOPTION DE L'IA PAR LES ENTREPRISES
"Il s'agit d'un processus, et son impact sur l'emploi prendra probablement du temps, et nous serons très attentifs à ces évolutions. Il y aura des créations d'emplois, il y aura des suppressions d'emplois."
"Quel sera exactement l'impact sur nos économies ? Cela dépendra des secteurs, de l'âge des travailleurs, de leur formation, du niveau d'éducation de la main-d'oeuvre en Europe, qui est généralement assez élevé, je pense, mais nous serons attentifs à ces évolutions."
SUR LES COÛTS DE MAIN-D'OEUVRE
"Alors que les bénéfices des entreprises se redressent, les coûts de main-d'oeuvre devraient continuer à modérer en raison de la hausse de la productivité et du ralentissement de la croissance des salaires".
(Compilé par Reuters, version française Diana Mandiá, édité par Augustin Turpin)
Copyright © 2025 Thomson Reuters